Le flop 10 des héros pas si héroïques
Après avoir parlé des ennemis, des grands méchants et autres mécaniques de jeu hasardeuses, il était grand temps que l’on s’intéresse à nos héros. Je ne parle pas forcément que de ceux qui portent une cape (même si je peux faire ça toute la journée !) mais bien du protagoniste principal dans chacun de nos jeux. Les scénaristes étant particulièrement fans des personnages troubles ou avec des défauts, la moindre faiblesse dans la cuirasse s’en trouvera souvent exacerbée. Faisons donc un petit tour d’horizon des petits défauts de nos héros qui ont oublié au passage ce que ça implique d’avoir de grands pouvoirs.
Inutile de vous rappeler que ce classement n’a pas reçu de label de conformité ou n’est régi par aucune autre règle que le plaisir d’aborder notre média préféré sous un autre angle. Entamons donc ce petit voyage dans les archétypes les moins héroïques du Jeu Vidéo.
10 – Le glouton
La plupart des jeux proposent de se débarrasser de ses adversaires de façon plutôt classique et directe. Une balle bien placée ou une épée sur le coin de la tête fait souvent des miracles, mais il existe des moyens plus inhabituels. Si on peut discuter la façon dont Pac-Man s’occupe des fantômes, les choses deviennent plus impressionnantes quand une petite boule rose dévore un arbre entier. Non seulement il faut un estomac en béton, mais les plus cabotins y verront aussi des contreparties plus douloureuses (vous connaissez le dicton de la noix de coco ?). C-21 et Boo dans Dragon Ball Fighterz ont beau disposer d’un potentiel énergétique incroyable, ils ne reculeront pas devant un petit amuse-bouche sucré à base de combattants. Même le Snake popularisé par les téléphones Nokia n’avait que la nourriture en tête. Il n’y a qu’à espérer que l’hygiène buccale de l’agresseur soit irréprochable afin que le festin se déroule dans les meilleures conditions pour tout le monde.
9 – L’ambivalent
Le choix et les différentes possibilités d’arriver à son but ont depuis longtemps été au cœur du gameplay des jeux. Que ce soit en privilégiant la discrétion à l’approche directe pour finir une mission ou tout simplement en vous proposant carrément de choisir un camp. On s’intéresse ici à la dernière catégorie à travers des jeux comme Infamous ou encore Fable. Le choix n’a souvent que peu d’importance sur le résultat mais avouez qu’un héros qui privilégie le côté obscur a un peu perdu son héroïsme de vue. Black & White vous proposait d’incarner un Dieu dont les actes définissaient son alignement. Je connais un grand nombre de joueurs qui ont particulièrement aimé tourmenter l’humanité. Les séries des Fallout, des Deus Ex ou des Mass Effect sont aussi des exemples d’histoires où le héros peut mettre de côté la bienséance pour adopter la manière qu’il jugera adéquate d’avancer. Comme vous vous en doutez, le mal, c’est pas bien !
8 – Le libidineux
C’est sûr qu’à force de parler de héros peu vertueux, les pêchés capitaux seront tous évoqués. Ici, la luxure prend tout son sens avec des personnages comme Larry (Leisure Suit Larry) dont les seules actions tendent à satisfaire ses pulsions caleçonnesques. Parlons de Vincent Brooks, rêveur angoissé du jeu Catherine, obnubilé par la plastique de rêve des femmes autour de lui. 7 Sins sur PS2 (on parlait de pêchés) fait la part belle à des scènes discutables au contenu sexuel gratiné. Je ne tente pas de diaboliser la pornographie, je ne voudrais pas me faire d’ennemis mais, ce qui est sûr, c’est qu’on ne sauve pas le monde à grand renforts de drague lourdingue. J’ai déjà entendu « Faites l’amour, pas la guerre » mais ce serait bien de ne pas laisser le slip prendre toutes les décisions.
