Darius Cozmic Collection

Darius Cozmic Collection

Taito s’est mis en tête de ressortir l’un de ses plus grands succès dans le domaine du shoot’em up. Pas le phénomène Space Invaders ni l’excellent Phoenix, mais son shmup aquatique Darius. Une légende du genre qui méritait bien une voire deux compilations : Darius Cozmic Collection Arcade et Console, sur PS4 et Switch.

Dans les eaux troubles du shoot’em up, on peut encore pêcher des séries venues des profondeurs. Sur la même bouée que Raiden ou Gradius, Darius a réussi à surnager pendant des décennies. Née en arcade, puis portée par bancs entiers sur consoles et micro-ordinateurs, la série Darius fait parler d’elle à la criée depuis 1986. Une longévité aussi impressionnante que sa borne originelle.

Trois écrans, c’est trois fois plus de têtes qui se retournent sur vous en salle d’arcade. Le premier Darius s’affiche en long et en large sur trois écrans intégrés à sa borne volumineuse. Avec sa taille imposante, Darius entend immerger les joueurs dans les flots à perte de vue. Et c’est comme ça que débute la série Darius qu’on retrouve aujourd’hui, en 2020 !

Darius Gaiden

Parlons contenu. Darius Cozmic Collection Arcade comporte trois jeux : Darius et Darius 2 (avec quelques révisions ou versions de régions différentes) et Darius Gaiden. Darius Cozmic Collection Console englobe des portages de Darius 1 et 2 (sur Mega Drive, Master System et PC Engine) et deux jeux exclusifs à la Super Nintendo. Tout ce qu’il faut pour satisfaire le fan de Darius ? Pas encore, puisqu’il manque les plus récents G-Darius et Dariusburst, que Taito compte d’ailleurs rassembler dans une nouvelle compilation. On parlera de prix plus tard, mais vous comprenez déjà que Taito ne fait pas dans l’œuvre de bienfaisance.

Des deux compilations déjà sorties, laquelle choisir ? La compilation Arcade sans hésiter. Parce qu’on y retrouve les versions originales dans toute leur largeur, des options de jeu et d’affichage plus fournies et, surtout, parce qu’elle contient une tuerie de shmup en la personne de Darius Gaiden. Mais ne nous précipitons pas et commençons par le commencement.

Darius

Le premier Darius pose les bases immuables de la série et surtout le thème des poissons robotiques qui fait qu’on reconnaît un Darius au premier coup d’œil. Au royaume des vaisseaux spatiaux, Darius se démarque des autres shmups en accueillant des ennemis aquatiques mi-organiques mi-robotiques. Dès le premier stage de Darius, les animaux marins sont de sortie et leur rencontre fait toujours son petit effet. Des simples poissons aux baleines en passant par les hippocampes et les crabes, toute la création aquatique a décidé de vous faire perdre vos pièces de monnaie.

Darius 1 installe aussi le système de triple power-up : arme principale, missiles et armure. Chaque famille de bonus a sa couleur (rouge, vert ou bleu), matérialisée par de petites boules éjectées par certains ennemis arborant justement cette couleur. Ensuite, Darius premier du nom invente la célèbre introduction des boss : « A huge battleship is approaching fast ». Il inaugure une autre constante de la série, qui permet au joueur de choisir le niveau suivant entre deux embranchements. Le nombre de stages gonfle ainsi et offre une rejouabilité inédite pour un jeu du genre. Enfin, il adopte le mode deux joueurs.

Darius 2

Darius 2 se contente de deux écrans sur sa borne, mais est tout aussi impressionnant. Trois ans le séparent de son aîné et ça se voit. La réalisation est nettement supérieure et les effets visuels lui donnent déjà une allure moderne. En termes d’accessibilité, Darius 2 est aussi plus sympa avec le joueur en offrant une résurrection à l’endroit de la mort et non au dernier checkpoint. Il demeure cependant impitoyable, même si les crédits infinis dans cette compilation vous permettront d’en voir la fin, certes avec un orgueil à zéro.

Notez aussi, pour aller jusqu’au bout de la fourberie, que les trois jeux de la compilation Arcade comportent un mode « training », dans lequel vous pourrez choisir le niveau de départ et votre armement. Pas du luxe pour passer les derniers niveaux et faire manger leurs arêtes aux boss. Les boss, parlons-en, sont une autre marque de fabrique de la série. Bien dessinés, géants et habiles de leurs nageoires, les gardiens de fin de niveau sont une vraie motivation pour se cramponner à sa manette. Ceci dit, la renommée des boss de Darius n’existerait peut-être pas sans la suite de Darius 2 : Darius Gaiden.

Darius Gaiden

Pour bien vous faire comprendre mon point de vue, voici une appréciation qui vaut ce qu’elle vaut : il faut avoir joué à Darius Gaiden une fois dans sa vie ! Aucun autre shmup ne m’a autant embarqué dans son univers. On y retrouve bien sûr l’ambiance marine, mais sous une forme psychédélique auquel on ne peut qu’adhérer, selon moi. Dès l’attract mode, on est impressionné par l’énorme poisson-robot qui passe, menaçant, devant les fenêtres de notre base spatiale. Puis c’est le jeu qui commence, et surtout sa musique. Le genre du shoot’em up regorge de bonnes bandes originales – citons juste celles d’Axelay et de Dodonpachi parmi tant d’autres. Néanmoins, aucune soundtrack n’a été aussi loin dans le « délire » que celle de Darius Gaiden. Très originale pour un jeu de tir (et pour un jeu tout court), la musique de Darius Gaiden est à la fois hypnotique et excitante. Elle mélange tout un tas de sons différents avec du chant, un chant venu d’ailleurs qui vous prend aux tripes. Elle réussit aussi très bien à accompagner l’action et à intensifier les moments forts. Du grand art tout simplement !

