La Force du réalisme
Si vous aimez vous balader dans des contrées pas encore cartographiées ou que votre passion est le pillage de tombeaux, vous vous êtes sans doute déjà exclamé « mais qu’est-ce que je suis balèze ! ». Forcément ces activités un peu extrêmes nécessitent une condition physique affûtée, mais il faut bien reconnaître que vos prouesses vous étonnent un peu vous-même. On peut être sportif et ne pas battre le record du monde de saut en longueur à chaque précipice. On peut tenir une forme d’enfer et ne pas savoir se rattraper au bord d’une falaise du bout des doigts toutes les cinq minutes. Et si ce n’était que ça ! Non seulement vous pouvez maîtriser à mains nues des mercenaires avertis, mais vous n’avez aucun mal à en aligner dix de suite en pleine tête sans vous prendre la moindre balle dans le petit orteil. Tant de force physique et une chance aussi immense, vous-même vous n’y croyez pas ! Et nous non plus en fait…
Comme moi peut-être, vous avez toujours avalé de travers les cabrioles de Nathan Drake et de Lara Croft. Même pour un(e) athlète surentraîné(e), le parcours d’Uncharted ou de Tomb Raider est inhumain. Comme s’il manquait quelque chose à Lara et Nathan pour être crédibles ? Et si ce quelque chose, la Force c’était ?
Star Wars Jedi: Fallen Order boxe dans plusieurs catégories : le Metroid-like et le Souls-like en poids légers et – ce qui nous intéresse ici – le jeu d’action-aventure « à la Uncharted ». Cal Kestis, le héros de Fallen Order, se retrouve souvent dans des situations laracroftiennes. Il accumule les figures de gymnastique acrobatique pour se sortir d’environnements à explorer à grand renfort d’indices visuels, après quoi il tombe sur des grappes d’ennemis à mettre en pièces. Bref, le déroulement classique des Uncharted-Raider, où le spectacle bâillonne le réalisme. Sauf qu’ici, tout passe en douceur grâce à cette bonne vieille Force qui nous captive depuis un petit film sorti en 1977.
Quand vous jouez à Fallen Order, votre cerveau se met à l’aise ; il explique tout par le prisme de la Force. Des (doubles) sauts de malade, la Force. Des visions surnaturelles, la Force. La présence de l’élément indispensable juste au bon endroit, la Force. Et évidemment, c’est pareil pour les combats. Quand le Chuck Norris du space opera ratatine toute une armée, on ne voit rien à redire, c’est un Jedi après tout. Sans sourciller, on utilise tous ses superpouvoirs avec autant de plaisir que quand on se roule en Morph Ball avec Samus. Jamais on ne se dit que le jeu va trop loin dans ces scènes de grand spectacle où une pauvre liane sauve notre héros d’une chute de vingt kilomètres, la Force est puissante en lui et puis c’est tout.
Et si la Guerre des Étoiles était l’univers de jeu vidéo par excellence, celui où on peut tout se permettre sans avoir besoin de se justifier ? En pleine partie de Fallen Order, j’aurais tendance à répondre par l’affirmative.
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