Power Rangers : Battle for the Grid

Power Rangers : Battle for the Grid

Si comme moi vous avez grandi dans les années 90, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène Power Rangers ! Cette série produite par la Sabam, toujours en cours après 26 saisons et de nombreux films à l’heure où vous lirez ces lignes, s’est rapidement imposée auprès des enfants en proposant un mélange entre sitcom américaine et sentai japonais gorgé d’action et de jouets prêts à envahir les chambres des fans – au détriment du portefeuille de leurs parents. Je dois bien le confesser, tout petit j’étais conquis par les Rangers et leur univers, et bien qu’en grandissant j’ai pu m’en désintéresser très rapidement, l’annonce de Battle for the Grid m’a immédiatement intrigué. Pour la petite anecdote, je n’ai joué que sur NES pendant de longues années, n’adoptant une nouvelle génération de console qu’à la sortie de la Nintendo 64, et le fan de Power Rangers que j’étais à l’époque jalousait envieusement les jeux tirés de la licence sortant sur Super Nintendo, Megadrive voire même Game Gear. C’est bien simple, le trailer d’annonce de ce jeu de combat mettant en scène les personnages de la saga m’a rappelé cette époque et j’allais pouvoir replonger en enfance tout en prenant ma revanche sur cette « frustration d’antan », cerise sur le gâteau via mon genre de prédilection !

When’s Mahvel ?

On aurait tendance à l’oublier depuis la sortie de Dragon Ball Fighterz mais les adaptations de licences en jeux de combat ne flirtent que rarement avec l’excellence. Aussi, la prudence restait de mise malgré cet engouement, car les vidéos de gameplay diffusées entre l’annonce et la sortie du jeu soufflaient le chaud et le froid. Pour parler franchement, la meilleure façon de résumer le ressenti dégagé par ces matchs oscillerait entre « ça a l’air cool » et « ça a l’air à chier » ! Battle for the Grid est donc un jeu de baston dont la principale inspiration semble être Marvel vs Capcom 3 : on y retrouve effectivement des matchs en 3v3 mais également le même panel de commandes. Trois boutons de coups (Light / Medium / High) sans distinction de poings ou de pieds, un bouton Special servant à lancer les coups spéciaux et deux touches dédiées chacune à l’un des membres de votre équipe, pour soit changer de personnage soit les utiliser en Assist. Les développeurs de Lionsgate Games ont d’ailleurs fait appel à Justin Wong en personne pour les aider à travailler sur l’équilibrage du jeu. Même si depuis la dernière Capcom Cup on peut associer son nom à la Menat la plus soporifique de l’histoire de Street Fighter 5, Justin Wong est surtout réputé pour ses hauts faits sur Marvel vs Capcom 3, preuve que le studio derrière le jeu cherche à plutôt bien faire les choses.

Au premier abord, Battle for the Grid ne paie pas de mine. Il arbore malheureusement une tronche de jeu mobile porté sur console, de par son austérité aussi bien du côté technique que niveau contenu embarqué. Cinq stages dont une Training Room complètement épurée avec chacun leur propre musique, neuf personnages (alors que le jeu se joue en 3v3, ce qui réduit drastiquement la diversité des compositions d’équipe, et s’il y a bien un jeu pour lequel on aurait excusé les color swap c’est Power Rangers), un mode Arcade, un Versus local et online, et enfin un mode Entraînement. Le titre va à l’essentiel et on se dit heureusement qu’il est proposé à un tarif plutôt bas. Lionsgate Games a d’ailleurs d’ores et déjà annoncé que de nouveaux personnages rejoindront le roster du jeu, certains en DLC et d’autres via une mise à jour gratuite. Le premier réflexe de tout joueur de jeu de combat qui se respecte sera de tâter des mécaniques du jeu en Entraînement, où il découvrira très rapidement la petite particularité de gameplay du jeu !

Tout sur deux boutons ?

À l’instar d’un SNK Heroines, Battle for the Grid dit au revoir aux quarts de cercle et s’inspire de Smash Bros en dédiant un bouton à ses coups spéciaux. Ces derniers s’exécutent d’une simple pression sur le bouton S, soit en neutral soit couplé à une direction pour choisir le coup porté. Chaque personnage dispose de quatre coups spéciaux : Neutral, Avant, Arrière et Aérien. De plus, il possède également un coup EX comparable à une furie, et une Super, régis par une barre de Super en trois segments tout ce qu’il y a de plus classique. Le coup EX s’effectue en appuyant sur L et S simultanément et coûte un segment de barre, la Super en appuyant sur H et S pour le prix de deux barres. Bien entendu, tout cela peut s’enchaîner et pour la petite anecdote, il m’a suffi d’une dizaine de minutes pour trouver un combo avec le Ranger Rouge retirant plus des deux tiers de la barre de vie adverse, dévastateur mais au prix de la totalité de la barre de Super.

L’utilisation des Assist est assez particulière : une pression sur le bouton dédié à un allié suffit à l’invoquer sur le terrain afin de porter son attaque, classique somme toute. Pour changer de personnage, il faudra appuyer une deuxième fois sur le même bouton une fois l’allié apparu. Comme dans Blazblue Cross Tag Battle, il est tout à fait possible avec le bon timing de valider le changement une fois l’attaque portée, ce qui permet avec une bonne exécution (et le jeu est assez permissif sur ce point) de porter des combos en 2v1 redoutables. Attention par contre à ce que votre Assist ne se fasse pas prendre dans une attaque adverse ! Car une fois touché, un Assist va tomber à terre et se relever avant de disparaître, contrairement à la plupart des jeux de baston avec Assists. Les personnages se relevant avant de disparaître sont vulnérables durant une poignée de frames, rendant du coup les phases de Happy Birthday (attraper l’Assist ennemi dans son combo et donc infliger des dégâts aux deux personnages à la fois) légion dans l’univers des Power Rangers ! Notez enfin qu’il est possible de Snapback un personnage adverse (échanger sa place sur le terrain avec un de ses équipiers) en appuyant sur Special et le bouton d’Assist correspondant au personnage que vous voulez ramener sur le terrain, et que comme dans tout jeu en Tag qui se respecte, les personnages sur le banc récupèrent de la vie tant qu’ils ne reviennent pas sur le terrain. Vu la générosité du jeu niveau vie bleue (la quantité de barre de vie que le personnage pourra récupérer en se « reposant »), le Snapback deviendra très rapidement une mécanique à ne pas négliger.

