Watch Dogs: Legion

Watch Dogs: Legion

Après un premier opus « cross-gen » débarqué en 2014 et un second en 2016, Watch Dogs est de retour avec Legion. Jeu que l’on n’attendait pas forcément, ce dernier opus se passe désormais en Europe, à Londres plus précisément. Exit donc les rues venteuses de Chicago ou les collines de San-Francisco.

Qui plus est, ce n’est pas dans les rues d’un Londres que nous connaissons que nous allons nous rendre mais dans Londres dystopique du futur post-Brexit, fin 2020 – début 2030. Les technologies ont bien évolué et il est désormais courant de tout voir en Réalité Augmentée, de croiser des taxis autonomes ou encore d’avoir des hologrammes décorant les bâtiments publics.

Toujours avec le fameux CTos contrôlant la ville, les intrigues dorment pourtant toujours dans les ruelles de la ville. La technologie aidant, ces dernières n’en seront que plus glauques pour une ville qui en a vu de belles au cours de son histoire.

Prêt à hacker le monde ? On met son masque de rebelle numérique et on y va…

Londres Appelle

L’intrigue initiale en dira long aux fans d’histoires dystopiques. Placé entre la conspiration de Guy Fawkes et le livre « 1984 » d’Orwell, un groupuscule nommé « Zero Day » (comme le nom des failles critiques dans un système) a pour but de faire exploser le Sénat à l’anglaise, la Chambre des Lords. Dedsec, groupe de hackers « white hats » bien connu, intervient donc pour empêcher l’explosion. Cependant, comme dans toute bonne intrigue, vous aurez vite deviné que tout cela n’était que pièges et carabistouilles pour faire accuser Dedsec de l’explosion. La Chambre des Lords est sauvée in extremis mais d’autres explosions surviennent, causant plusieurs centaines de morts. En parallèle, le QG londonien des hackers est lui aussi attaqué et ses membres décimés.

Zero Day efface donc Dedsec de l’équation. Cela serait sans compter un membre survivant de Dedsec pour mettre des bâtons dans les roues. Sabine, unique survivante du groupe de hackers, va reformer l’équipe pour découvrir qui est Zero Day et mettre fin à ses agissements.

Avant de reformer le groupe, plusieurs semaines se sont écoulées. Pendant ce laps de temps, les forces de police de la ville ont été remplacées par une société militaire privée nommée Albion, censée ramener la paix au sein de la ville ; cette dernière va utiliser des méthodes plutôt musclées pour arriver à ses fins et ainsi apporter à la douce ville de Londres une oppression assez lourdingue. Contrôle récurrent de l’identité des habitants, contrôles routiers, drones de combat, j’en passe et des meilleures. 

Avec la suppression de la quasi-intégralité de l’équipe, Dedsec va devoir racler les fonds de tiroir pour revoir le jour, et c’est justement ici que réside le principal leitmotiv de ce Watch Dogs Legion : il n’y a pas un seul « héros », toute la population de Londres peut le devenir et rejoindre Dedsec. Vous allez littéralement pouvoir recruter n’importe qui au sein de votre équipe, du mime de rue à la maîtresse BDSM en passant par la pédiatre armée d’un fusil mitrailleur, tous les habitants ont désormais des traits de caractère et des capacités qui peuvent être utilisés une fois que vous les aurez recrutés.

Ça, c’est ce qui est dit sur le papier. Et, il faut l’avouer, si c’est bien exact, c’est une véritable prouesse technique que de pouvoir transformer n’importe quel PNJ en protagoniste de notre histoire. Dans la pratique, c’est plus compliqué et je dois nuancer mon propos. Il est en effet totalement possible de recruter n’importe quel PNJ pour en faire un personnage joueur. Cependant, le jeu, faisant la part belle à cette fonctionnalité principale, perd en « âme ». Il n’y a plus un seul personnage principal, vous en avez potentiellement des milliers. Si nous pouvons reconnaitre que ce cher Aiden Pearce pouvait être assez compliqué à apprécier, il avait une profondeur, une backstory qui lui donnait une raison de s’enfoncer dans le mode « j’suis trop dark ». Pareil pour Marcus de Watch Dogs 2 où sa backstory et son sentiment d’injustice vis-à-vis du système – qui l’a classé comme « dangereux » sans avoir rien fait – justifiaient son adhésion à Dedsec.

