
Death Stranding 2 – On The Beach
Kojima Productions nous gratifie d’une suite à son premier Death Stranding qui aura eu le mérite de diviser les joueurs. Les plus railleurs le qualifiaient de « Fedex simulator », s’arrêtant à l’aspect le plus visible du jeu, à savoir que le personnage devait convoyer de la marchandise d’un point à un autre au prix d’une longue marche à travers des décors rocailleux, apocalyptiques et ravagés par les soubresauts d’une extinction qui menace l’Humanité. Oubliant le héros bombant le torse et fort de capacités surhumaines, le jeu proposait un protagoniste courbant plutôt l’échine sous le poids de son chargement et surtout de sa mission de liaison du continent américain. L’extension du réseau chiral se poursuit avec ce nouvel épisode que je vais tenter de vous présenter. En effet, le trou du terrier du lapin blanc est plutôt profond et de nombreuses surprises attendront les joueurs les plus assidus, ce qui ne me permettra pas de vous donner un avis définitif dans un délai raisonnable, tant le jeu regorge de choses à découvrir.




Life is a « Beach »
Ce qui est sûr, c’est que le titre porte la marque de son créateur, Hideo Kojima. Que l’on soit fan de son travail ou non, la trace laissée par un jeu comme Metal Gear Solid prouve simplement qu’il aime expérimenter et maltraiter les codes à travers l’interaction que les joueurs auront avec son jeu. Beaucoup de mécaniques de jeu vous seront largement expliquées, tandis que beaucoup d’autres éléments de gameplay passeront inaperçus. L’univers du jeu est complexe et dense, mais si vous désirez malgré tout vous lancer dans ce nouvel épisode sans avoir joué au précédent, sachez qu’une base de données de tout ce que vous devriez savoir est accessible à tout moment et se met spécifiquement à jour au fur et à mesure que vous êtes confronté à un élément important de l’histoire. Si mon avis vous intéresse cependant, prenez le temps de découvrir le premier jeu avant de vous lancer dans l’aventure. Vous y découvrirez l’importance du lien (Strand en anglais) que vous étendrez, pas seulement sur la carte du jeu mais aussi avec d’autres joueurs. Pour ce qui est du scénario, je resterai volontairement vague, par souci de ne pas vous gâcher la découverte ou tout simplement parce qu’il y a tant de choses à dire que je ne pourrais pas vous raconter cela de façon condensée.
L’Humanité est au bord de l’extinction depuis qu’une curieuse liaison s’est ouverte avec le monde des morts. Ceux-ci reviennent sous forme d’échoués qui, au contact de la vie, provoquent une néantisation, une explosion destructrice digne d’Hoppenheimer. Ce phénomène peut d’ailleurs être mis en parallèle avec les théories en physique appliquée sur l’anti-matière. La société s’est effondrée et l’enjeu est désormais de comprendre le phénomène afin d’éviter de finir comme les dinosaures des millions d’années avant nous. Si vous voulez comprendre pourquoi le héros se balade avec un bébé relié à un cordon ombilical (encore un lien), ce qu’est un réseau chiral ou ce qu’implique pour Sam d’être porteur du DOOMS, vous savez ce qu’il vous reste à faire : enfilez vos meilleures bottines, resserrez les sangles de votre sac à dos et préparez-vous à un long voyage où parfois le plus important n’est pas forcément la destination mais bien le trajet que vous emprunterez.




Un « lien » vaut mieux que deux « tu l’auras »
Vos actions, vos trajets et vos constructions auront un impact sur le territoire que vous traverserez. Un chemin souvent emprunté deviendra une route. Placer des constructions, comme un pont ou un abri, à des endroits stratégiques vous facilitera le travail. Au fil de l’aventure, vous pourrez rendre service à différents postes qui nécessitent des objets ou des matériaux. Selon la qualité ou l’état général de la livraison, vous recevrez une appréciation en Like, comme un influenceur reçoit des pouces levés. Les liens que vous forgerez au fur et à mesure avec les différents points de livraison vous octroieront la plupart du temps des bonus anecdotiques, mais si vous prenez le temps d’améliorer vos relations, vous serez largement récompensé par du matériel avancé ou même des capacités à l’image du Pizzaïolo qui vous apprendra des techniques de combat. Plus le réseau s’étendra, plus vous découvrirez qu’il s’étend même dans la vraie vie. Il vous arrivera de tomber sur un abri laissé par un autre Sam, de suivre les traces de pas au sol d’un autre joueur passé par là ou même de récupérer de la marchandise perdue par un malchanceux avant vous. De fil en aiguille, vous pourrez vous-même laisser de la marchandise sur le réseau qui pourrait bénéficier à quelqu’un IRL, ou avoir la satisfaction d’être récompensé par des Likes laissés par ceux qui auraient emprunté le pont que vous avez construit pour passer cette rivière si embêtante.
Je ne viens que de gratter la surface, cependant. Vous aurez autant à gérer votre paquetage et son poids que l’équilibre de Sam sur des surfaces irrégulières. Les intempéries ou vos chutes endommageront votre matériel mais il y a pire. Certaines zones sont peuplées d’échoués qu’il vous faudra éviter ou éliminer sous peine de provoquer une néantisation. Ce ne sera pas pour autant pas un game over, le lien du personnage avec la Grève lui permet de revenir d’entre les morts. Vous constaterez alors l’immense cratère laissé par le phénomène à l’endroit de votre mort, mais qui aura rasé tout ce que vous auriez pu y faire ou construire. Très vite, plus rapidement que dans le premier épisode, vous aurez aussi à vous frotter à d’autres humains dont le pillage est une première nature. C’est d’ailleurs un sentiment général pour ce nouvel opus, l’action et l’angoisse s’invitent plus vite et plus fréquemment. Inévitablement, d’autres ennemis et factions plus puissantes s’inviteront à la fête, avec un retour remarqué de Higgs, l’impitoyable Némésis de Sam qui emprunte de plus en plus un chemin chaotique et arbore désormais un look digne d’un chanteur de Death Metal, guitare en guise d’arme comprise.





