The Almost Gone

The Almost Gone

La vie reste-t-elle un mystère jusqu’à notre dernier souffle et faut-il attendre d’être au seuil de la mort pour enfin percer les secrets de notre existence ? Et si, juste avant de quitter le monde des vivants, on nous laissait le temps de comprendre ce qui nous a toujours échappé ?

The Almost Gone offre cet instant de révélation à sa protagoniste, une jeune fille au crépuscule de sa vie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’y trouvera pas le repos de son âme. Son histoire familiale est d’une froideur polaire qui aura glacé le cœur de ses parents et grands-parents. La joie n’était pas la bienvenue chez elle et pourtant, c’est en rose bonbon qu’elle remonte le cours de son chemin.

On préfère vous prévenir, aucun bon souvenir n’attend notre malheureuse héroïne. Paradoxalement, son dernier voyage lui apparaît dans toutes les couleurs d’une boîte de pastels. L’ironie est cruelle et son monologue durant cette aventure morbide exprime toute la malice de son destin. À la manière de Gone Home, c’est seule qu’elle retracera les événements majeurs qui ont empoisonné sa famille.

L’univers macabre de The Almost Gone se présente dans une perspective isométrique. En général, l’écran affiche une pièce que vous pouvez faire pivoter sur un axe horizontal pour l’observer de tous les côtés. C’est ainsi que vous fouillerez chaque recoin de la pièce. Imaginez un point & click où les développeurs s’amusent à cacher des indices dans les angles morts. C’est fou tout ce qu’on peut planquer derrière un meuble ou un escalier !

La zone de recherche peut sembler petite, d’autant plus qu’il est impossible de zoomer. Pas de panique toutefois, lorsque vous trouvez un objet intéressant, il ira s’afficher en grand dans une des vignettes disposées des deux côtés de l’écran. Ces vignettes contiennent un indice capital à mémoriser ou un élément avec lequel interagir. Le début est accueillant, les énigmes vous mettent à l’aise. Oh la jolie boîte avec son orifice parfait pour y insérer une manivelle ! Plus qu’à trouver cette manivelle, me direz-vous. Alors changeons de pièce en cliquant sur les flèches pointant vers une direction.

Il arrive qu’on se sente bien con dans un point & click. Mais qu’on s’y perde, c’est plus rare. Mon sens de l’orientation légendaire m’a pourtant joué des tours dans The Almost Gone. Une fois que je fais pivoter une pièce, difficile pour moi de comprendre que le haut de la maison est devenu la gauche… Quand on se creuse la tête pour trouver la solution à un problème, c’est agaçant de galérer pour retrouver son chemin. Et quand on se rend compte que les environnements comprennent à tout casser une dizaine de pièces (parfois sur quelques étages), on n’est pas fier de soi.

Cela dit, les énigmes ne sont pas tordues et ont une logique que vous n’aurez pas trop de mal à saisir. Il s’agit souvent d’associer des chiffres trouvés par-ci par-là ou de combiner des mécanismes assez explicites. Et puis, même si une énigme vous prend la tête, ne soyez pas honteux de consulter la soluce en vidéo directement intégrée au jeu. La difficulté m’a paru idéale pour profiter de l’ambiance sans blocages trop longs.

Le ton n’est pas à la fête, on le répète. L’histoire familiale est pesante et chaque commentaire de l’héroïne alourdit le propos. Il est question d’une relation tourmentée entre les parents, qui ne pouvaient plus se sentir apparemment. Entre la mère dépressive et le père torturé notamment par son statut d’architecte raté, ce n’était pas la folle ambiance. Leur fille est perdue au milieu de ces disputes et ce ne sont certainement pas ses grands-parents qui lui remontent le moral. On vous laisse évidemment apprendre les antécédents familiaux les plus sordides. Le scénario se dévoile souvent à demi-mots et l’intérêt du jeu est aussi de faire ses propres déductions. Pourquoi le père aimait-il tant faire du camping avec sa fille et surtout sans sa femme ? Que signifie cette obsession pour la cabane perchée dans l’arbre ? Comment interpréter les troncs qui envahissent la maison ?

Les teintes pastels sont une anomalie dans l’obscurité qui enveloppe The Almost Gone. Plus on avance, plus on a de la peine pour le personnage qu’on dirige. Si sa vie fut à l’évidence pénible, ses derniers instants ont tout du cauchemar. La vision d’un liquide noirâtre qui s’écoule sous une porte, la frayeur due au bruit d’une vitre qui éclate, le souvenir d’un accident grave, l’héroïne va en baver… Et pour continuer de mettre une grosse ambiance, la musique en rajoute avec des bruits de souffle et des petits cris bien sympathiques. Inutile de dire que le style « maison de poupées » colorée ne résiste pas à ce déluge funeste.

Cette maison de poupées a ses fondations en Belgique : The Almost Gone est le premier jeu majeur du studio Happy Volcano, établi à Leuven. Vendu de 7 à 15 euros selon les versions, ce point & click belge étale ses qualités esthétiques et scénaristiques sur PC/Mac, Switch et mobiles iOS et Android.

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