Ici, pour recruter une personne, il suffit de l’aider en faisant une mission pour lui donner une image positive de Dedsec. Le PNJ rejoint notre équipe avec un petit « Fuck why not ! ». C’est un peu facile, je trouve. Aucune idée de la profondeur des personnages, aucune histoire les concernant, c’est juste « Oh ouais cool, Dedsec, j’arrive ».  Cela rend absolument tous les personnages beaucoup trop lisses. Mis à part leur profession, on ne sait absolument rien d’eux ni de leur motivation à rejoindre la bande de hackers, si ce n’est que « Albion nous oppresse et le CTos c’est le mal ».

L’attrait de nos protagonistes se fera donc davantage via ce qu’ils nous proposent comme capacités, allant d’armes spéciales à des véhicules personnels spécifiques en passant par des aptitudes au combat améliorées ; tous pourront se montrer utiles à un moment donné. Cependant, cela dépendra beaucoup de votre style de jeu. Londres proposant pas mal de façons d’appréhender une mission, vous aurez une nette tendance à favoriser l’un ou l’autre de vos agents, en laissant les autres en plan pour juste leur permettre de glisser leur réplique de temps en temps. Personnellement, ayant plus une appétence pour les actions à distance sans mettre en danger mon personnage, j’ai vite favorisé un hacker équipé d’un robot araignée et pouvant pirater les clés de cryptage (servant à ouvrir les portes) plus facilement.

C’est là où le bât blesse une fois de plus ; bien que vous ayez pas mal de personnages à votre disposition, vous ne pouvez pas les jouer tous simultanément. Changer d’agent en cours de route provoque un temps de chargement supplémentaire et remplace celui que vous aviez. Il aurait été sympa de voir un système à la GTA5 où plusieurs personnages pouvaient être contrôlés lors d’une phase de jeu pour disposer d’une plus grande versatilité lors de vos missions. Mais non.

Autre point frustrant : les agents « sous-couvert ». En effet, vous pourrez aussi recruter dans les forces ennemies. Leur tenue leur donne un accès plus aisé à certaines structures, par exemple un employé d’Albion va pouvoir rentrer dans des places fortes sans devoir hacker les portails. MAIS ! Comme si c’était marqué sur leur front qu’ils ont retourné leur veste, ils ne doivent absolument pas trop s’approcher des drones ou autres PNJ ennemis qui pourront détecter le pot aux roses. Cela perd totalement de son intérêt. Mon ex-employé d’Albion n’a du coup servi que lors d’une mission pour draguer une nana et ainsi avoir accès a ses données biométriques. Malin mais totalement réducteur. 

Pour renforcer le sentiment d’attachement aux protagonistes, Ubisoft nous propose deux choses. D’une part, certains de nos agents pourront se faire enlever. Il est alors de votre devoir d’aller les secourir et les libérer. D’autre part, il y a le « Permadeath » ou Mort définitive. Si l’un de vos agents venait à passer de vie a trépas en mission, c’est fini, il n’est plus disponible. Malheureusement, avec le manque d’attachement aux protagonistes, si l’un d’eux venait à mourir, nous sommes plutôt genre « Oh non, il savait hacker les drones plus facilement, c’est balot » plutôt que « Oh nooooon, je l’adorais, son histoire était tellement dramatique ». Le point rigolo dans l’histoire est que si un agent se fait kidnapper mais que vous n’avez pas activé le permadeath, après un certain laps de temps votre agent vous est rendu. Pires kidnappeurs ever.

