Le flop 10 des mécaniques de jeu pas si réalistes
Quel que soit le genre de jeu qui vous accroche, beaucoup tenteront de vous immerger dans leur univers en apportant une part de réalisme dans les interactions possibles. Que ce soit à grand renfort d’utilisation du moteur physique pour activer un mécanisme ou par la gestion de la soif et la faim de votre personnage, la réalité revient souvent fournir ses lois dans nos expériences vidéoludiques. Sonic ne peut rester qu’un temps limité dans l’eau alors que Mario est professionnel d’apnée. Un personnage d’Assassin’s Creed escaladera sans limite alors que Link devra respecter une jauge d’endurance. Il revient à chaque univers de définir ses lois et il appartient au joueur de les accepter et les comprendre.
Loin de moi l’idée de critiquer le manque de réalisme d’un jeu puisque si j’accepte qu’un dinosaure chelou kidnappe ma princesse, je peux bien admettre que la gestion de sa respiration aquatique soit futile. Non, ici, c’est le filtre de l’absurde, de la parodie et de la légèreté qui prime. Ce qui nous permet de considérer pas mal de mécaniques de jeu sous un nouveau jour. Dans un souci de réalisme, il arrive souvent que certains moments soient même carrément l’opposé du réalisme. Installez-vous confortablement et n’oubliez pas que ce classement est arbitraire et conçu pour le plaisir.
10 – Le professeur
Tout d’abord, je voulais aborder les apparitions soudaines de phases très scriptées où le jeu vous place dans une situation vous obligeant à découvrir la configuration de votre manette. Vous y sauterez, vous y agenouillerez ou y assommerez un garde qui attend que vous approchiez. Mais oui, ce fameux tutoriel qui a même été élevé au rang de grand n’importe quoi dans Far Cry 3 Blood Dragon. Malgré l’habillage souvent maladroit, il fallait bien intégrer un moyen de rencarder le joueur sur ce qui l’attendait. Mais lorsqu’on parle de combat, la situation devient burlesque. Entaille, estoc ou boule de feu, le maître d’armes ira même jusqu’à vous inviter à lui infliger le genre de coup spécial qui devrait le vaporiser ou le trancher en deux pour le bien de votre compréhension. Fou rire garanti si le jeu garde en mémoire les flèches sur le PNJ pendant qu’il vous parle.
9 – Les dégâts environnementaux
Il aura fallu longtemps avant de pouvoir témoigner de la déformation du capot d’une voiture à cause d’une rencontre brutale. Certes, il eût été fâcheux de permettre aux joueurs de s’amuser avec les épaves de véhicules emblématiques, mais maintenant, il est de mise de bénéficier d’un peu plus de réalisme dans les interactions possibles entre ce que vous contrôlez manette en main et l’univers qui l’entoure. Ce qui apporte son lot d’incohérences. Certains jeux nous proposent de traverser des portiques métalliques en voiture, là où un petit buisson nous arrêtera net. J’ai du mal à m’expliquer aussi comment crasher un véhicule et pouvoir repartir tranquille juste après. Mais le sport mécanique n’est pas le seul à proposer des incohérences. Que dire de ce jeu qui vous permettra de réaliser des exploits de titan alors qu’une porte en bois vous résistera ? Pourquoi certaines fenêtres sont capables de résister à des impacts de calibre lourd ? Pourquoi les murs plus clairs peuvent être explosés et pas les autres ?
8 – Les niveaux de difficulté
Nous ne sommes pas tous égaux devant le challenge et la difficulté. Je ne veux pas critiquer ici la possibilité offerte aux joueurs de paramétrer leur expérience en fonction de leurs envies ou leurs possibilités. Non, ici, le défaut de beaucoup de jeux se situe dans la pondération des différents niveaux. Les facilités offertes aux joueurs sont multiples mais provoquent souvent des situations absurdes. Un combattant vous agrippera avec un coup spécial mais restera immobile au lieu de finir le combo (qui souvent nécessite l’appui de n’importe quelle touche d’attaque !), Kratos passera dans ses ennemis comme dans du beurre, certains ennemis n’utiliseront plus leurs capacités. Les jeux musicaux ne sont pas en reste quand on constate la pauvreté du challenge en facile alors que le mode au dessus est déjà bien retors (oui, Beat Saber, un jour je réussirai en expert + !). L’inverse a, lui aussi, son lot de décrédibilisation quand on se rend compte que beaucoup de phases de jeu ne seront plus difficiles que grâce à une jauge de points de vie des ennemis plus fournie. Il existe des extrêmes plutôt remarquables où les jeux sont même parfois allés jusqu’au contournement de certaines de leurs propres règles. Si j’ai le Shao Khan de Mortal Kombat 3 en ligne de mire, c’est surtout parce que mes doigts se souviennent de ces moments de frustration où il profitait d’invulnérabilité temporaire ou de spam de coups spéciaux imparables. Quoi de plus facile que de rendre votre personnage vulnérable à l’excès afin de justifier la difficulté de votre titre ? (il fallait que je place un antonyme dans la même phrase ^^) En effet, si votre personnage n’est pas capable d’encaisser, de se débarrasser de ses ennemis par pénurie de munitions ou n’a pas le droit à l’erreur lors de choix cruciaux, le joueur sera vite face au challenge.