Au niveau technique, c’est le jour et la nuit par rapport aux deux premiers Darius. L’épisode Gaiden sort en 1994 et Taito sort le grand jeu avec une multitude d’effets à l’écran, allant parfois jusqu’au passage dans une autre dimension – psychédélique à souhait. Évidemment, pour ne rien gâcher, les décors sont superbes, les ennemis sont finement dessinés et… que dire des boss ? Le tout premier boss est un énorme poisson jaune animé de la queue à la bouche. Le bougre se déplace avec un naturel presque inquiétant et balance des coups de queue rageurs à votre petit vaisseau. Et pour tirer sa révérence, il explose en tranches de sushi voguant à jamais dans le néant spatial. Fabuleux ! Une fois arrivé à la fin du premier niveau, vous êtes happé par le jeu et en garderez de toute façon un souvenir vivace.

Darius Gaiden n’oublie pas non plus d’enrichir son gameplay. Il étend la gamme des armes et il ajoute surtout une smart bomb du plus bel effet. Pour vous sortir d’un mauvais pas, rien de tel que cette bombe surpuissante qui aspire les ennemis dans un vortex avant d’exploser sur tout l’écran. Grandiose ! Enfin, l’épisode Gaiden introduit la capture du mid-boss. Le général de moitié de niveau présente une petite boule au sommet de son crâne. Si vous visez cette boule sans trop endommager la créature qu’il surplombe, vous pourrez prendre possession du mid-boss et vous en faire un allié pendant un certain temps. Une idée sympathique, qui sera encore mieux mise à profit dans l’épisode suivant, G-Darius.

Parlons rapport qualité-prix maintenant. La compilation Darius Cozmic Collection Arcade coûte 40 euros en téléchargement et ne comporte que trois jeux, mais elle propose aussi des versions alternatives des deux premiers Darius. Ces révisions territoriales ne sont pas si anecdotiques que ça, tant elles peuvent complètement bouleverser le déroulement du jeu. De plus, le développeur M2 (de tous les bons coups décidément) a prévu de nombreuses options visuelles : de l’affichage point par point super précis à l’écran plein dégueu en passant par des scanlines plutôt réussies. Et avant tout, il est possible de reproduire les versions à deux ou trois écrans des bornes d’arcade, dont l’authenticité va même jusqu’à recréer, en option, les bords visibles des écrans (les bornes utilisant un système de miroir, on voyait clairement les limites des différents moniteurs). Enfin, la grande largeur de l’affichage laisse beaucoup de place en haut et en bas. Une place que vous pouvez combler comme vous le souhaitez, en ajoutant notamment le panel du jeu, la jauge de vie des boss, votre niveau d’armement, le titre de la musique en cours ou encore un avant-goût du stage suivant.

En résumé, il sera très difficile de trouver un autre moyen de jouer à Darius 1 et 2 dans des conditions aussi agréables. Sans compter que sur Switch, la configuration portable n’a aucun équivalent et tourne comme une horloge. En ce qui concerne Darius Gaiden, qui s’affiche d’origine sur un seul écran, vous pourrez aussi trouver votre bonheur dans le portage Saturn qui mérite la mention « arcade perfect » (le portage sur Playstation est bien moins resplendissant). Néanmoins, vous n’avez peut-être pas de Saturn à la maison, d’autant plus capable de lire la version japonaise bien plus abordable. Tout ça pour dire que les 40 euros se justifient parfaitement selon moi.

Darius Twin, une exclusivité Super Nintendo

L’édition Console de la compilation (dématérialisée elle aussi) coûte 55 euros et se targue de contenir six jeux. Néanmoins, je réserverais cette compilation aux gros fans de la série, qui voudraient jouer facilement à ces titres rétro sur un écran plat. Je n’imagine pas en effet que les mordus de Darius ne possèdent pas déjà les deux épisodes (dispensables) exclusifs à la Super Nintendo. Pour le reste, les portages consoles des deux premiers Darius sont de bonne qualité, et je ne me lasse pas d’admirer le niveau technique de la conversion tardive (1992 quand même) sur Master System. Quant à la PC Engine, elle est bien représentée aussi avec deux portages, dont une version très intéressante pour son boss rush. Néanmoins, est-ce que cela vaut 55 euros ? Non, d’après moi. Autant je peux vous conseiller la compilation Arcade, autant vous n’avez pas besoin de moi pour évaluer si la compilation Console est faite pour vous. Si vous êtes collectionneur et que vous recherchez toutes les versions de vos chers Darius, faites-vous plaisir avec les deux compilations.

Note

14/20

Darius est un grand nom du shoot’em up, qui n’a jamais été aussi bien mis en valeur que dans la compilation Darius Cozmic Collection Arcade. Les options d’affichage reproduisent fidèlement le choc ressenti par les habitués des salles d’arcade - assurément une page d’histoire du jeu vidéo. La présence d’un Darius Gaiden en pleine forme rend même cette compilation indispensable pour les joueurs de shmups. De son côté, la compilation Console propose certes des portages réussis, mais elle ne s’adresse qu’aux mordus de la série.

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