Puissance Megazord en avant !

Niveau mécaniques de jeu, Battle for the Grid fait donc plutôt bien le taf. Il intègre même une mécanique de comeback faisant appel à l’un des éléments les plus emblématiques de Power Rangers : les Zords et autres créatures géantes ! Après avoir choisi son équipe de trois personnages, trois choix s’offrent à nous : le Megazord originel composé de dinosaures robots, Goldar transformé en géant et enfin le Dragonzord du Ranger Vert. De ce choix découleront les patterns d’attaque de la mécanique de comeback. Disponible dès qu’un personnage de notre équipe est au tapis, l’invocation de son Zord s’effectue en appuyant simultanément sur les deux touches d’Assist et son efficacité est d’autant plus renforcée s’il ne vous reste plus qu’un personnage de disponible. Concrètement, les Zords viennent porter des attaques quasiment inévitables et très dures à garder à intervalles réguliers, faisant fondre comme neige au soleil la barre de vie de votre adversaire.

Bien souvent, le discours tenu par les fans de Power Rangers est le même que celui tenu par les fans de Pokémon : la première génération reste la meilleure génération. Un coup d’oeil au roster du jeu confirme que c’est en tout cas ce que semble penser Lionsgate Studio car sur les neuf personnages composant le casting du jeu, ce ne sont pas moins de six personnages qui nous viennent de la première saison de Power Rangers. Goldar, le Ranger Rouge et le Ranger Vert sont fidèles à eux-mêmes, tandis que les Rangers Blanc, Noir et Rose sont des versions alternatives de ceux que nous connaissons pour les besoins scénaristiques du jeu. Pour justifier que tous ces personnages se tapent joyeusement sur la tronche, les scénaristes du jeu nous ont sorti la carte Univers Parallèle et choc des dimensions : dans l’un de ces univers, le Ranger Blanc n’a jamais connu la rédemption et est devenu Lord Drakkon, seigneur du mal. Il incarne le boss de fin du mode Arcade, après avoir affronté ses acolytes, les Rangers Rose et Noir de son propre univers. Le mode Arcade est sans doute, faute d’adversaires à disposition, le meilleur moyen de s’amuser sur le jeu. On y enchaîne plusieurs combats contre une IA qui peut passer de sac fini à Uemara Daigo en deux secondes jusqu’au combat contre Lord Drakkon, et malgré son austérité graphique et des animations qui lorgneraient presque vers la rigidité des productions Nether Realms, le jeu dégage un feeling plutôt agréable une fois le stick sur les genoux. Les combos s’enchaînent bien, on ressent bien l’impact des coups et le jeu a une dynamique plaisante.

Mise à jour du test le 7 mai

Et bien on peut dire que Lionsgate Games ne se fiche pas de nous ! Effectivement, la fameuse mise à jour gratuite apportant les trois personnages supplémentaires est sortie accompagnée de son lot de surprises. Déjà, les trois nouveaux personnages viennent étoffer le casting avec brio et permettent de diminuer la redondance des compositions d’équipe en mode Arcade. La mise à jour introduit donc le Cenozoic Blue Ranger, tiré du film Power Rangers de 2017, Udona, la Ranger Blanche de la saison Mystic Force capable de manipuler la glace et de congeler ses adversaires telle Sub Zero, et la Ranger Jaune de la première saison qui, équipée d’une armure de combat Dragon, rentre dans la catégorie des persos lourds. Les trois persos disposent de leur propre gameplay et viennent étoffer les plans de jeu possible. Pour accompagner ces nouvelles têtes, deux nouveaux stages sont eux aussi proposés, pour achever de varier les parties, mais pas que ! Et c’est là où les développeurs tapent fort, Battle for the Grid propose désormais un mode Story qui donne corps au background du jeu rapidement abordé dans le mode Arcade. Ce mode histoire, plutôt sympathique, va nous placer aux commandes de l’intégralité du roster durant des matchs scénarisés nous narrant plus en détail le funeste destin de Tommy et comment il est devenu Lord Drakkon. C’est un joyeux bordel venant offrir une nouvelle expérience solo, qui plus est doublée entièrement par les acteurs des différentes saisons. Et enfin, la cerise sur le gâteau, les acteurs ont également doublé leurs personnages hors cinématique, donnant la parole aux protagonistes en matchs. Ca n’a l’air de rien, mais ces interactions et répliques en plein combat font leur petit effet sur la dynamique de Power Rangers : Battle for the Grid !

Note

13/20

Il existe dans le jargon du jeu de baston le terme Kusoge, qui signifie "jeu de merde" en japonais (parce que oui, on aime bien utiliser des mots en jap' dans le milieu du jeu de combat) et regroupe ces jeux un peu mauvais, parfois pétris de bonnes idées mais souvent mal exécutées, sur lesquels on prend malgré tout plaisir à jouer. Définitivement, Power Rangers : Battle for the Grid est un bon Kusoge !

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