Catherine : Full Body : Cube qui roule n’amasse pas mousse

Catherine : Full Body : Cube qui roule n’amasse pas mousse

Katherine, Catherine ou Qatherine ?

(À lire avec la voix-off de « Tellement Vrai ») Vincent, 28 ans, employé dans une grande entreprise, est face à un dilemme moral. Il est depuis cinq ans en couple avec sa compagne, Katherine, ils avaient décidé de se marier prochainement afin de fonder une famille. Mais la nuit du 26 octobre, c’est le drame. Vincent se réveille aux côtés d’une inconnue, Catherine, avec un « C ». Au même moment, Vincent tourne autour d’une jeune femme du nom de Qatherine, avec un « Q » dans son bar favori, le Stray Sheep. Notre Vincent doit donc décider avec qui il s’engagera dans la vie. Au même moment, dans toute la ville, les journaux télévisés parlent d’une mystérieuse série de morts qui toucheraient les hommes du même âge que Vincent, ce qui l’angoisse d’autant plus que d’étranges cauchemars tourmentent ses nuits et lui font prendre la forme d’un mouton. Il devra résoudre une série de puzzles et survivre aux manifestations de son subconscient. La suite après la publicité.

Catherine avait intrigué à sa sortie, et pour cause : le jeu mélangeait puzzle, plateforme, aventure, anime type « slice-of-life » et horreur. En plus d’être unique avec son mélange de genre, Catherine se démarqua grâce son ton mature et sa thématique du couple et de l’adultère, rarement vue dans le média vidéoludique. En recevant un assez bon accueil du public et de la presse spécialisée, il était évident que le remaster PS4 ne pouvait pas se faire attendre. Toutefois, Atlus (éditeur et développeur) a enrichi cette mouture pour lui donner un coup de fraîcheur à l’eau de Cologne en ajoutant du contenu sans superflu, évitant ainsi la simple redite.

Intelligent Cube

Le gameplay de Catherine est une chimère dans le paysage vidéoludique. Il est composé de plusieurs parties distinctes qui sont toutes liées entre elles à travers la narration.

Le puzzle-game est une de celles-ci. Votre personnage, Vincent, se retrouve donc à tenter de survivre dans son sommeil en escaladant une tour de cubes afin d’en atteindre le bout chaque nuit. Le problème : Vincent ne peut pas sauter 5 mètres de haut et encore moins voler. Il doit donc pousser ou tirer les cubes un à un afin d’atteindre la sortie. Cela lui permettra par exemple de créer un escalier ou un pont, de dégager un passage, de pousser des ennemis dans le vide et plein d’autres choses encore. Il devra donc utiliser sa jugeote et son imagination pour se frayer un chemin vers la sortie.

Pousser, tirer, s’agripper : voici les saintes commandes pour progresser dans ce dédale

Différentes techniques seront enseignées par des personnages non joueurs, dans des zones de calme entre chaque puzzle. Celles-ci seront utiles pour survivre dans le labyrinthe vertical car toutes les 4-5 secondes, un étage de la tour s’effondre, vous obligeant par la peur à progresser à grande vitesse.

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Il y a plusieurs blocs différents dans Catherine : des blocs lourds qui prennent plus de temps à être poussés, des blocs fragiles qui peuvent se casser si vous y touchez trop, des blocs explosifs qui fragilisent les blocs environnants, des blocs de glace glissants qui vous empêchent de marcher dessus au risque de vous faire  tomber dans le vide, des blocs trous noirs vous absorbant ainsi que des blocs passant au dessus, etc. Dans Catherine Full Body, une option existe (appelée remix)  pour ajouter des blocs supplémentaires et de nouvelles mécaniques de gameplay. Parmi ces nouveaux cubes, les blocs liés (c’est le nom que je leur donne, faut-il le préciser) ne peuvent être déplacés que tous à la fois, complexifiant le jeu. Si vous avez déjà connu Catherine, il serait peut-être intéressant d’essayer cette feature pour pimenter votre playthrough.

Les peurs les plus profondes de Vincent se matérialisent dans son cauchemar

Vincent devra aussi s’appuyer sur des objets pour faciliter son ascension : potion pour sauter de deux blocs de haut, plateforme portable ou item détruisant tous les ennemis sur l’écran pourront être achetés dans chaque niveau ou trouvés sur votre chemin. Leurs apparitions peuvent néanmoins varier en fonction de la difficulté que vous avez sélectionnée. Vous pourrez aussi corriger vos erreurs grâce à la touche L1, ce qui permet d’undo votre dernière action. En ramassant des coussins sur votre chemin, vous pourrez augmenter votre nombre d’undo possible. Ce qui est salvateur lorsque vous avez fait n’importe quoi en poussant quelques blocs de trop, vous empêchant de progresser…

Le jeu se laisse prendre plutôt facilement en main. On se contente des touches de directions et de la touche pour pousser/tirer pour jouer. Le plus gros de l’exercice ne se fait donc pas dans la dextérité mais dans la réflexion et le sang froid. Il y a peu d’épreuves qui demandent d’être rapide, le game designer a privilégié la planification et la connaissance des différentes techniques. Malgré la prise en main simple, on se retrouve quelquefois à patauger lorsqu’on reste agrippé à un bloc, et remonter devient un fardeau tant la caméra part en cacahuète par moments.

