Moonlighter – Le juste prix du loot

Moonlighter – Le juste prix du loot

La ville n’était plus pareille, les habitants arpentaient les rues par habitude et les jours passaient sans que demain ne soit différent d’hier. Un magasin florissant, voilà ce dont la ville avait besoin ! Vous aviez déjà trouvé le nom, le « Moonlighter » ; il ne vous restait plus qu’à dénicher des marchandises à vendre. Où s’approvisionner sinon dans les donjons, situés juste assez près de la ville pour tenir ses citoyens en respect et juste assez loin pour que plus personne ne songe à s’y aventurer. Vous flairez le bon filon, c’est la fortune assurée, de même que la renaissance de votre cité !

Votre magasin est une charmante bâtisse bien positionnée dans la ville, si petite, il est vrai, qu’il faudrait le faire exprès pour s’installer à un endroit reculé. Au début de la partie, le « Moonlighter » attend ses premiers clients, les rayons vides. Normal, vous n’avez pas un fournisseur à qui signer des bons de commande. Mais bonne nouvelle, les stocks de marchandises sont très proches de votre boutique, quasiment à l’autre bout de la rue. Certes, il s’agit d’effroyables donjons, mais votre sens du commerce dépasse de loin votre peur du danger.

Le donjon du désert

Un seul donjon est accessible au début du jeu, le donjon pour les héros minables. L’entrée vous amène dans une salle sûre présentant plusieurs sorties. Vous choisissez un chemin et vos soucis commencent dans la pièce suivante, où vous êtes souvent enfermé tant qu’un ennemi respire encore. Cependant, comme vous êtes venu pour le loot autour duquel tourne tout le jeu, il est plutôt pratique de tomber sur ces vilains monstres dont les poches cachent des trésors, ne parlons même pas des coffres remplis de merveilles. Votre sac à dos s’ouvre alors de plaisir et avale jusqu’à 20 types d’objets avant d’être plein. Quand la place manque, vous devez évaluer la situation. Continuer votre progression en espérant tomber sur des objets que vous estimez plus précieux ? Jouer la sécurité et rentrer à la maison avant qu’un monstre ne vous fasse manger les pissenlits par la racine (et perdre presque tous les objets de votre sac à dos) ? Car avant d’être assez costaud pour espérer atteindre la sortie du donjon indemne, vous devez choisir une de ces deux options : « mourir » en perdant votre butin ou utiliser un médaillon de téléportation en échange de quelques pièces.

Dans l’hypothèse où vous choisissez judicieusement la deuxième solution, vous revenez en ville avec votre loot bien mérité. Vous disposez les marchandises sur votre étal et vous ouvrez votre magasin au petit matin. À croire qu’ils dormaient derrière la porte, les clients arrivent dès l’ouverture et vont inspecter ce que vous avez l’intention de leur vendre. Se pose alors la question du prix. A priori, rien ne vous indique la valeur d’un objet que vous avez ramené du donjon. Il faudra néanmoins fixer un prix pour chaque chose… au pif. Oh, vous avez bien sûr le droit de pratiquer des tarifs dignes de la place Vendôme, mais les clients n’hésiteront pas à vous rappeler qu’ici c’est pas Paris. Le but du jeu consiste à déterminer le prix maximum que les clients sont prêts à payer pour acheter tel ou tel article. Pour vous aider dans votre évaluation, les clients s’expriment par émoticônes. S’ils font une grimace contrariée, vous savez que vous avez tapé trop haut. S’ils ont les yeux qui pétillent, vous comprenez que vous vous êtes fait avoir. Dans les deux cas, il faudra ajuster votre prix à la baisse ou à la hausse. En revanche, si les clients affichent un sourire satisfait, vous pouvez bloquer votre prix et écouler tous les articles du même type.

