Mortal Kombat 1

Mortal Kombat 1

Après 4 ans de vie sur la génération précédente de consoles, la franchise la plus sanglante des jeux de combat se devait de proposer une nouvelle itération de ses kombats mortels. Street Fighter ayant déjà sauté le pas et Tekken devant lui aussi sortir un nouvel épisode sous peu, les fans de baston ont de quoi être aux anges cette année. L’annonce d’un reboot de l’univers de Netherrealm avait de quoi susciter beaucoup d’intérêt tant l’héritage de la série, qui s’étend sur un peu plus de 30 ans, proposait un substrat déjà très riche. Entre respect de la nostalgie et changement de paradigmes, intéressons-nous aux forces et aux faiblesses de cet opus. Avant de continuer plus avant, en tant que fan de la série, sachez que je risque de fermer les yeux sur certains aspects dérangeants tandis que je serai particulièrement critique sur d’autres. Les groupies peuvent se montrer parfois impitoyables ! De plus, le test a été réalisé sur la version PS5 d’un jeu qui sera amené à se mettre à jour puisqu’un kombat pack est déjà prévu. Ce sera d’ailleurs pour moi l’occasion de vous parler de son évolution à mesure de la sortie du contenu additionnel. Maintenant que ceci est réglé, continuons.

It has begun

Dès le premier teaser, Mortal Kombat 1 était présenté comme un reboot de la série dans une volonté de repartir sur des bases saines. Cependant, à l’image de cette propension à proposer une chose et son contraire (café décaféiné, passif-agressif, …), force est de constater que nous nous retrouvons bel et bien en présence d’une suite qui vient raccrocher ses wagons à Mortal Kombat 11. Ainsi, le mode Histoire est toujours présent, comme il l’a été depuis MK9, aux côtés d’un autre mode de jeu canonique : les Tours de personnages. En guise de nouveauté, le mode Invasion tentera de prendre le relais de la Krypte mais j’y reviendrai. N’oublions pas évidemment le multijoueur local ou en ligne dont la résurgence était évidente puisque nous parlons d’un jeu de combat. Un mode tutoriel très complet vous aidera à comprendre et pratiquer les mécaniques de jeu pour aboutir à des défis où vous pourrez essayer des kombos avancés pour chacun des personnages. Il faudra aussi composer avec différentes boutiques, donc différentes monnaies, que vous gagnerez en remportant des matchs ou en sortant la carte de banque.

La trame du mode Histoire aborde le point de vue de Liu Kang après sa victoire contre Kronika et son accession au statut de Dieu du feu. Alors héritier du pouvoir tout puissant du Sablier du Temps, il a entrepris de reforger le destin des différents kombattants afin de maintenir une certaine paix et se poser en divinité protectrice du Royaume Terre. L’Outre-Monde est désormais un royaume luxuriant où le Tournoi qui l’oppose aux champions de la Terre a toujours lieu. Si l’issue des combats est désormais beaucoup plus sportive que fatale, elle permet simplement de jauger les forces en présence. Ainsi, le joueur est amené à parcourir quinze chapitres qui lui permettront de découvrir la nouvelle version des personnages de la série. Certains bénéficient d’une refonte salutaire de leur background alors que d’autres ne changent quasiment pas. Le traitement est donc très inégal entre la très humoristique introduction de Johnny Cage ou encore Raiden comme élu du Royaume Terre et des kombattants comme Reiko, Ashrah ou Nitara qui passaient justement par là. Mais la véritable star de ce mode histoire n’est autre que Shang Tsung. Liu Kang s’étant acharné à l’éloigner de toute tentation de faire le mal, on le retrouve vendeur itinérant dans l’Outre-Monde à essayer de refourguer des remèdes miracles pour soigner tous les maux, y compris la redoutable peste tarkatane. Il va sans dire qu’un grain de sable va enrayer la machine et relancer Shang Tsung en quête de pouvoir et de plans machiavéliques.

Le mode Histoire se finit relativement vite mais est dans la droite lignée des épisodes précédents. Certaines scènes sont particulièrement spectaculaires aux côtés d’autres qui n’existent que pour introduire un personnage. Le tout est très réussi et aboutit à un quinzième chapitre qui vous laisse choisir votre kombattant pour un joyeux désordre apocalyptique à base de multivers temporel. J’en ai déjà dit bien assez, je vous laisserai découvrir par vous-même.

