Ori and the will of the wisps – l’épopée mirifique

Ori and the will of the wisps – l’épopée mirifique

Que valait le premier Ori ?

Si vous l’avez terminé, difficile de ne pas vous souvenir de Ori and the blind forest. Véritable OVNI sorti en 2015 sur Xbox One, le jeu fut une véritable pépite à part dans le monde du jeu vidéo. La claque graphique imposée par sa 2.5D remémorait la beauté de Rayman Origins et Legends, mais à un stade encore inégalé pour l’époque.

Ce premier opus n’a rien réinventé et s’est pourtant taillé une place imposante dans le monde du jeu vidéo 2D. Créé par Moon Studios qui en était à son premier essai, ce fut une réussite complète. Un monde magnifiquement féérique mais tout à la fois cruel et débordant de créativité. Chaque arrêt sur image pouvait constituer un potentiel nouveau fond d’écran tant la direction artistique fut rondement menée. Les artistes du studio s’en sont donné à cœur joie. Les compositions musicales étaient elles aussi somptueuses, parfaitement adaptées et créées pour le rythme des différentes scènes.

Le récit était très simple comme dans un Mario, sauver la forêt en empêchant Kuro, l’oiseau destructeur, de nuire. Avec son gameplay pêchu et difficile, Ori entraînait de nombreuses morts. Son côté Metroid-vania s’inscrivait parfaitement dans la formule pour proposer de nouvelles étapes rafraîchissantes et grisantes. Moon Studios a brillamment réussi en 2015, mais qu’est-il en 2020 ?

Une suite aussi palpitante

Le début de l’histoire est très simple : vous incarnez Ori, petit esprit de la forêt, hébergeant l’œuf de l’antagoniste du premier épisode. Celui-ci éclot et Ori et ses deux amis le prennent sous leur aile. Afin de ne pas dévoiler trop du scénario principal, l’histoire va se dérouler selon les mêmes étapes que le premier épisode. Un élément déclencheur assez tragique amène Ori à errer dans la forêt et continuer ses aventures. La forêt se meurt et Ori doit se mettre en route afin de retrouver les différents feux follets, dispersés aux quatre coins de la carte.

Le gameplay a été complètement retravaillé. Adieu le martèlement du X sur votre manette, vous disposez désormais de multiples capacités et armes à placer sur X, Y et B. Jamais Ori n’aura paru si fluide dans ses mouvements, les différentes attaques s’enchaînent sans aucune interruption à la perfection, si bien qu’Ori premier du nom prend un coup de vieux instantanément. Vous pourrez ainsi propulser un ennemi en l’air grâce au marteau, l’enchaîner en l’air grâce à l’épée pour finir par le balancer dans un coin et le cribler de flèches. Le gameplay s’en retrouve bien plus profond et dynamique, notamment aussi grâce au système de compétences passives permettant par exemple de subir plus de dégâts pour en infliger davantage. La mort est à chaque recoin pour un œil non attentif et n’importe quel adversaire autre qu’une limace peut vous donner du fil à retordre.

Ori bondit, vole, plane, transperce et nage. Toutes les améliorations apportées à cet opus donnent envie d’y retourner à chaque instant. Moon Studios s’est permis d’améliorer son game-design en profitant de ces améliorations, chaque route est sujette à un secret et les plus collectionneurs d’entre nous se retrouveront forcés de trouver tous les orbes, minerais gorlek et points d’expérience. Afin de vous garder le maximum de surprise, aucune des nouvelles compétences ne sera ici dévoilée.

Un level-design au sommet

Si Ori and the blind forest faisait preuve d’un excellent level design, cette suite a hérité de toutes ses qualités. Tous les recoins de la carte grouillent de petits secrets, tous calculés pour les atteindre avec une compétence ou un mouvement spécifique. Le tout est cohérent et forme un monde complet et intelligent. Combien de fois en parcourant la carte, environ 2 à 3 fois plus vaste que celle du premier opus, ne me suis-je pas dit « Ah c’est bien pensé ça ! ». Les développeurs s’en sont probablement donné à cœur joie, chaque petit recoin qui vous semble louche vous mènera à coup sûr dans un lieu secret.

Tous les différents biomes sont d’une qualité exemplaire. Ils regorgent de détails somptueux, avec des ajouts de gameplay différents propres à chacun. Le désert aura ainsi des boules de sable servant à s’élever, le domaine gelé aura des éléments à réchauffer afin de les rendre utilisables pour se mouvoir, la cave aux araignées est très sombre et organique, composée d’insectes volants en putréfaction. Ori and the will of the wisps va loin dans la composition de ses niveaux, permettant de les animer d’une véritable âme qui les transcende tout au long de leur traversée. L’ajout de PNJ est un véritable plus, même si les quêtes secondaires qu’ils proposent ne sont pas toutes des plus intéressantes.