Votre magasin, après quelques améliorations cosmétiques et mercantiles

Lorsque la journée se termine, vous faites votre caisse en pensant déjà à ce que vous pourrez vous offrir avec tout cet argent. Toujours dans l’optique de faire tourner votre magasin comme une grosse enseigne lors du Black Friday, cela vous démange d’explorer le fond du donjon et ses promesses d’objets rares. Évidemment, il est dangerous to go alone : sans équipement approprié, vous n’irez jamais bien loin. Les autres commerçants de la ville sont donc vos meilleurs amis, à commencer par le forgeron dont l’habileté crée des armures solides, des épées tranchantes, des arcs précis ou des bottes résistantes. Faites-vous plaisir dans la limite de vos moyens du moment et repartez à l’aventure (sans oublier quelques potions de vie chez la marchande hippie). À chaque retour au donjon, vous êtes donc de plus en plus fort, jusqu’à pouvoir accéder à l’antre du gardien. Lorsqu’après plusieurs essais, vous parvenez à renvoyer le gardien vers son créateur (quel qu’il soit), il vous lâche du loot extraordinaire et, surtout, ouvre la porte vers le donjon suivant.

Et là tout recommence, parce que les ennemis du nouveau donjon sont bien plus costauds et que l’amélioration de votre équipement va vous coûter cher. Pas seulement en argent d’ailleurs, mais aussi en ressources. Ainsi, le forgeron a besoin à la fois d’argent pour vivre mais aussi de matériel pour travailler. Pour créer des objets « de niveau 1 », il vous demandera de lui fournir des matières premières que vous trouverez dans le premier donjon. Et quand vous passerez au deuxième donjon, vous récolterez par miracle les ressources nécessaires pour créer de l’équipement « de niveau 2 ». En revanche, même si vous êtes plein aux as, il vous sera (quasiment) impossible d’acheter une armure d’un niveau ultérieur, puisque les ressources requises se trouvent dans un donjon encore inexploré. C’est là que Moonlighter baisse d’intensité, lorsque vous apercevez le manque de liberté dont vous jouissez en réalité. Difficile dans ces conditions de ne pas trouver l’aventure dirigiste et redondante, même si le cycle donjon-magasin s’allégera par la suite lors du recrutement d’un assistant chargé de vendre les marchandises à votre place.

Vous pouvez attirer de nouveaux marchands en ville.

Pourtant, avant d’atteindre ce point de léger agacement, Moonlighter est addictif comme une drogue dure. On ne mesure pas sa joie quand un coffre renferme des objets de valeur qui se revendront au prix du diesel en Belgique (à prix d’or, si vous voulez). On se passionne pour les phases de boutique, beaucoup plus actives qu’il n’y paraît grâce à l’ajustement constant des prix en fonction de la demande ou à la surveillance de certains clients cambrioleurs. On chantonne les musiques douces du village, qui reviennent en tête à la manière des airs de Stardew Valley. On se réjouit de mieux maîtriser les attaques des ennemis dans les donjons. On est tout fou au moment d’entrer dans un donjon inconnu. En conclusion, on passe de merveilleuses premières heures avec Moonlighter, sur Switch comme ailleurs. Et si vous avez la chance de ne pas ressentir la même lassitude que moi, le jeu vous ravira sans limite.

Un gardien et sa barre de vie gigantesque

Note

14/20

Autant Moonlighter est un plaisir intense pendant des heures, autant il pourra lasser à partir d’un certain stade. La formule de l’exploration de donjons dans le « seul » but de revendre du loot fonctionne du tonnerre jusqu’à un effondrement regrettable, dû à un manque de liberté dans la progression. Puissiez-vous être épargné par la lassitude, auquel cas votre bonheur sera sans limite.

Réactions

  • Johnny le 24/11/2018

    Je trouve le prix du jeu sur Switch un peu élevé mais je le prendrai plus que probalement dès qu’il sera en solde. Le système de revente du loot est vraiment bien trouvé, j’aimerais vraiment m’y essayer 🙂

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    • spacecowboy le 24/11/2018

      La revente du loot est une très bonne idée selon moi, ça donne un cycle jour-nuit grisant. C’est loin d’être une caractéristique bateau, tout le jeu tourne autour de ça.
      Effectivement, le jeu coûte plus cher sur Switch actuellement, 25 euros en démat’. Mais hormis la police de caractères trop petite, c’est une version parfaitement adaptée au support, très peu gourmande en batterie en plus.

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