Reboot du Chocobo Racing sorti en 1999 sur la première Playstation, Chocobo GP débarque sur Switch avec exactement les mêmes intentions que son grand frère : offrir son Mario Kart à la licence Final Fantasy. En voilà un titre qui ne manque pas d’audace, en venant chasser sur le terrain même de la série de Nintendo ! Il faut dire qu’avec son Mario Kart, Nintendo est parvenu à créer un genre à part entière du jeu de course, le « kart racer », et dès le premier coup d’œil impossible de nier les influences de Chocobo GP.

Edité par Square Enix mais développé par Arika – si, si, les mêmes Arika qui ont travaillé avec Capcom sur les Street Fighter EX – Chocobo GP nous invite à prendre part à des courses effrénées revisitant plusieurs épisodes de la saga Final Fantasy, qui verront s’affronter différents personnages que nous pouvons presque qualifier ici de mascottes issues de la célèbre série de RPG. Outre les classiques modes grand prix, contre la montre et multijoueur (local à deux ou en ligne), le bougre ne renie pas ses origines pour autant et nous embarque également dans un mode histoire plutôt sympathique, farci de références n’hésitant pas à briser allègrement le 4e mur en multipliant les clins d’œil directement adressés au joueur. C’est dans ce mode que vous pourrez débloquer la plupart des personnages composant le casting de Chocobo GP. Si d’entrée de jeu seul notre ami volatile est disponible, il fera très rapidement la rencontre de nombreux acolytes qui le rejoindront pour prendre part à un mystérieux championnat de courses, dont la récompense serait la possibilité de voir n’importe quel vœu exaucé.

Le point fort de ce mode histoire est sans conteste sa scénarisation, avec des dialogues croustillants, des personnages particulièrement bien caractérisés, surtout pour un simple jeu de kart, et une redécouverte de certains évènements des Final Fantasy réinterprétés au fil des chapitres. Jouable aussi bien en difficulté Facile que Maître (on ne pouvait pas parler de Chocobo GP sans faire de comparaison avec Mario Kart alors pour résumer : respectivement du 50 et du 150cc), le mode histoire propose de surcroît des objectifs secondaires à chaque chapitre visant à débloquer plus de récompenses s’ils sont atteints. Passage obligé pour agrandir l’écran de sélection des personnages et des courses disponibles, le mode histoire se parcourt avec plaisir et consiste en une excellente entrée en la matière.

Manette en main, il est à nouveau difficile, voire impossible, de passer à côté de la comparaison avec Mario Kart tant Chocobo GP semble en être un digne élève appliqué, du moins au premier abord : sauts et dérapages, démarrages turbo, utilisation d’objets pour pimenter les courses, ressources à ramasser pour augmenter la vitesse de pointe de notre bolide, tout répond présent, agrémenté d’une mécanique de pouvoirs liés à chaque personnage et soumise à une jauge qui se chargera en fonction de nos performances en course. Cette nouveauté bienvenue permet de différencier les personnages jouables, au-delà de leurs simples statistiques, et sera un élément très important à prendre en compte. Malheureusement, quelques petites approximations viennent rapidement ternir l’expérience, notamment en ce qui concerne les dérapages. Si le jeu nous encourage pourtant à y recourir, la construction des différents circuits du jeu ne leur laisse quasiment pas de place pour exister et certains tracés nous priveront quasiment de leur utilisation. Les dérapages ne fonctionnent pas exactement selon le système de braquage/contrebraquage habituel au genre et dégagent une inertie particulière tout en pouvant être interrompus au moindre contact avec le premier micro pixel du bord de la route.

Le rythme global du jeu pâtit quant à lui des différentes armes et pouvoirs à disposition, en privant très fréquemment le joueur de leur utilisation. Il n’est par exemple pas possible de lancer un objet en plein saut : particulièrement frustrant quand il était impossible de faire autrement niveau timing. De plus, chaque fois qu’on se fait toucher ou qu’on sort de la piste (comme sur les circuits du Gold Saucer qui ne sont pas sans rappeler les fameuses Rainbow Roads), le jeu nous pénalise pendant de très longues secondes sans pouvoir reprendre le contrôle de notre bolide. Ces cassures contrastent fortement avec le rythme effréné que semblent vouloir imposer les différentes courses et peuvent complètement ruiner le plaisir de jeu pour peu que la malchance habituelle des kart racers soit au rendez-vous.

Impossible enfin de ne pas pointer du doigt l’interface du menu principal qui achève de ternir le tableau en saupoudrant ces défauts d’une énorme couche de jeu-service rappelant les jeux free to play. Et pour cause, Chocobo GP sort également en version Lite sur le Nintendo eShop, permettant aux joueurs de tester le début du mode histoire et de disputer des courses en ligne. Cette bonne idée sur le papier rajoute une surcouche presque indigeste de microtransactions façon Gacha avec différentes monnaies à obtenir en jouant au jeu aussi bien en ligne qu’en local pour débloquer la plupart des véhicules, costumes et personnages alternatifs – avec bien entendu Squall et Cloud comme premiers personnages à débloquer via un Pass de Saison à acheter en plus du jeu. Pour terminer sur une note plus joyeuse, la bande originale du jeu réalise un quasi sans-faute (à l’exception de son irritant thème de menu principal chanté qui a en plus la mauvaise idée de se relancer à chaque fois qu’on valide un choix dans les menus) en réinterprétant plusieurs thèmes phares des différents Final Fantasy. Et si la plus belle surprise de Chocobo GP était cette reprise/mashup de Battle on the Big Bridge et du thème des chocobos ?