Game Play U ?

Pour répondre à la question que tout le monde se pose : le Game Pad ne sert à rien. Imaginez que vous tenez une manette traditionnelle, et hop, vous voilà projeté dans la réalité de l’expérience de jeu. J’approfondirai ce point un peu plus tard. Cet épisode met l’accent sur la culture 2D rétro de Mario Bros. Présenté dans un monde en deux dimensions, il ne nie en rien ses origines. Vous incarnez Mario Bros, votre quête consiste, à l’instar de Super Mario Bros 3, à parcourir une carte truffée de niveaux pour libérer l’accès vers les suivants. La map est divisée en  « mondes », chacun ponctué par une épreuve de type  « château bien gardé par un boss ». La trame suit le schéma on ne peut plus classique de la licence et pourtant, le jeu parvient à nous enchanter sur pas mal de points. Outre un level design d’une qualité jamais atteinte dans un Mario, la prise en main révèle un réel retour aux sources.  Les objets magiques tantôt old-school, tantôt récents,  vous transforment et ajoutent du piment au gameplay. Vous portez la combinaison de l’écureuil pour vous accrocher aux surfaces verticales et la fleur bleue vous métamorphose en espèce de Mario-Sub-Zero qui envoie, au lieu d’une petite boule de feu,  des boules de glace isolant l’ennemi dans un bloc gelé, … Ces items intriguent depuis toujours et une fois encore, ils font honneur à leur réputation. Vous pourrez aussi vous emparer des anciens bonus étoiles, bloc Power et surtout l’œuf de Yoshi. Son retour aux affaires depuis New Super Mario Bros sur Wii ravive notre boîte à souvenirs et  s’en montre digne. Bref, la panoplie rituelle du plombier ne déroge pas à ses bonnes habitudes et on adore.
La maniabilité elle aussi a subi un léger lifting. Classique avant tout, elle s’inspire de Super Mario World. Des sauts millimétrés, deux types de course et une appréhension patiente de l’environnement souvent mouvant, telles sont les clés du plaisir fourni par cette excellente version.

Les mondes et niveaux sont nombreux et variés. Le premier monde, Prairie du Grand Chêne, vous familiarise avec les fonctions basiques du jeu. Le second, Dune de miel, vous invite dans un décor saharien où tempêtes et sols mouvants viennent corser votre avancée. Ensuite, Mentalo et Le Mont Sorbet vous emmèneront dans des contextes à leur tour aquatiques ou montagneux. Je ne dévoilerai pas davantage le reste de l’aventure et les fruits de vos victoires, pour préserver intacts votre engouement et votre curiosité, mais ils sont eux aussi, fidèles aux classiques d’antan, tout en rafraîchissant adroitement les défis et friandises périphériques.
Les développeurs ont accentué l’interactivité avec la carte-menu. Vous voyagerez toujours sur celle-ci d’un niveau à l’autre,  mais vous devrez parfois être attentif à vos déplacements pour éviter les pièges. Dorénavant, le joueur peut stocker jusqu’à 10 objets, récompenses pour différentes missions annexes ou bonus intra-niveaux. Il est dès lors loisible d’utiliser un ou plusieurs de ces items avant d’aborder un niveau. C’est très utile et cela rend les tâches annexes plus excitantes et sensées. Les épreuves supplémentaires en question sont variées et amusantes, tout en restant fidèles à l’esprit candide et efficace de Nintendo. Un nouveau personnage, Carottin, vient lui aussi pimenter le contexte succursale de votre quête. Ce petit voleur se réfugie dans des niveaux que vous avez déjà domptés, afin d’échapper au justicier Mario. Libre à vous de le poursuivre afin de rendre le bien au personnage spolié. Vous serez évidemment récompensé pour ces actes de bravoure.
Les vies se gagnent donc aisément, les objets s’amassent et tout semble faciliter encore plus l’expérience. Pourtant, il n’en est rien. La difficulté est bien dosée, certains tableaux vous arracheront les cheveux et toutes ces aides seront rapidement les bienvenues.  Or, jamais les échecs ne frustrent. On voit rapidement ce qu’il faut faire ; tout est question de patience et de dextérité. Vous l’aurez compris, l’aventure respecte la tradition 2D et ne révolutionne pas l’œuvre de Miyamoto. Néanmoins, ce gameplay top niveau fait de ce Mario, le plus authentique et le plus abouti de la saga.