Round 1, fight !

Le background ayant été bel et bien chamboulé, le gameplay n’a pas subi autant de changements. Il sera toujours question d’avantage de coups, de pression, de punition et de kontres sur fond d’attaques hautes, moyennes et basses. Les kombattants disposent toujours d’une barre de super en trois segments qu’ils pourront consommer pour améliorer un coup spécial ou casser un kombo adverse. Le Fatal Blow fait lui aussi son retour, cette attaque dévastatrice que vous ne pourrez utiliser qu’une seule fois sur tout un kombat lorsque votre vie est trop entamée mais qui permet souvent de renverser l’issue de l’affrontement. Petite remarque cependant, cette attaque se lance assez difficilement car elle évoque les attaques de Injustice avec un certain flottement dans l’animation d’activation. Il est toujours possible de finir son adversaire avec une sanglante fatality ou une brutality. Même si certaines sont peu inspirées, elles ont le mérite d’être moins alambiquées et plus démonstratives.

Au niveau des réelles nouveautés, une parade haute fait son apparition et permet de renverser la pression d’un adversaire et lancer une contre-attaque. Le jonglage a encore été amélioré puisque désormais tous les personnages possèdent des coups launcher qui soulèvent l’adversaire ainsi que des kombos aériens qui permettent alors d’enchaîner au-dessus du plancher des vaches. Les personnages peuvent toujours débloquer des items de personnalisation qui ne seront cependant que cosmétiques. Les différentes boutiques regorgent d’ailleurs d’équipements ou de palettes de couleurs pour chouchouter votre kombattant favori. Chaque personnage possède un style distinctif et certains héros ont même des mécaniques qui leurs sont propres. Johnny Cage utilise une jauge de hype qui, une fois complète, lui permet de lancer ses coups spéciaux bien plus efficacement. Kenshi peut invoquer un kombattant depuis son sabre Sento pour harceler son adversaire de coups venant de deux côtés en même temps. Ce ne sera par contre pas le cas de tout le monde puisque certains n’auront quasiment pas changé dans leur approche ou évoqueront un ancien kombattant. Sub-zero a certes gagné un coup de pied plongeant mais lance toujours ses boules givrantes, sa glissade ou son clone de givre. Reiko me rappelle Kano dans MK11 avec des kombos plus courts et des projections.

Impossible de passer à côté désormais du réel ajout de cette épisode : les kaméos. D’un simple appui d’une touche (et d’une direction pour varier la capacité), votre allié débarquera sur le champ de bataille pour lancer une de ses capacités. Héritière des variations de personnage, chaque kaméo apportera un élément de gameplay qui complètera votre palette d’attaques ou apportera des opportunités supplémentaires en kombat. Certaines synergies sont surpuissantes et une jauge de kaméo vous obligera à les utiliser à bon escient sous peine de perdre l’avantage. Certains coups se lancent rapidement et contribuent à prolonger une pression ou un kombo. Cependant, votre kombattant laissera la plupart du temps la place à votre acolyte en se figeant, vous laissant vulnérable si votre adversaire a pu vous voir venir. Les kaméos seront mis à contribution pour les projections vers l’avant et pourront même lancer une fatality ou une brutality de leur cru.

