Bounty of One
Vampire Survivors a fait des petits, ce n’est pas une surprise. Un carton pareil engendre toujours une descendance de « clones » plus ou moins avoués, plus ou moins paresseux aussi. Il ne manquait plus que le rejeton belge pour que la famille soit complète.
Dans cet exercice de réinterprétation, il y a le bon et le mauvais clone. Le mauvais clone, c’est celui qui voit un jeu à succès et qui le copie. Le bon clone, c’est celui qui voit un jeu à succès… et qui le copie MAIS en adaptant suffisamment la formule pour être plus qu’un fix destiné aux drogués un peu lassés après 500 heures sur le jeu modèle. Selon notre définition, Bounty of One est un bon clone, un excellent clone même, qui s’écarte de son inspiration sur plusieurs points.
La différence la plus évidente réside dans le fait que votre personnage tire seulement lorsqu’il est à l’arrêt. Au lieu de s’échapper tout le temps d’une nuée d’ennemis, on se positionne à un endroit judicieux et on s’arrête un instant pour faire le ménage autour de soi. Le rythme est ainsi moins frénétique, moins usant aussi à la longue. L’autre changement essentiel concerne la capacité de dash, « l’élan » comme l’appelle Bounty of One. Non seulement l’élan vous propulse quelques mètres plus loin, mais il vous rend invincible pendant la durée de l’opération. Si vous ne supportez plus de perdre toute votre santé en tentant une traversée de la foule désespérée, vous allez adorer l’élan ! Vous l’améliorerez à la moindre occasion, vous réduirez la durée de sa recharge, vous y ajouterez une attaque au départ et à l’arrivée, bref vous aimerez l’élan à la folie.
En parlant de traversée kamikaze, précisons que Bounty of One octroie un court moment d’invulnérabilité après chaque dégât reçu. Fini de bousiller toute votre barre de vie, qui n’en est d’ailleurs pas une : votre santé est représentée par des points de vie, à récupérer grâce à des cœurs que les ennemis abandonnent et qui restent bien sagement sur la carte en attendant que vous en ayez besoin.
Pour affirmer encore sa volonté de se distancier de Vampire Survivors, Bounty of One propose un mode principal divisé en trois sections d’environ 8 minutes. Une fois ces trois sections terminées, la partie s’achève (sauf si vous décidez de poursuivre en mode infini). Mais avant d’en arriver là, il faudra liquider trois boss, un pour chaque section. Ces boss sont l’un des grands plaisirs du jeu et leur arrivée, dispersant au passage les ennemis lambda, est toujours un événement. Face à face avec le boss, vous devez éviter ses schémas d’attaque tout en pensant à rester fixe par moments pour pouvoir lui faire mal. Les boss ont chacun des attaques de charge, mais surtout des tirs multiples. Il faut s’imaginer une mini-phase de shoot’em up pédestre, comme dans les Pocky & Rocky par exemple. Tout à coup, on ne pense plus du tout à Vampire Survivors, chapeau aux développeurs !
Si on excepte encore les adversaires bien moins nombreux à l’écran et dotés d’armes à distance, on retrouve bien sûr nos marques vampiriques. Le principe est toujours d’être jeté sur une carte, d’abattre des ennemis grâce à un tir à visée automatique, de ramasser des bonus (ici des pièces) et de gagner ainsi en expérience jusqu’à une montée de niveau. À chaque niveau atteint, vous avez le choix entre trois améliorations dans tous les domaines : vitesse de tir ou de déplacement, dégâts critiques, élans, capacité de transpercement de vos tirs, temps de recharge, défense, vies, etc. Les plus gros bonus, vous les obtenez en terrassant un député, soit un gros ennemi qui se distingue de la masse. À vous alors de faire votre marché entre trois capacités spéciales, parfois révolutionnaires pour votre partie mais parfois aussi à double tranchant. Évidemment, il reste possible de mettre la main sur une amélioration rare lors d’une bête montée de niveau, grâce à cette distribution aléatoire qui fait aussi le sel de ce genre de jeu.
Marre de l’ambiance Castlevaniesque ? Bounty of One vous emmène dans le far west, banjo et violon compris. Certes, du western fantastique (avec des gobelins, des mages, des orcs, etc.) mais du western quand même. Ainsi, il est question de chasseurs de prime qui en veulent à la tête de vos hors-la-loi de personnages. Enfin, « hors-la-loi » selon celui qui fait la loi, à savoir le chef de la pègre du coin qu’on appelle le Croque-Mort. Ce nécromancien obsédé par le pouvoir s’est embrouillé avec chacun de vos personnages et, en homme charmant qu’il est, a mis un contrat sur leur tête. Ces pauvres fuyards à incarner sont une archère, un ancien shérif, un mage, un guerrier ou encore un inventeur de génie qui a transféré sa conscience dans un corps de métal. Chaque personnage a ses spécificités bien sûr, et la variété est au rendez-vous.
À l’heure où on vous parle de Bounty of One, le jeu propose une expérience complète. Il est pourtant encore au stade de l’accès anticipé sur Steam, où il reçoit des mises à jour très régulières, toutes les trois semaines environ. Outre l’inévitable correction de bugs, ces mises à jour gonflent le contenu en ajoutant notamment de nouveaux personnages ou des modes de jeu supplémentaires (tels qu’un excellent défi journalier avec un tableau de scores en ligne). Bref, ça bosse chez Optizonion, le nom du studio créé en Belgique par deux gars de 25 et 32 ans qui se sont rencontrés lors d’une formation en game design à Mons. Ils sympathisent après des études à la Haute École Albert Jacquard à Namur et à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, et naît alors l’envie de créer des jeux vidéo ensemble. Aujourd’hui, Bounty of One est une réussite commerciale et permet sans doute aux deux compères d’Optizonion de voir venir, ce qui est un vrai luxe dans le milieu du jeu vidéo en Belgique. Bravo à eux !
Bounty of One est disponible sur Steam pour la modique somme de 5 euros. Ne vous laissez pas intimider par la mention « accès anticipé », le jeu est riche en contenu et est déjà réglé Optizonion (désolé…). Ne craignez pas non plus une agressivité à la Vampire Survivors, Bounty of One est beaucoup plus accessible avec ses options de difficulté. Oserait-on dire aussi que les graphismes propres et cartoon sont plus accueillants que les pattes de mouche de vampires ? Oui on ose, et on n’hésite pas non plus à dire que l’on préfère l’expérience générale de Bounty of One à celle de son modèle (mais chacun ses goûts bien entendu). Testez par vous-même, seul ou jusqu’à quatre joueurs !
Laisse un commentaire