7 – Le pistolero
Pour celle-là, il va vous falloir adopter mon filtre totalement subjectif et dirigé de celui qui essaie de convaincre de l’inutilité des armes à feu. Je vais parler ici de ces héros qui décideront de ne laisser parler que la poudre. T’as kidnappé la fille du consul d’un pays au nom imprononçable ? Une balle dans la tête. T’as insulté ma maman ? Une balle. C’est clairement facile d’invoquer la légitime défense mais les ripoux comme Max Payne par exemple ont clairement oublié comment protéger et servir. Les fanatiques des armes à feu comme dans Hotline Miami ou My friend Pedro sont nombreux et n’offriront comme seule réponse qu’un déluge de plombs. Je rajouterais même (pour le plaisir) le jeu Duck Hunt qui vous plonge dans le quotidien des chasseurs. Je n’ai rien contre la pratique, mais je suis convaincu que les sangliers se sentiraient bien plus à l’aise si nos chasseurs actuels étaient obligés de faire l’impasse sur une arme à feu pour des moyens plus traditionnels/archaïques/équitables (à vous de voir) de chasser.
6 – Le poseur
Oui, il fait des atterrissages de super-héros et il a tellement de classe quand un pan de vêtement flotte gracieusement au vent ! Sa maîtrise du combat est souvent indiscutable et pas un seul adversaire ne se remet d’une rencontre avec lui. Mais quel est le problème, alors ? Comme je l’ai dit précédemment, ce n’est pas tellement la cause pour laquelle il se bat qui importe, c’est cette façon déshonorante de provoquer ses adversaires. Dante de Devil May Cry en est le représentant le plus évident mais n’est pas le seul. Son équivalent féminin (Bayonetta) en use aussi en plus de ses charmes souvent savamment mis en avant. Cloud de Final Fantasy 7 était déjà un personnage trop confiant mais sa version remaster met en évidence son goût pour le spectaculaire. Pour définitivement vous faire comprendre, imaginez ce joueur qui vous lâche un teabag après vous avoir tué ou encore l’adversaire qui a décidé de vous provoquer avant de marquer son septième but à FIFA. On a connu des vainqueurs avec un meilleur état d’esprit.
5 – Celui qui tente de sauver les apparences
Je m’attaque à toi Batman, Spider-man et consorts ! Sous des airs de justiciers sans peur et sans reproche, vos méthodes fort spectaculaires ont le don de me plonger dans un questionnement. Vous allez me dire que Batman peut enchaîner les coups de poing pour ensuite faire chuter l’ennemi la tête la première au sol sans pour autant le tuer ? Que Spider-man n’est pas responsable de bon nombre de déplacements de vertèbres qui devraient s’avérer fatals ou de vilaines chutes ? Petite remarque quand même dans le dernier jeu Spider-man, vous remarquerez que les ennemis qui tombent des buildings se retrouvent entoilés au mur. Quoi qu’il en soit, on est bien loin d’un super-héros quand les méthodes deviennent trop musclées. Liu Kang, sous ses airs de Bruce Lee de chez Wish dans le premier Mortal Kombat, n’avait qu’une fatalité où il se contentait de placer un uppercut après cabriole sur son adversaire alors que les autres arrachaient les têtes et autres organes vitaux. Heureusement pour lui, les apprentissages Shaolin ne l’ont pas empêché de recoller très vite au peloton dans la joie et l’hémoglobine. Peut-être Bruce Wayne avait raison de dire que soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour devenir mauvais.
4 – Le méchant
OK, j’avoue, je joue la facilité. En effet, si un héros est ancré dans ces actes, la question ne se pose plus si vous êtes le méchant depuis le départ. Toutes les bassesses sont possibles puisque votre voie vous pousse à faire le mal. Legacy of Kain fait partie de ces jeux qui vous placent directement de l’autre côté de la barrière. Overlord vous offrira son lot de méchancetés jubilatoires en plus de sa gestion des acolytes. Dungeon Keeper vous permet d’endosser le rôle du méchant gardien d’un piège à héros. Certains jeux dont je tairai le nom pour éviter des déconvenues ou des spoilers vous trompent en vous faisant comprendre comme une révélation qu’au final, c’est peut-être bien vous le méchant de l’histoire ou le responsable de la situation.