Ce qui me permet de basculer sur le casting de ce jeu, digne d’une affiche de film. Norman Reedus reprend son rôle de Sam, Léa Seydoux incarne de nouveau Fragile, Benicio Del Toro revient en tant que Deadman et Troy « Joker-Indiana Jones-Joel Miller-Loki » Baker joue toujours Higgs, pour citer les plus notables. Fait amusant, la plupart des personnages rencontrés portent des noms très révélateurs. Heartman souffre d’une maladie du cœur, Dollman est une poupée qui parle et Deadman est… Ce qui prête à sourire est en fait une force car, au final, il est plus simple de se situer et se souvenir de quelqu’un juste par sa caractéristique. C’est d’ailleurs plutôt habituel avec les personnages de Kojima, je ne dois pas vous expliquer de quoi est fan Revolver Ocelot dans Metal Gear Solid !
Cœur de Lou
Vous allez donc non seulement devoir livrer, mais aussi vous battre ou vous infiltrer. Vous devrez planifier et user d’astuces pour utiliser au mieux vos capacités et votre matériel. Vous aurez accès à différents véhicules ou armes et bénéficierez désormais du soutien du HMS Magellan, base mobile capable d’évoluer à travers les courants de poix (matière indissociable de la Grève et ses échoués). Vous ferez des pauses à jouer de l’harmonica ou à prendre un bain, alors que vous revenez d’un combat victorieux contre un énorme échoué qui vous en a fait bien baver. Petite remarque là-dessus, si vous venez à mourir trop souvent face à un boss, le jeu vous proposera de « prétendre avoir gagné » ou de relancer l’affrontement. Sûrement dans l’optique de ne pas frustrer le joueur ni de le bloquer dans l’accomplissement de sa mission générale : la connexion.






Lors d’une interview de Hideo Kojima, celui-ci décrivait d’ailleurs cet aspect comme un fil conducteur (un lien ?) autour de la création de son jeu. Avoir fédéré tant de gens et réussi à fournir cet épisode aux joueurs dans un contexte de collaboration. Le jeu est prenant et immersif, même plus que le précédent. Les possibilités de déplacement évoluent, telles que routes, véhicules motorisés, drones, monorails et même déplacement rapide avec le Magellan ou les sources d’eau chaude (oui, oui, baignez-vous, vous verrez !). Le jeu regorge d’événements que vous pourriez manquer : Dollman vous fait une démo de danse sur de la J-pop, vous connecter le jour de votre anniversaire déclenchera une cinématique et les personnages rencontrés vous le souhaiteront, certains cauchemars vous inquièteront, etc. Comme je l’ai dit au début, il y a ce que le jeu montre et qui est déjà assez considérable à appréhender, mais il y a aussi ce qui se passe en arrière-plan et qui oscille entre détail hilarant et mécanique importante de jeu. Je me vois donc obligé de botter en touche si vous voulez un avis définitif : je suis encore à l’heure actuelle en train de tester les capacités de la planche-cercueil comme moyen de transport de livraison, repoussant les missions principales pour gratter cette armure de walking simulator qui n’en est un que pour celui qui s’arrête aux premières minutes de jeu. Je vous laisse ici un extrait Twitch de la première heure où vous pourrez découvrir l’ambiance et les magnifiques graphismes qui vous attendent, le jeu étant en plus optimisé pour la Playstation pro. Ne vous fiez pas à ces premières images ni aux avis faciles, il y a bien plus à faire que juste livrer.
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