Depuis la génération précédente, les consoles aiment s’entourer de nombreux titres lorsqu’ elles se présentent au grand public. Moins timides auparavant, les machines sortaient au grand jour avec seulement une poignée de jeux disponibles au lancement. Tel fut le cas de la Super Famicom qui arriva dans les magasins japonais avec un hit sous chaque bras : le sensationnel Super Mario World et le fabuleux F-Zero. Le premier mérite du second nommé est d’exister aux côtés de ce qui deviendra l’un des meilleurs, si pas le meilleur jeu de plateformes de tous les temps. Pourtant, tous ceux qui ont suivi le lancement de la Super Nintendo au Japon se souviennent évidemment de l’émoi que suscitèrent ces courses du futur.

Plus folle que la formule 1, la F-Zero est une compétition acharnée dans laquelle s’affrontent des véhicules munis d’aéroglisseurs. Ces bolides qui lévitent à quelques centimètres du sol foncent à toute allure sur des circuits déjantés où les tremplins succèdent aux chicanes ultra-serrées. Des trajectoires originales à négocier parfaitement pour ne pas frotter contre la rambarde électrifiée qui épuise l’énergie du véhicule jusqu’à sa destruction.

Boum ! L’explosion de votre engin claque et fait tourner l’écran autour de l’épave. Le joueur mal informé admire son infortune en se disant que sa nouvelle Super Nintendo gère à merveille la 3D. Erreur, l’effet de profondeur saisissant est produit par un trompe-l’œil du magicien Nintendo : le mode 7. Ce procédé ingénieux fait de rotation et de zoom simule une représentation en trois dimensions et sublime l’impression de vitesse. L’animation est remarquable et justifie pleinement le choix de graphismes simples mais stylisés. F-Zero, ca va vite à l’écran et ça déménage dans les haut-parleurs. Dès ce premier jeu, la série adopte une ambiance détonante avec des musiques qui balancent et des bruitages violents.

Outre le choc technique, l’innovation réside aussi dans la jouabilité à la fois flottante et précise. Les voitures ne collant pas à la route, elles ont un comportement atypique qui se ressent dans la manette ; on les sent planer dans une voltige nerveuse qui nécessite une attention permanente. Au fil des cinq tours réglementaires, vous devrez manier ces monstres véloces de manière coulée et sauter parfois sur les aéroglisseurs pour resserrer votre courbe. Mais ne considérez pas trop le pilotage comme un art, car la compétition est plutôt brutale entre les concurrents. Il suffit d’ailleurs de voir la dégaine des quatre personnages jouables pour comprendre qu’ils ne sont pas là pour faire des cadeaux.

Dans le peloton de F-Zero, ça se chamaille, ça se tamponne et ça ferme la porte dans des courses toujours plus dangereuses. Ainsi, vos principaux adversaires vous barreront souvent le chemin et vous enverront carrément valser dans les balustrades pour vous retarder et, idéalement, vous éliminer. Ne vous laissez pas faire, évitez les retardataires maladroits et, surtout, ne ratez pas les zones de rechargement pour réparer votre bouclier. Vous rattraperez le peu de temps perdu à cette occasion en utilisant à bon escient le turbo accordé au début de chaque tour. Vous vous servirez aussi des flèches d’accélération jonchant le sol pour doubler les autres participants et finir obligatoirement dans les trois premières places. Parvenez-y sur les cinq circuits et vous aurez terminé le championnat auquel vous participez.

Plus ou moins faciles à remporter selon le niveau de difficulté, les trois coupes de cinq pistes assurent une durée de vie respectable. Et si vous en voulez encore, vous pourrez toujours battre vos meilleurs temps en solitaire. Déjà intéressant en 1991, le rapport qualité/prix bat maintenant tous les records. En effet, si nous vous parlons aujourd’hui de ce titre du deuxième millénaire, c’est pour annoncer sa disponibilité sur la Console virtuelle de la Wii U, au prix de… 30 cents ! Un tarif dérisoire que Nintendo nous propose durant tout un mois. À ce prix-là, on ne réfléchira pas bien longtemps avant de télécharger ce classique du genre, premier volet d’une série qui pourrait bien revenir en grande pompe dans un tout nouvel épisode. Oh ! Nintendo, entends nos prières !