Le système de sauvegarde du premier opus était très intelligent. Celui-ci nous permettait de sauvegarder à foison et où l’on souhaitait, mais aux dépens de notre barre d’énergie. Ainsi, lors de traversées de zones complexes sans cristaux d’énergie, l’intensité des parcours se voyait rehaussée par la tension procurée de devoir tout recommencer. Ce système n’est désormais plus présent dans ce second épisode. Celui-ci est remplacé par des checkpoints automatiques, très (trop ?) nombreux sur la carte. Ce système ingénieux nous permettait d’appréhender différemment l’environnement dans lequel on se situe, tout en faisant attention à son énergie. Désormais, mourir n’a presque plus d’impact car vous réapparaîtrez non loin de votre échec. Une disparition qui est très dommage car ce système de sauvegarde renforçait grandement le level-design.

Promenons-nous dans les bois

Parlons peu, parlons beauté. Ori and the will of the wisps est d’une beauté époustouflante. Chaque instant peut être capturé pour devenir un fond d’écran somptueux. Si Ori and the blind forest a réussi à créer son propre monde et en faire l’un des plus beaux jeux de sa génération, la formule s’améliore encore ici à un point où il semble difficile de faire mieux. Les décors en arrière-plan se font beaucoup plus nombreux et profonds, les environnements sont criants de beauté et rendent le jeu encore plus immersif. L’ajout de différents effets de lumières sur toutes les surfaces du jeu a son charme particulier. Le jeu est d’une beauté à couper le souffle, jamais un jeu en 2.5D n’aura été aussi impressionnant.

À cela vient s’ajouter une bande-originale tout aussi réussie que dans le premier épisode. On sent que Microsoft est passé derrière afin d’estampiller ses doux petits billets. Gareth Coker a exécuté un travail remarquable. Si chaque région du jeu a ses qualités en termes de level-design, ajouts de gameplay et beauté, la règle s’applique tout autant pour les musiques. La composition entière du titre propose 60 musiques, contre 32 pour l’épisode précédent. Chacune d’elles correspond parfaitement à l’instant présent. Les instants épiques sont eux aussi plus prenants ; avant de débuter Ori 2, je pensais qu’il était impossible de faire mieux que la musique ci-dessous.

Je me suis largement trompé et ce fut avec un immense plaisir, tous mes éloges vont au compositeur qui a su renouveler ses compositions tout en les rafraîchissant. L’art s’impose dans nos cœurs grâce à la beauté qui émane de ses compositions. Les chœurs sonnent de plus belle et les compositions gagnent en intensité. Chacune d’elles sonnent « Ori » mais avec une touche propres à elles ; il est difficile d’expliquer le sentiment qui s’en dégage, mais ce qui est certain, c’est que Gareth Cocker a encore de beaux jours devant lui.

Un sans-faute pour autant?

Si jouer sur un PC doté d’un SSD avec une bonne configuration m’a permis d’en profiter en 144FPS, ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Le jeu, aussi excellent soit-il, souffre malheureusement d’un manque de finition. Ainsi, en comparant le jeu, on peut apercevoir que lorsqu’il n’est pas installé sur SSD, un flagrant problème apparaît au niveau de l’audio, grésillant à maintes reprises. Sur consoles, le constat n’est pas le même. Sur une simple Xbox One, il m’est arrivé à quelques reprises de voir que le jeu tombe en dessous des 40 fps. Sur Xbox One X, le jeu est d’une beauté à tomber par terre en 4K avec HDR, mais la console en souffre, le jeu oscille entre 40 et 50 fps dans les grandes zones et reste à 60 dans les endroits plus vides. La raison de ces problèmes de fluidité est incompréhensible pour un jeu en 2.5D. Même Digital Foundry n’a pas la réponse à cette question, mais indique que les réflexions dynamiques pourraient être à l’origine du souci.

Note

19/20

Si Ori and the blind forest nous a touchés, Ori and the will of the wisps ne souhaitait pas en rester là. Améliorant sa formule à tous les niveaux, le jeu n'est pas parfait pour autant. Sans son problème d'optimisation, il n'aurait pas obtenu le 20/20 (car aucun jeu n'est parfait), mais il l'aurait approché de près. Nous menant dans une histoire plus profonde, le jeu est d'une intensité bien plus importante que le premier opus, et ne laisse pas de marbre sur son final épique, touchant, surprenant mais à la fois si logique. L'univers créé par Moon Studios, cohérent et imposant, nous happe pour finalement nous marquer au fer rouge. On ne peut que repenser avec une mélancolie touchante au petit esprit de la forêt, Ori.

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