Vous l’aurez compris, la plus grande force du jeu de par sa diversité de profils recrutables est aussi sa plus grande faiblesse. Vous pouvez recruter tout et n’importe quoi mais sans attachement. Il vous est bien sûr loisible de ne recruter que des personnages âgés (avec mobilité et possibilité de se mettre à couvert complètement nulles) pour faire un genre de « Low-run » du jeu. Le jeu n’a d’identité que via les autres personnages que vous allez croiser au cours de l’histoire ou via Bagley, l’IA de Dedsec à l’humour très british et sarcastique. Ne comptez pas sur vos agents pour apporter de la profondeur au récit car toutes leurs répliques sont interchangeables et même, ça ne leur donne pas plus de personnalité. C’est un vide scénaristique béant alors que nous savons Ubisoft capable de nos sortir de bonnes backstories.

Heureusement, le jeu ne repose pas juste sur ses personnages (dans le cas présent) mais aussi sur son histoire. Qu’est-ce que ça raconte de ce côté-là ?

Fool on my enemies

Comme décrit un peu haut dessus, il sera donc question dans Watch Dogs : Legion de découvrir l’identité de Zero Day, mais pas seulement. Les jeux Watch Dogs ont joué au yoyo avec le temps, entre un premier volet « serious business » avec des thèmes assez sombres et un second épisode beaucoup plus léger mais abordant aussi les libertés individuelles et le respect de la vie privée. Ce troisième opus va revenir dans les rangs du Watch Dogs premier du nom avec une histoire sombre qui entoure Zero Day et la façon dont les nouvelles factions vont s’imposer dans la capitale britannique. Sans trop vous spoiler le fil de l’histoire principale, on va ici parler de traite d’êtres humains, de trafic d’organes, de syndrome du messie mais aussi de transhumanisme. Et ça, c’est juste une partie des thèmes que le jeu va essayer d’aborder. Je dis bien essayer car souvent la mise en scène est maladroite et les fils du scénario assez grossiers. Nous aurions pu nous dire qu’avec un jeu se déroulant dans le futur, des sujets plus abstraits auraient pu être abordés. Mais il est certes plus facile d’aller voir dans la littérature SF d’anticipation. On dirait presque qu’ils ont mis dans un chapeau les différents thèmes récurrents de la SF pour les piocher au pif.

Vous allez sans doute me trouver dur, je le suis sans doute et à raison selon moi. La SF permet d’aller plus loin que les thèmes qui lui sont récurrents. La SF permet une liberté de créativité totale. Mais cherchant sans doute à ne pas aller trop loin au risque de perdre les joueurs, le pari aura été de rester sur un terrain qui est connu mais trop souvent exploré. Si nous devons aborder le transhumanisme, je ne peux que vous conseiller l’excellent film « Transcendance » avec Johnny Depp qui considère de manière froide mais réaliste ce qui pourrait se passer si nous transférions une copie de conscience humaine vers une machine connectée au web. Dans le jeu, ce thème n’est qu’effleuré. Dommage !

Souvent, en jeu, nous allons croiser des scènes et des décors d’un gore assez profond, mais notre manque d’attachement global va faire, par effet de rebond, que nous trouverons juste les décors dégueu et nous ne serons pas pris pour autant par une horreur de situation. Notre personnage croise des membres arrachés ou des corps carbonisés, mais il ne réagit pas pour autant, ne communique pas son dégoût via une ligne de dialogue. Rien.