La cerise sur le gâteau vient des modes Bonus, hors quête. Vous aurez le choix entre les contre-la-montre, Pièces, 1 UP, Divers et Coups de Pouce. Par exemple, le premier vous invite à achever des niveaux dans un temps record. Lorsque vous réalisez une performance remarquable, la vidéo est enregistrée, et je suppose, visible en ligne. Il va sans dire que cette option ravira les Youtubers hyperactifs qui partagent  volontiers leurs meilleures prestations sur les anciens tableaux.
Dans le mode Pièces, vous devrez en ramasser un maximum et dans 1 UP, il sera question de rebondir un certain nombre de fois sur des ennemis sans toucher le sol,… Ces modes proposent tous les défis que les gamers ont cultivés depuis des années et c’est un vrai régal.

Et la révolution de ce Game pad ?

La Wii U ne sera vraisemblablement pas la machine la plus puissante de l’histoire et son atout premier est cet outil, alliage entre une tablette et un pad. Ce Mario U, vitrine et fer de lance de son support, n’en fait rien, ou presque rien. Il est à peine mis à contribution dans le mode multi-joueurs, où un partenaire peut l’utiliser pour aider son acolyte. Touchez l’écran et interagissez avec l’environnement, déposez un bloc par-ci, un bloc par-là… Si de surcroit, d’autres joueurs se joignent à vous, cette coopération se transforme en purée de pixels horripilante. Vous vous amuserez à l’occasion avec vos potes mais en aucun cas, cette aide ne s’avérera salvatrice. Dommage, l’hommage à l’anthologie du titre a beau réjouir, la révolution sensée accompagner la nouvelle console, où est-elle ?

C’est beau comment ce Mario ?

Les décors sont somptueux. La haute définition met en valeur des sprites lisses et grands, différents niveaux de profondeur dessinent l’horizon, des couleurs pastel épousent l’étincellement des zones plus criardes, … New Super Mario Bros.U offre une fresque vivante. Cependant, est-il meilleur que ce que la génération de consoles actuelle nous propose ? Certes, c’est très joli mais en 2012, pour une machine qui va nous occuper pendant les six années à venir, je m’interroge. Mario en HD avec un bon level design, ça déchire, mais par rapport aux jeux récents, on est juste flattés. De plus, les premiers niveaux offrent une finesse inférieure à certains passages des stages ultérieurs. Cette irrégularité dessert aussi la copie finale.
En ce qui concerne l’environnement sonore, les musiques s’inspirent des thèmes classiques précédents, sans les transcender. Quelques notes tentent de relever la sauce mais au final, le résultat est simplement bon. Pour conclure, techniquement, ce Mario U excelle de façon irrégulière et ne répond pas entièrement aux promesses d’une nouvelle machine de Nintendo.

La conclusion subjective de VEGA

New Super Mario Bros. U offre probablement le meilleur Mario de l’histoire. Fondamentalement inspiré par son aîné sur Super Nintendo, Super Mario World, il réunit toutes les qualités des épisodes 2D pour les sublimer. Esthétiquement très réussi, il offre un level design qui se met au service d’une maniabilité parfaite. Le classique mixé avec l’expérience fera assurément recette. Néanmoins, les exigences de 1992 sont dépassées, et l’enthousiasme à l’époque porté à son paroxysme, est aujourd’hui modéré. Ce énième remix de l’enlèvement de la Princesse Peach commence à tourner en rond. La bonne nouvelle est que Nintendo offre à la nouvelle génération de joueurs un superbe titre pour se faire les phalanges, dans un univers ingénu et libéré de toute violence. Il ravira probablement les nostalgiques inconditionnels du Royaume des champignons, mais en termes de nouveauté et d’originalité, rien n’enchantera personne. Mario est en train de devenir une valeur refuge, à l’image d’un Mickey Mouse usé, dont on sait qu’il fera toujours recette, en se contentant de le maintenir au goût du jour, sans jamais rien anticiper. Mario, l’Empereur du jeu vidéo est LA référence. Dans notre société instable et aux abois, n’oublions pas que même si l’inventivité ne rassure pas, elle a au moins la vertu de nous faire rêver. A bon entendeur…

Vega