La deuxième partie du jeu sera plus portée sur la narration : l’exploration du bar Stray Sheep. Lorsque Vincent rentre du boulot, il a toujours l’habitude de traîner avec ses amis au Stray Sheep, bar presque miteux où on peut boire du sake, du rhum-coca ou de la bière à bon prix. Il en profite aussi pour parler aux personnes présentes dans le bar, comme ses amis mais aussi le barman, la serveuse ou les autres clients. Certains dialogues ne se débloqueront qu’à certaines parties de la soirée ou sous l’influence de l’alcool. Vincent peut aussi tenter d’avancer sur son jeu d’arcade favori  » Rapunzel  » qui est une version simplifiée de la partie puzzle du jeu mais qui ne vous laissera que 2 vies en tout et pour tout par jour.

Certains passages sont carrément dérangeants

Same but different, but still the same

À propos des nouveautés de ce Catherine Full Body, j’ai essayé tant bien que mal de comparer les changements de cette version par rapport à la mouture de 2011. Ceux-ci, en plus d’être des changements nécessaires pour une ressortie, prennent le luxe de venir en nombre.

En termes d’histoire, un important ajout a été fait : Rin. Personne mystérieuse aux origines étranges, elle adoucit l’image de la gent féminine dans le jeu, montrée jusque-là comme une force tyrannique et oppressante face à Vincent. Elle apporte même un soutien lors des phases de puzzle : elle jouera des airs de piano pendant les ascensions du héros, ce qui ralentira la chute des blocs. Elle sera aussi un important soutien émotionnel pour Vincent pendant ses épisodes de troubles.

Choix CORNélien

Le scénario en tant que tel a aussi été remanié, laissant plus de fins possibles à disposition du joueur. Ayant eu la pire fin de toutes, j’ai été curieux et j’ai regardé les autres endings… je n’étais pas prêt. Des séquences animées ont aussi été ajoutées, ce qui est plutôt agréable étant donné la qualité d’animation digne d’un long-métrage.
On pouvait compter plus de huit fins différentes pour Catherine classique ; elles sont au nombre de treize pour cette édition. Les embranchements du scénario se situent lorsque le jeu vous posera une question avec deux choix. Vous pourrez comparer vos réponses avec l’ensemble des joueurs, et les comparer entre les deux sexes (vous aurez quelques surprises amusantes).

Le gameplay aussi a été remanié : outre les nouveaux modes de difficulté ajoutés, plusieurs features rajoutent du contenu. Premièrement, pour l’histoire principale, le jeu propose au joueur le mode remix, comme expliqué plus haut, qui rajoute des nouvelles mécaniques comme le bloc lié. Il y a aussi le double de niveaux différents par rapport au jeu précédent (500 !), ainsi que de nouveaux niveaux pour le mode Babel, un mode arcade jouable à deux en local, et Colosseum qui est grosso modo un jeu de versus à deux joueurs en ligne ou en local (il y a même une scène e-sport dessus, si si allez-voir !).

Le multi est très fun… pour peu que votre coéquipier ne soit pas trop bête

Le plus important, c’est le physique

Le jeu a bénéficié d’un petit lifting sur cette version. Outre la résolution à 1080 (on aurait tout de même apprécié un passage à la 4K et au 60 fps sur la PS4 Pro), le jeu est pratiquement libéré de l’aliasing. Les phases de puzzle, ainsi que le bar, ont aussi bénéficié de quelques changements visuels. Par exemple, le bar est beaucoup plus chaleureux dans cette version, là où dans la version PS3 il dégageait quelque chose de malsain, avec ses teintes grises et mornes.

Certains personnages expliquent leurs points de vues différents sur les relations amoureuses

On a dorénavant de belles couleurs chaudes, ce qui est agréable lorsqu’on passe la moitié du jeu dans cette section. L’ajout du piano de Rin dans le coin de la salle change le ressenti que l’on pouvait avoir de ce bar, qui passe de bistrot miteux à salon lounge classe. Ce qui colle probablement plus avec l’ambiance générale du jeu.

Ovni : Objet Vidéoludique Non Identifié

Catherine m’aura toujours intrigué. Par sa jaquette, son gameplay disons-le franchement improbable, sa critique dithyrambique et sa thématique hors du commun. Grâce à Full Body, j’ai pu comprendre l’engouement des fans autour du jeu. L’ajout de Rin dans les possibilités de flirt rajoute une nouvelle dimension au message que transmet le titre et la partie puzzle-game n’a pas pris une ride, malgré sa jouabilité parfois un peu éreintante. Je pense que Catherine ne s’adresse clairement pas à tous les publics, mais à une niche de joueurs qui cherchent une expérience rocambolesque pour sortir des sentiers battus.

Note

16/20

Se laisser tenter par Catherine : Full Body, c'est consentir à vivre une expérience bizarre aux multiples visages. C'est avoir l'occasion de frôler du bout des doigts une version rajeunie de l'amour mais aussi se faire de temps en temps trahir par une jouabilité hésitante.

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