En plus des quêtes principales, nous allons pouvoir nous balader dans Londres pour des missions diverses et variées. Tout d’abord, la ville étant aux mains des forces d’Albion, il sera de votre devoir de secouer un peu cette masse molle qu’est la population de la ville en lui montrant que la force d’occupation n’est pas si sympathique que ça. Ce sont donc plusieurs quartiers de la ville que vous aurez à « révolter » à raison de 4 à 5 missions par quartier. Mais attention, le « révolté » façon British, ce ne sont pas des manifestations, des feux de poubelles ou des magasins saccagés hein, non non, ce sont juste des checkpoints de contrôle d’Albion désactivés, des patrouilles moins présentes en rues, et trois péquenauds qui rouspètent devant des simulacres de barrages de protestation. Rien ne fait vraiment ressentir que la ville est révoltée. Si vous croisez l’immersion, dites-lui de venir me voir, on doit discuter.

En outre, la ville va proposer des activités supplémentaires comme la possibilité de mettre des tags outranciers sur les murs (issus de Watch Dogs 2), d’effectuer des missions « contrats » pour le groupe d’Hacktivistes « 404 » (du genre aller pirater un bâtiment, jeter un véhicule piégé dans la Tamise ou encore aller récupérer des drones écrasés pour les ramener) ou d’accomplir des séries de missions pour les différents personnages qui viendront aider Dedsec sans pour autant les rejoindre.

Dans le lot des autres activités, vous aurez des petits défis de jonglage dans les parcs ou de fléchettes dans les bars du coin. Au menu aussi, pour étoffer le lore du monde qui entoure les personnages ou votre garde-robe de masques, vous pourrez trouver en très grande quantité dans les rues ou bâtiments des logs audios ou écrits, des « reliques » ou des masques cachés un peu partout. Le but est avant tout ici de vous encourager à découvrir la ville.

Cette ville, parlons-en donc ! Londres, si vous ne l’avez pas encore deviné, sera ici notre terrain de jeu. Comme expliqué en début de test, nous revenons dans un univers plus sombre à l’instar du Watch Dogs premier du nom. Exit donc les rues colorées ou de vastes lieux à découvrir, nous serons cantonnés aux rues de la capitale britannique. Cette dernière, malgré son essor technologique et architectural, restera la Londres que nous, Européens, connaissons bien. Cela a un double effet « kiss-cool ». On se dit « Cool, Londres ! je reconnais ça, ceci et encore ça ! », mais au demeurant, cela reste Londres, et l’effet de dépaysement est moins important qu’avec une ville américaine dont les rues et lieux nous sont inconnus.

D’un point de vue graphique, nous remarquerons que nous sommes dans la moyenne générationnelle, les rues et décors ne sont ni moches ni beaux à en pleurer. Watch Dogs : Legion laisse cependant une impression d’un risque minimum pris par Ubisoft, vu que le jeu est un cross-gen et qu’il doit sortir aussi sur PlayStation 5 et Xbox Series S/X. Nous sentons d’ailleurs que le titre est taillé pour les SSD vu la longueur des temps de chargement qui peuvent être très importants. La vie est pourtant bien présente dans les rues de Londres, avec les manifestations, les gens dans les parcs et ceux qui font du sport autours d’un kiosque. Mention spéciale aux PNJ que nous pouvons voir se gratter les fesses en marchant en rue.

Drone de Gameplay

On a parlé beaucoup ici de cohérence scénaristique, de décors ou encore de l’univers en général du jeu, mais nous n’avons pas encore parlé du gameplay en tant que tel. Ce dernier se veut relativement proche des précédents opus mais hélas en édulcorant un peu la recette. Tous les agents de Dedsec que vous avez sous le coude disposent de capacités qui leur sont propres. Par exemple un ouvrier pourra s’introduire plus discrètement sur les chantiers contrôlés par l’ennemi et invoquer un drone lourd de transport. Il y a aussi le cas des espions qui peuvent courir sans être entendus et disposent d’une arme léthale silencieuse. Chaque personnage a donc son intérêt selon votre façon de jouer.

