Marvel’s Avengers

Marvel’s Avengers

– Stark, nous avons besoin d’un plan d’attaque.

– J’ai un plan : on attaque !

Du Avengers sans Disney derrière

En voilà une excellente nouvelle pour les fans de super-pouvoirs et de capes (même si peu recommandées si vous avez regardé les Indestructibles) ! Le conglomérat Crystal-Eidos-Square nous livre sa vision des Vengeurs par le biais d’un jeu orienté multijoueurs à l’image d’un Destiny, The Division ou du regretté Anthem. Si la comparaison est évidente pour les mécaniques générales d’évolution des personnages ou de rangs de faction, il va de soi qu’on ne parlera pas d’AK-47 ou d’armes cinétiques mais bien de capacités intrinsèques ou d’attaques emblématiques. Le pari est donc risqué de livrer un univers, dont la fanbase peut s’avérer exigeante, à un principe déjà éprouvé et souvent jugé redondant. D’autant que les fans avaient déjà réagi défavorablement aux looks des héros, sûrement trop éloignés à leur goût de ceux du MCU canonique de Disney. Les règles essentielles sont cependant respectées (Tony reste narcissique et Hulk n’aime pas Thor) au point même qu’on regrette un manque de prise de risque. Ce sera d’ailleurs le sentiment général.

Avant de se lancer dans la mêlée, on va établir le cadre. Le jeu a subi plusieurs mises à jour lors de mon test, passant en 1.04 en early access (avant le 4/09) puis en 1.05 au jour de sa sortie. J’ai pris sur moi de ne pas accélérer les choses et de m’assurer que le test serait le plus fiable possible (car beaucoup de tests n’ont pas dû prendre en compte la dernière mise à jour). Vous imaginez bien qu’au vu du contenu encore à venir, on reste sur un instantané de mon ressenti sur le jeu à sa sortie officielle plutôt que sur ce qui vous attendra d’office si vous vous lancez dans l’aventure.

Welcome to the A-Day

J’ai adoré le mode solo. Voilà, je l’ai dit, maintenant modérons le propos. Comme nous sommes en présence d’un univers plus que connu du grand public, la difficulté de l’exercice était de proposer un scénario crédible et assez trépidant. Difficile quand les canons du genre tournent toujours autour d’un méchant qui prépare une vengeance destructrice que seuls les plus purs héros pourront déjouer. Pas de chance à ce niveau-là, l’histoire n’est pas faite pour bousculer les codes mais bien pour cadrer les joueurs sur l’essentiel : rassembler les Avengers. C’est donc majoritairement par les actions de Kamala Kahn, la future Mrs Marvel, que nous vivons une campagne qui posera les bases des futures missions, appelée l’Initiative Avengers.

Kamala est une véritable nerd qui obtient la chance de participer à un événement majeur des Avengers qui, évidemment, va mal tourner. Après une courte phase aux relents de didacticiel, le joueur est tenu par la main à travers un scénario simpliste (et sans risque de perturber l’ordre établi) mais qui met l’accent sur le spectaculaire et les cinématiques. Ainsi, l’aspect « jeu de couloir » sert une action trépidante, sans temps mort, à tel point que même les phases d’infiltration se passeront très rapidement si on respecte la vitesse du petit train des scripts. Le scénario est certes convenu, il ne sert qu’à conditionner le joueur à regrouper la fine troupe puisqu’ils seront tous jouables (et déblocables) lors de missions adaptées aux capacités du personnage concerné, que ce soit par des phases de plateforme pour se familiariser avec les types de déplacements de Kamala (et de Black Widow qui sera similaire) ou des phases de shoot effrénées avec Iron Man (qui se pilote comme le vol de Thor).

