Le multi m’a tuer ?

Le multi m’a tuer ?

La crainte ne date pas d’hier : le multi va supplanter le jeu solo. Le grand remplacement serait-il en marche ? N’allons pas aussi loin que cette théorie infecte, mais reniflons tout de même les relents de « les vrais savent ». Que celui qui ne s’est jamais moqué de Fortnite nous lance la première boule de neige en DLC.

Tout d’abord, rien ne montre que le jeu vidéo en solitaire soit la forme pure, originelle. Libre à vous de jouer seul à Pong si vous n’aimez pas le fun. Et puis d’ailleurs, qui sont ces « vrais » joueurs ? En tout cas, pas ceux qui ont accompagné l’essor du versus fighting en salles d’arcade, où « jouer contre l’ordinateur » s’assimilait juste à de l’entraînement en attendant qu’apparaisse a new challenger. Néanmoins, tout un pan du jeu vidéo se résume à un combat contre la machine… et il n’est pas près de disparaître.

Ce sujet de frictions entre joueurs vient de ressurgir à la suite d’une révélation d’un journaliste de Vice. Ce dernier s’est procuré un document confidentiel de 2019 dans lequel Sony s’adressait aux développeurs. On y apprend que le jeu solo ne serait pas du tout en train de mourir, ce sont les données d’utilisation des consoles PS4 qui le prouvent. Ces données que Sony récolte et exploite (pour le meilleur et pour le pire) révèlent l’attachement des joueurs pour les titres à déguster avec soi-même. Soulagement chez les amateurs de plaisirs solitaires, voilà qui valide la politique de développement dans l’écurie Sony. Uncharted 4, The Last of Us 2 ou le dernier God of War sont confortés dans leur orientation recluse. Encore faut-il trouver le bon moyen de satisfaire le joueur/consommateur isolé dans sa pratique vidéoludique.

Le joueur moyen prend de l’âge et sa vie est bien remplie. Le boulot, les enfants, les tâches ménagères, tout ça rogne son temps de jeu potentiel. Et quand il a enfin le temps de se poser devant son écran, ce joueur moyen manque parfois d’énergie, de persévérance ou de patience. Dès lors, même s’il aime encore ce modèle solo immersif, il ne serait pas contre le fait qu’on lui mâche un peu le travail. Un petit appel à aide que Sony a entendu.

La Playstation 5 intègre un menu d’activités qui permet au joueur de « rejoindre des modes, missions et quêtes spécifiques directement depuis le centre de contrôle de la console ». Dans Spider-Man Miles Morales, par exemple, il suffit de consulter ce menu pour faire apparaître une liste de quêtes secondaires. Vous sélectionnez une vignette de quête, vous prenez connaissance du temps nécessaire pour l’accomplir, vous confirmez votre choix et le jeu vous envoie illico (SSD inside) à l’endroit où commence la quête. Idéal pour une mini-session, et tant pis pour l’immersion et la sensation grisante de se balancer entre les immeubles.

Sacrilège ou bienfait pour l’humanité joueuse ? On vous laisse vous faire votre avis, mais dans l’état actuel des choses, où est le mal ? Tant que le jeu ne nous force pas à utiliser ces raccourcis, laissons les gens jouer comme ils veulent ou plutôt comme ils peuvent. Car le stéréotype du joueur no-life, il a maintenant un boulot à temps plein, des enfants et la cuisine à faire le soir. Alors s’il veut se faire sa petite quête annexe en 15 minutes, il a bien raison !

Réactions

  • gazza8 le 15/12/2020

    Toujours aussi bon à lire ces éditos, rien que pour le style (« m’a tuer ? » à l’infinitif, c’est fait exprès, n’est-ce pas ? ).

    « Alors s’il veut se faire sa petite quête annexe en 15 minutes, il a bien raison ! »
    => Je suis surpris de ne pas lire « casual gamer » (ou « gaming »), une expression qu’on ne voit plus malgré toutes ces années de succès, j’ai l’mpression.

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    • spacecowboy le 16/12/2020

      C’est en référence au fameux « Omar m’a tuer ». Apparemment, la référence devient un peu vieille 😉

      J’ai toujours trouvé que la notion de « casual gamer » était péjorative et visait surtout le joueur qui ne s’intéresse pas vraiment au jeu vidéo, qui n’y connaît pas grand-chose et qui ne voit pas plus loin que le top 10 des sorties de l’année. Dans le cas que je décris dans l’article, ce n’est pas par choix ni par manque d’intérêt que le joueur consacre peu de temps au vidéo. Il n’a juste pas le temps ou l’énergie nécessaire en fin de journée et, en général, ça l’agace de ne pas pouvoir jouer plus longtemps.

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