Plus encore, vous aurez des compétences groupées dont tous les agents pourront profiter. Grâce à des points de technologies cachés un peu partout en ville, vous pourrez acheter des drones tueurs, débloquer la possibilité de détourner les drones ennemis ou de simplement les désactiver ou encore acheter une capacité qui va « cacher » un ennemi aux yeux de tous lors d’une élimination discrète. Pratique pour l’infiltration. Au programme, ce ne sont pas moins de 24 capacités ou options à débloquer et qui fonctionnent le plus souvent en paliers. Dans le cas de la gestion des tourelles, le premier palier est de la désactiver temporairement, le second de pouvoir en prendre le contrôle et le dernier est de la retourner contre son propre camp. Cela donne énormément de variété à vos possibilités d’appréhender une situation. Foncer dans le tas ou laisser les défenses ennemies faire le travail à votre place avant d’investir les lieux, le choix vous appartient.

Cependant, quitte à enfoncer les portes ouvertes, parlons des drones. Ces derniers ont été amenés dans le gameplay par Watch Dogs 2. Et cela semble avoir beaucoup plu à la communauté ainsi qu’à Ubisoft, car dans Legion, ça déborde littéralement de drones ! Des petits, des gros, des avec des pattes, des qui ont des mitrailleuses ou livrent des paquets. C’en est limite de trop à tel point que cela facilite à l’excès certaines phases de jeu. Souvenez-vous dans les derniers trailers : on appelait en renfort un personnage ouvrier qui donne accès aux gros drones porteurs qui peuvent vous transporter sur les toits. Nous pensions cette fonctionnalité réservée du coup à cet ouvrier. Mais non, tout comme une exclu temporaire sur notre console préférée, n’importe quel personnage peut appeler un drone porteur à partir d’une plateforme prévue à cet effet.

Dans le même ordre d’idées, certains poncifs de Watch Dogs ont disparu de cet opus. Aiden Pearce tout comme Marcus pouvaient désactiver le courant (et la lumière) sur un pâté de maisons. Legion ne propose hélas plus ceci. Nous nous souviendrons aussi des pièges que nous pouvions tendre lors d’une course poursuite, en éteignant les feux de circulation ou en faisant sauter des conduites de gaz, n’en reste ici que quelques plots rétractables de contrôles routiers. Une chose qui avait été reprochée à Watch Dogs 2 est la surutilisation des mini-jeux « Pare-feu » que d’aucuns trouvaient trop difficiles. Rassurez-vous, ils sont ici moins nombreux (ils sont même devenus anecdotiques) et assez faciles.

Nous remarquons malheureusement une disparition de quelques mécaniques de gameplay qui permettaient pourtant de renforcer cette impression d’emprise technologique que nous pouvions avoir sur la ville. Ceci est désormais relégué aux zones où nous rencontrerons des ennemis, mais nous ne trouverons plus de pièges à faire exploser dans les rues normales de la ville.  

Pourtant, si nous ne pouvons que regretter cette sensation d’appauvrissement du gameplay, l’offre que nous avait faite initialement Ubisoft est remplie : pouvoir jouer avec n’importe qui. C’est le cas et c’est techniquement impressionnant. Mais du coup, de par cette possibilité technique assez dingue et qui, il me semble (corrigez-moi si je me trompe), n’avait encore jamais été offerte à l’échelle d’un open-world, nous perdons en originalité et en créativité.

Le constat : en pouvant jouer avec n’importe qui, on en arrive à faire n’importe quoi.

Note

12/20

Ce dernier volet (pour l’instant) de la série Watch Dogs relève le défi d’Ubisoft : pouvoir jouer avec n’importe quel personnage. Cependant cela provoque de nombreux dégâts collatéraux, comme la disparition de certains fragments de l’héritage des précédents Watch Dogs, un scénario qui existe mais qui se survole sans vraiment creuser son sujet ou un manque d’icônisation des personnages. Vous jouez un bonhomme lambda qui ne faisait que passer par là. La génération "Zapping" s'installe à notre plus grand dam.

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