Manette en main, le joueur évolue souvent dans de superbes décors très variés et détaillés (mais étriqués) qu’il ne sera souvent amené qu’à croiser une fois dans l’histoire. Dommage quand on ne voit que les mêmes décors dans les missions ultérieures ou celles orientées sur un seul personnage (toutes les bases de l’A.I.M. à travers le monde ont acheté leurs fournitures chez le même grossiste). Un travail considérable sur l’emballage mais qui s’essouffle rapidement si on ne prend pas le temps de se rabattre sur le gameplay. En effet, le joueur sera balancé de hub en hub (petite instance solo où votre personnage peut interagir avec toutes sortes de personnage) avec le choix de continuer les missions scriptées qui vous feront explorer tous les aspects des différents héros ou tenter des missions annexes qui vous feront entrevoir le contenu haut niveau, moins beau et plus redondant qui fait la part belle à de plus grandes cartes jonchées de nombreux secrets à looter (équipement ou ressource pour améliorer les personnages). Si les abris du SHIELD sont originaux dans leur approche, beaucoup d’autres missions se résument à entrer dans une arène pour tuer tout le monde. Encore un manque de prise de risques. Pour ce qui est du combat à proprement parler, les actions sont typiquement les mêmes pour chaque vengeur. Il y a une frappe légère, une lourde, une touche d’attaque à distance qui vous donne un réticule comme dans les jeux de tir, le saut ou vol, d’autres capacités héroïques sur les boutons de gâchette, une attaque ultime (L1 + R1 sur PS4), une esquive et un obscur bouton qui gère à la fois l’énergie et la parade. Seul problème, ce bouton de gâchette (R2 dans mon exemple) permet non seulement de puiser dans la force intrinsèque du personnage (la rage de Hulk, la protection du bouclier de Captain America ou l’énergie de l’armure d’Iron Man) mais aussi de parer un adversaire qui attaque (avec un code couleur pour les attaques imparables). Il arrive donc souvent de placer des contres dévastateurs sur un adversaire qui attaquait votre dos alors que vous vous concentriez sur un autre ou justement de forcer votre personnage à réagir à une attaque qu’il aurait dû esquiver et être interrompu. Les ennemis se résument souvent à une flanquée de robots et drones (c’est moins violent à démembrer) dont seules les couleurs apporteront de la variété.

Rapidement, le joueur est mis au courant de ce qui l’attend à travers l’écran de personnage. Un inventaire qui comprend 4 emplacements pour des équipements proposant des bonus qui permettront au héros de valoriser un aspect de ses compétences. En parlant de compétences, elles permettent de spécialiser un héros à un certain type de combat. Mon Captain America est un personnage qui privilégie la distance à coups de bouclier qui rebondit sur les ennemis ciblés, alors que mon Thor est spécialisé dans la force de ses attaques intrinsèques de foudre. On peut donc privilégier le corps-à-corps, l’utilisation de ses pouvoirs ou la distance. Le but étant qu’une fois fini le scénario principal, le joueur se retrouve avec six Avengers qui ont chacun un inventaire (il y a un casier pour stocker), un arbre de talents et… la « collection » !

C’est le fer de lance de ce jeu ! Des consommables vous feront découvrir des couvertures emblématiques de comics qui, une fois rassemblées, offrent des bonus permanents. Vous aurez la possibilité de débloquer des skins (car l’équipement n’influe pas sur le visuel) afin de parer votre chouchou de ses meilleures couleurs ou encore un menu permettant de changer l’emote active ou le visuel du coup de grâce parfois disponible contre un ennemi étourdi. Et c’est là que le doute s’insinue encore plus. Chaque personnage dispose d’une carte de défi qui débloque au fur et à mesure des récompenses, dont la monnaie « payante » du jeu. Celle qui est extrêmement difficile à obtenir mais qui permet d’acheter des skins plutôt originales (plus que celles débloquées dans le jeu évidemment) en sachant qu’un système de crédits en jeu vous permet aussi de faire des transactions avec des vendeurs génériques. De plus, un système de faction vous octroiera des récompenses en fonction d’objectifs ou missions donnés. Certaines prolongent l’affrontement contre Taskmaster ou les clones de l’Abomination, d’autres se cantonnent au minimum syndical. Le tout est lisse, sans saveur, sans… (après moi !) prise de risques.