7 – Les activités annexes
Autant je comprends parfaitement l’intérêt de proposer des activités annexes au joueur, autant il est vite amusant de constater l’absurde de certaines situations. Faire des courses de chocobos alors que Midgard est au bord de l’explosion en est un exemple. Une partie de Gwent en territoire hostile reste aussi une bonne échappatoire. Au-delà de cette ironie, certains mini-jeux ont le chic de vous faire participer à des activités à l’opposé de l’univers dans lequel vous évoluez. Faire un karaoké dans Sleeping Dogs est une épreuve en soi ! Il arrive donc souvent d’être jeté hors du jeu le temps d’une partie de pêche ou d’un quick time event pour le bien d’une activité qui vous laissera perplexe.
6 – Transports
Bon, d’accord, pour celle-ci, il va falloir un peu de goût pour l’absurde. En effet, je vais m’attaquer aux voyages rapides. Mais oui, ce moment où vous pointez un endroit de la carte et hop, des jours de marche économisés ! Nous sommes d’accord que c’est une considération un peu stérile mais je ne peux m’empêcher de lancer un « téléportation » le poing levé quand j’entame ce genre de trajet. Les pieds du joueur ne seront cependant pas le seul élément d’incohérence. Je salue le travail de toutes ces montures dont certaines resteront dans les mémoires de beaucoup de joueurs. Tout le monde n’est pas de la trempe d’un Agro ou d’un Epona mais toutes partageront certains pouvoirs intéressants. Beaucoup de montures ont la fabuleuse faculté de se téléporter près de vous au moindre sifflement, souvent même au milieu de nulle part. Certaines autres expérimenteront les murs invisibles de zones dans lesquelles elles ne sont pas prévues (Alloy ne me contredira pas). N’oublions pas ces montures qui ont la fâcheuse habitude de se bloquer dans des éléments de décor au lieu d’avancer tranquillement vers vous.
5 – L’inventaire
Je vous avais prévenu qu’on allait se le faire dans la légèreté mais avec la gestion des objets, on est sûr de tomber sur une mine d’or. Suis-je le seul à m’étonner de pouvoir sortir un lance-roquette de ma poche alors que ladite poche est limitée en nombre d’objets pour faire plus réaliste ? Beaucoup de jeux permettent de mettre le jeu en pause et de changer son équipement en plein milieu de l’action. Ou comment passer de smoking à armure de plates devant un boss ralenti dans son action ! Vous pourrez même parfois rajouter une consommation de potion de soin dans la volée (mais restez jusqu’au point 1, je parle des soins). Imaginez un instant votre adversaire bloqué dans sa pose d’attaque pendant que vous vous changez à l’aise. Pour moi, ça marche à chaque fois.
4 – La furtivité
Je n’ai pas prévu d’écorner les gardes avec des yeux derrière la tête ou les phases d’infiltration mal fichues, ce serait gratuit et indigne de ce flop. Je m’intéresse ici aux éléments de gameplay tellement évidents qu’ils en deviennent risibles. Si j’avais accepté qu’un costaud sous capuche blanche se fasse passer pour un moine dans les premiers Assassin’s Creed, j’ai du mal avec le concept du viking qui débarque à la table d’inconnus et commence à taper la discussion comme si de rien n’était. J’ai une pensée particulière pour la mécanique de la végétation colorée qui, même si elle permet de la visibilité au joueur, donne surtout l’impression que les gardes en face sont particulièrement aveugles. N’oublions pas non plus la mécanique de leurre qui plonge souvent les PNJ dans un rituel absurde de recherche afin de vous permettre de vous glisser derrière eux.