Finish Him

Déjà évoqué, il est temps maintenant d’aborder le mode Invasion. Il vous proposera de prendre part à une mise en situation textuelle (on repassera pour l’immersion) mettant à l’honneur un protagoniste. Celui-ci vous permet de choisir un personnage et son kaméo à tout moment pour parcourir différentes zones du jeu, divisées en cases, qui hébergeront différents affrontements. Votre kombattant pourra gagner des niveaux et donc des points à dépenser dans son attaque, sa défense, l’efficacité de ses coups spéciaux, … Chaque niveau de maîtrise débloquera aussi différents éléments comme l’équipement cosmétique ou les brutalities que vous pourrez alors utiliser dans tous les modes. À noter qu’il est possible d’augmenter la maîtrise d’un personnage (et donc l’accès à ses bonus) dans n’importe quel mode. L’excuse est parfaite pour enchaîner les kombats, certes, mais on en vient à regretter l’aspect aventure ou l’ambiance de la Krypte. Vous pourrez mettre la main sur des talismans et reliques qui vous apporteront des avantages pour les affrontements, mais ceux-ci ont des effets anecdotiques. Un système de dégâts élémentaires vous permet aussi, à l’image d’un jeu comme Pokémon, de jouer d’avantages ou de faiblesses en fonction de l’adversaire. Le contenu du mode Invasion est saisonnier, ce qui impliquera des visites fréquentes afin de ne pas rater un arc scénaristique ou un élément cosmétique disponible pour l’occasion. Surtout que les crédits saisonniers que vous y gagnerez seront perdus à la fin de l’événement.

L’appât du gain étant devenu une seconde nature des productions actuelles, impossible de ne pas remarquer que Shang Tsung n’est disponible qu’à ceux qui ont précommandé le jeu ou qui l’achèteront séparément sur le store de leur console, alors qu’il est jouable dans le mode histoire ! Différentes monnaies vous donneront accès à différentes boutiques. À côté des crédits saisonniers, vous pourrez collecter des pièces d’or à dépenser pour des loot boxes au contenu très aléatoire. Hélas, il existe aussi une inévitable monnaie payante qui vous octroiera évidemment les meilleures skins ou palettes. Il ne manque plus qu’un petit message comme « Tu vas quand même pas laisser passer cette skin trop stylée ». Ainsi, les affres de la rentabilité auront le don de vous exaspérer si vous êtes aussi hermétiques que moi aux micro-transactions. Le kombat pack promet cinq kombattants supplémentaires même si on est en droit de rager quand on voit qu’on peut déjà affronter Quan Chi et Ermac dans le mode Histoire… Ainsi, ce n’est pas cet aspect-là du jeu que je mettrais le plus en avant.

Fatality

Techniquement, le jeu est un régal. Les arènes fourmillent de détails et arborent de superbes couleurs. Les jeux de lumière rendent exceptionnellement bien et les animations faciales (et la synchronisation labiale) rendent justice à la nouvelle identité graphique du titre. On pourra cependant toujours constater un petit downgrade graphique quand on passe d’une cinématique à une phase kombat ou l’inverse lors du passage à une fatality. Néanmoins, la qualité graphique est au rendez-vous. Rien à redire non plus sur le netcode qui permet des affrontements très stables en ligne malgré un mode multijoueur qui se limitera surtout à la Kombat League et éventuellement un Roi de la Colline en mode match amical.

Mortal Kombat 1 est donc un titre qui garde sa place dans le cœur des amateurs malgré un contenu au final peu novateur, un comble pour un reboot. Le système de jeu se rapproche de MK9 et les kaméos rappellent les variations ainsi que les assists des tours de personnage de MK11. Il va sans dire que Netherrealm garde encore quelques atouts dans sa manche mais n’arrivera pas à convaincre s’il en reste là. Le Kombat pack apportera son lot de nouveaux arrivants et de nombreuses mises à jour viendront optimiser l’expérience de jeu. Ce test prend donc l’aspect d’un avis provisoire et, comme évoqué plus haut, émanant d’un fan de Kombat, donc bon public. On se retrouvera très vite quand les nouveaux kombattants et kaméos seront disponibles afin de faire le point sur l’évolution du jeu. Sachant que Netherrealm est à l’écoute de sa communauté, il est fort probable que le jeu ne fasse que se bonifier avec le temps comme un grand cru.

Note

14/20

Un reboot uniquement scénaristique qui pioche allègrement dans les anciens épisodes pour fournir une expérience de jeu fort ancrée dans son héritage. Une technique irréprochable qui flatte la rétine et qui permet des scènes spectaculaires et sanguinolentes à souhait. Un hommage assumé à une série dont l'héritage traverse les générations de consoles mais pêche cruellement en termes d'innovation. Reste à voir ce que Netherrealm a prévu pour l'avenir de son jeu avant de savoir si nous sommes en présence d'un nouvel opus dont on parlera encore longtemps ou d'un simple épisode charnière.

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