À l’écran, on peut passer des moments purement cinématiques qui laissent les joueurs la bouche entrouverte avec des moments où le flou cinétique nous noie dans un déluge de couleurs. L’écran tente toujours d’afficher le minimum d’informations, donc les jauges et autres pointeurs d’objectifs n’apparaissent qu’à la demande du joueur via une touche dédiée (et même une boule lumineuse qui flotte vers l’objectif principal). On oscille donc entre immersion totale et ralentissements dus aux nombreux ennemis à l’écran (plus quelques bugs mineurs à reporter). Le multijoueur n’est jamais forcé (on peut très bien avancer avec des bots quand l’équipe le requiert), mais s’en priver vous fait indéniablement passer à côté du plaisir coupable du jeu qui est de parader avec sa version d’un des Avengers aux côtés d’autres acolytes. Point d’autre chose à faire une fois la campagne dévorée si ce n’est de déchaîner avec style la puissance de votre vengeur préféré afin de le rendre encore plus stylé et puissant. Avec l’ambiance générale du titre qui pèche dans sa créativité, même dans les compétences, on aura vite fait le tour des possibilités qu’offre le titre tant les différences sont minimes entre chaque personnage. D’accord, Black Widow utilise des fusils pour tirer alors que Hulk détache un morceau du sol avant de le lancer, mais tous peuvent débloquer une attaque puissante en réaction à une parade réussie ou améliorer le temps de recharge d’un talent. On se tournera donc vers les ajouts cosmétiques, ce qui, comme je l’ai dit plus haut, s’avère long et périlleux sans ouvrir votre portefeuille.

Le matchmaking du jeu sera, au final, l’écran que vous contemplerez le plus, à choisir une mission et un personnage à incarner. Libre à vous alors d’attendre d’autres joueurs (ou d’inviter des amis, pour ceux qui en ont) avant de lancer la mission. L’IA des alliés ne m’a jamais pris à défaut, n’hésitant pas à venir rapidement me relever quand les lumières floues avaient eu raison de mon énorme talent de parade (hum hum). Certains objectifs demanderont un peu de coordination, mais comme le jeu peut se jouer en solo, impossible de faire participer l’I.A. à une énigme complexe sans aider alors le joueur. On activera des portes, on détruira des points d’intérêt et parfois on devra tenir un objet qu’un allié pourra alors détruire. Une simple touche fait apparaître en surbrillance la position des alliés ou les objectifs actifs, donc pas moyen de se perdre. En gros, on reste sur notre faim, tant chaque personnage rencontré ouvre des perspectives scénaristiques qui s’avèrent vite classées en nettoyage de base de méchants.

Force est de constater que le temps des grandes voix de doublage français est révolu (Thor qui force la voix), donc vous ferez mieux de télécharger les voix anglaises (pour l’incontournable Troy Baker entre autres) bien moins nuisibles à l’immersion. La bande son peut s’avérer prenante (la musique épique sur fond de « boing » bien douloureux du bouclier de Captain America pendant que Hulk rugit de rage au loin) mais sans aspérités le plus souvent. Ainsi donc, on finit très vite lassé, écrasé par la difficulté de se procurer des personnalisations vraiment originales.

Il va de soi qu’on parle d’une version du jeu qui sera amenée à s’étoffer de contenus. Actuellement, le titre n’est pas à la hauteur de son univers et les modes de jeu gagneront à se diversifier afin de sortir la boucle de gameplay d’une routine lassante. On veut du boss, on veut du raid (Pour la Horde !), on veut des compétences de soutien plus nombreuses ! Il s’agira pour Square d’obtenir l’utilisation d’autres représentants de la licence Marvel en espérant ne pas finir dans des débats comme pour Sony et Spidey. Seul l’avenir (du modèle économique ou de l’acquisition de contenu) nous dira si le jeu méritera un peu plus d’une vingtaine d’heures avant de risquer de vous lasser.

Note

12/20

Les Avengers roulent des mécaniques, mais le peu de contenu étouffe vite les flammes. Sachant que le jeu ne peut que s'améliorer, espérons que l’appât du gain sera moins fort que la volonté de titiller les fans là où ils attendent leurs icônes.

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