3 – Les compétences sociales
Nous allons parler ici de charisme, de charme, de persuasion et de toutes ces interactions qui font de nous l’animal social que nous sommes. Au départ réservées aux jeux de rôles, les interactions qui permettent de se sortir d’une situation autrement que par la force se sont invitées dans beaucoup de genres. Il est possible de finir Far Cry 4 si on fait ce que propose votre antagoniste dès le départ. La situation devient par contre burlesque quand une quête vous est refusée parce que vous n’avez pas le bon niveau de charisme. Il vous suffit alors d’équiper un objet (parfois avec un skin pourri) qui donne un bonus pour vous voir ouvrir les portes. Même Clark Kent avec ses lunettes n’est pas aussi fort. Au départ, c’est la façon souvent surprenante d’entamer une romance dans les Sims, digne d’une demande d’amitié sur Facebook, qui m’a mis la puce à l’oreille. Mais avec le recul, je remarque que certains choix plutôt « sociaux » sont souvent poussifs, même dans de bons jeux. Les romances de The Witcher ou de Mass Effect en sont un bon exemple. C’est sûr que le but ici n’est pas d’exiger que les PNJ réagissent en humains mais plutôt d’éviter d’aboutir à des situations étranges où il suffit d’insister lourdement pour obtenir les faveurs de quelqu’un. C’est un sujet qui fâche, vous savez !
2 – Les compétences
Si vous êtes en phase avec le ton donné par le raisonnement absurde qui prédomine, vous devriez voir où je veux en venir. Votre personnage apprend de son expérience et plus il utilisera son épée, plus il sera efficace dans son maniement. Jusqu’ici, rien d’anormal. Ça se complique lorsque vous débloquez la frappe de la foudre après avoir tué votre cinquième loup. Un halo lumineux vous entoure et vous voilà le détenteur des secrets de l’arcane le plus mortel du royaume. Je crois que vous voyez maintenant où je voulais en venir. En allant plus loin, beaucoup de jeux vous permettent même d’apprendre la confection d’une armure légendaire en interagissant quelques secondes. Sachant que la fabrication ne prendra pas tellement plus de temps, il y a de quoi être surpris. Je pense aussi à tous ces magazines ou journaux qui débloquent des compétences inédites. Un peu comme s’il suffisait de regarder un tuto Youtube pour être expert, en fait…
1 – La guérison
Je m’adresse au joueur aux mains magiques qui me permet de survivre à une balle dans le buffet en me tendant sa main pour me relever sur le champ de bataille. Je parle de cet objet de soin à consommer qui guérira une infirmité instantanément. Je parle de ce héros qui ferait mieux de comprendre que retirer un clou rouillé sans assistance médicale ne va pas bien finir pour lui. Je ne critique évidemment pas la vulgarisation de l’acte médical mais avouez que l’imposition des mains a de quoi étonner. Comme mentionné précédemment, l’accès à un inventaire pour manger ce qui vous rendra instantanément quelques précieux points de vie a de quoi soulever quelques questions. La régénération apporte aussi son lot d’incohérences mais je l’ai déjà mentionné dans un autre flop 10.
Une pensée émue
J’avoue avoir mis une bonne dose de mauvaise foi dans ce classement, mais le côté décalé des situations par rapport à la réalité des choses avait de quoi alimenter un album de Kid Paddle. Je ne savais pas où classer les gardes qui surgissent d’endroits que vous êtes le premier à ouvrir depuis des siècles (Uncharted). Ni où ranger ces PNJ capables tout à coup de vous suivre dans les escalades les plus corsées. Les forgerons du dernier God of War jouent sur le fait qu’ils sont présents partout, mais d’autres jeux vous infligent un marchand itinérant qui lui aussi a dû alors se farcir la forêt du péril dont personne n’est jamais sorti…
Le jeu est un plaisir et doit le rester
Pour une fois que cette phrase est un mot d’ordre plus qu’une recommandation, il a été amusant d’aller chercher la petite bête dans les codes que beaucoup de joueurs acceptent et d’y chercher les incohérences. J’espère donc que, comme moi, vous vous serez amusé à imaginer votre monture suer en arrière-plan pour vous suivre. Que l’ennemi en pause qui vous regarde pendant que vous mangez un plat savoureux a de quoi râler !
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