3 – L’homme de métier
Je préviens d’avance pour celui-ci, il va falloir faire un petit effort pour accepter la distinction avec le point précédent. Je vais parler ici des héros dont le métier indique clairement que les moyens qu’ils déploieront vont laisser des traces. Les protagonistes d’un GTA, d’un Mafia ou d’un Saints Row peuvent en effet être classés comme méchants (malgré certains moments de rédemption) mais certains tentent, à l’image de leur cause, de justifier le carnage à venir par le métier ou l’activité qu’ils exercent le mieux. Je dis donc bonjour à tous ces assassins et autres mercenaires qui règleront leurs problèmes par le sang. Que ce soit dans la série Hitman (qui regorge de moyens de se débarrasser de ses cibles) ou Dishonored, seule la mort attend ceux qui feront obstacle. Je ne vous oublie pas Altaïr, Ezio et descendants, pour être sûrement les assassins les plus héroïques du jeu vidéo. Vous avez essayé la diplomatie ?
2 – L’apprenti sorcier
C’est l’histoire d’une jeune femme férue d’archéologie (coucou Lara) qui a le don de réveiller d’anciennes malédictions pour satisfaire sa curiosité. Je vous parle ici des héros dont les actes vont bien malgré eux aboutir à des problèmes. À force de jouer avec des forces qu’ils ne comprennent pas, les joueurs sont souvent alors confrontés à leur erreur. Dans certains cas, cela aboutit à une séquence de fin déchirante où vous comprenez que vous avez été manipulé, mais la plupart des jeux vous permet alors de tenter de remettre les choses en ordre. Si Aloy de Horizon Zero Dawn prend très vite l’ascendant sur la technologie sur laquelle elle met la main, le sort de Wander (Shadow of the Colossus) mérite votre attention. Sans spoiler, il s’agira de se demander ce que la mort de 16 colosses peut apporter contre la vie de votre amour perdu.
1 – Le gros Bill
Vous qui entrez ici, abandonnez toute subtilité. La rage, la colère ou la désillusion vous aveugle tellement que vous êtes parti pour « tout péter »(avec la voix française de Stallone). Le représentant le plus évident sera Kratos de God of War, qui abandonne toute subtilité pour se lancer dans une guerre démesurée à grands renforts de décapitations, de démembrements ou de passages à tabac. On pourra même mentionner ici ce bon vieux Duke Nukem qui mérite aussi sa place dans pas mal de catégories précédentes mais celle-ci lui conviendra le mieux. Que dire de Asura qui déchaînera sa colère sur ses adversaires avec force techniques surpuissantes (et moult matraquages de boutons aussi) ?
Une pensée émue
Je voulais à tout prix caser Link dans ce flop, mais à part entrer chez des inconnus pour casser tous leurs pots, je ne lui ai trouvé que des défauts mineurs. J’ai eu du mal avec le héros d’un Postal qui est tellement borderline qu’il peut faire un tour dans plusieurs catégories de ce flop. Comme dit dans le point 4, beaucoup de traîtres se glissent parmi nos personnages préférés mais les évoquer me transformerait en machine à spoilers, ce que je déteste par-dessus tout.
Le jeu est un plaisir et doit le rester
Héritiers de cette image désuète de chevalier servant sur son cheval blanc, nos héros ont cependant des doutes, des règles ou des agissements qui feront rarement l’unanimité. L’anti-héros a de beaux jours devant lui car après tout, c’est parfois bon de faire le mal. Tant que ça reste virtuel, bien sûr !
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