Lost in Harmony – accessoire non inclus

Lost in Harmony – accessoire non inclus

Sur mobiles d’abord et maintenant sur Switch et PC, Lost in Harmony glisse sur une histoire poignante dans un titre mi-runner, mi-jeu de rythme.

Lost in Harmony se déroule dans les rêves d’un adolescent (Kaito), qui partage les souffrances d’une amie (Aya) gravement malade. Étendu sur son lit, il communique avec elle par SMS avant de s’assoupir, casque sur les oreilles. Quand il s’endort, il repense aux malheurs d’Aya et s’invente des virées en skateboard.

Les niveaux sont des allégories ; ils représentent les étapes de la maladie. Ils peuvent ainsi exprimer le soulagement après un examen médical encourageant, mais, le plus souvent, ils illustrent le chagrin ou la révolte contre le sort. Le sujet n’est pas gai à la base et semble trop sombre pour un jeu de ce genre. En référence au combat mené par Aya, les stages nous balancent des images de guerre, de camps de réfugiés, etc. Sans doute un thème qui trotte en permanence dans la tête de l’équipe de développement, puisque le (co)fondateur du studio montpelliérain Digixart Entertainment est Yoan Fanise, qui a quitté Ubisoft après y avoir réalisé Soldats inconnus. La Grande Guerre sera d’ailleurs encore au menu du studio, qui prépare 11-11 Memories Retold sur le même sujet.

À moitié jeu musical, Lost in Harmony puise sa bande originale dans les standards de la musique classique. Et comme l’heure n’est pas à la fête pour Kaito et Aya, la musique va souvent chercher dans le lourd : Dies Irae, la Chevauchée des Walkyries, Toccata et Fugue, le Lac des Cygnes, etc. À côté de ces murs du son, on respire un peu en écoutant Casse-Noisette, la Cucaracha ou du Wyclef Jean, arrivé là on ne sait trop comment. Pour déboussoler encore plus les puristes, l’artiste Xilix se charge de remixer les classiques du classique en y ajoutant des motifs dubstep ! La manœuvre est audacieuse, mais le résultat n’est pas (trop) iconoclaste et passe bien en jeu.

Les niveaux se déroulent donc sur le skateboard de Kaito, Aya agrippée à lui, qui roule à une vitesse constante vers le joueur. Dans le champ de vision à l’arrière, des obstacles foncent dans le dos des héros. C’est la partie « runner » du jeu, où il faut simplement se déplacer de gauche à droite ou sauter. Des indices visuels vous annoncent aussi la présence de risques à l’avant et l’arrivée de bonus de score à ramasser. Mieux vaut rester concentré donc, surtout que, sans crier gare, voici venir la partie « rythme » ! Et il va falloir s’accrocher, parce que ça décoiffe dès le premier morceau. Après les premières notes tranquilles, la musique nous balance un enchaînement de fou qui nous fait déjà perdre le fil et beaucoup de plaisir de jeu. Et n’oublions pas de garder un œil sur le skateboard, qui peut encore se manger des obstacles pendant ce temps-là.

Pour vous en sortir au mieux, vous avez le choix entre plusieurs configurations de maniabilité : uniquement avec les boutons de la manette, entièrement au tactile (sur Switch en mode portable) ou en mélangeant les deux types. Ce mode « hybride » semble le plus adapté, car il est difficile de diriger proprement le skateboard au tactile et il est quasi impossible de jouer la partie rythmique avec les boutons. Hélas, le tactile est souvent mal reconnu quand on passe des boutons au toucher sur l’écran. Rater une note de la sorte est rageant comme c’est pas permis ! Dans ces conditions, on ne voit pas trop comment se motiver à atteindre un bon score, ce qui demeure pourtant le propre des jeux de rythme. C’est regrettable et on se creuse la tête pour imaginer un accessoire qui permettrait de jouer correctement au jeu, une sorte d’instrument spécifique à la Guitar Hero. Le joueur se contentera de traverser les niveaux du mieux qu’il peut, sans avoir le plaisir de réaliser une chorégraphie parfaite mais en s’amusant quand même. Comme il faut presque le faire exprès pour rater un niveau, on peut tout à fait parcourir le jeu d’une seule traite.

Tout n’est pas certainement pas à jeter dans Lost in Harmony. La musique est réussie dans son genre, on le disait, et son rythme tombe souvent juste par rapport à ce qui se passe à l’écran. La réalisation générale est plutôt bonne également même si, à nouveau, son style manga coloré contraste trop avec la tristesse de l’histoire. Mais justement, le jeu se montre généreux en proposant un second scénario beaucoup plus léger. Après avoir affronté les diagnostics piteux d’Aya, ce sera un bonheur d’accompagner le petit robot M.I.R.A.I. dans sa tentative d’évasion. Cette deuxième histoire se joue de la même manière sur une nouvelle BO, uniquement électronique et dansante cette fois. Un bon gros contenu donc pour un jeu vendu à 7 petits euros.

Note

10/20

Lost in Harmony gâche ses qualités par une maniabilité décevante. Le titre raconte aussi une histoire trop triste pour lui, même s’il se rattrape dans le second scénario. À 7 euros, on ne sera toutefois pas volé si on parcourt le jeu une seule fois, sans penser à l’objectif de réaliser des scores parfaits.

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