Light Fall – l’élève moyen

Light Fall – l’élève moyen

Comme moi, vous avez peut-être découvert Light Fall lors du Nindies Showcase de Nintendo du 20 mars dernier. Les quelques secondes présentées ont fait forte impression, sur moi du moins, et le titre sort deux mois plus tard sur Switch et PC/Mac. Le premier jeu du studio canadien Bishop Games s’attaque à un genre très fréquenté de nos jours : le jeu de plateformes retors.

Le « foolish child », c’est vous !

Votre personnage est un petit bipède, dont le mentor le fait explorer un monde dévasté. Tous les habitants de ce monde l’ont déserté sous les coups féroces d’une puissance supérieure. Et bla bla bla, car l’histoire en fait des tonnes pour pas grand-chose. Notre guide et narrateur, un hibou à la grosse voix de sage de l’apocalypse, vole très haut sur l’échelle du dramatique. Par ailleurs, une voix invisible nous raconte les vestiges de ce monde et la manière dont il s’est effondré. Hélas, les mots de cette voix du passé sont simplement écrits à l’écran dans de longs textes à débloquer en allant chercher les lueurs placées aux endroits les plus merdiques des niveaux… En conclusion, on regrette le commentateur de Bastion et l’élégance de la narration de Celeste.

Et ça défile…

L’idée est manifestement dans l’air. On imagine les studios indépendants discuter lors d’un salon et lâcher un truc comme ça, entre deux bières : la capacité de créer des plateformes (invisibles), qui se recharge en prenant appui sur une surface. Sous différentes formes, elle se retrouve dans Celeste (oui encore Celeste, on ne parle jamais assez de cette merveille), Octahedron (bientôt testé sur Press-Start) et donc Light Fall. Certes, les deux premiers cités exploitent mieux cette aptitude, mais Light Fall peut s’asseoir à leur table.

Le héros peut créer des plateformes sous ses pieds, au nombre de quatre qui repart à zéro lorsque vous marchez sur la terre ferme. Il atteint ainsi facilement des endroits en hauteur ou traverse de longs fossés piquants. Ce qui paraît très statique au départ n’entrave heureusement pas la mobilité rapide, car notre personnage fait ça très bien en courant avec juste un appui bref sur le bloc qu’il vient de construire. C’est LA force du jeu, qui lui donne un aspect dynamique intéressant. Il manque juste, à mon sens, un rien de précision pour que cette capacité soit totalement amusante. À nouveau, Light Fall ne monte pas jusqu’au niveau des meilleurs élèves de la classe, sans risquer un examen de passage pour autant.

Le sentiment d’un jeu moyen perdure quand on s’attarde sur les graphismes. Les niveaux semblent se répéter, avec simplement un dégradé de couleurs différentes. Quelques petits éléments en arrière-plan ne sont pas désagréables, mais ne suffisent pas à faire rêver d’un autre monde. La progression est donc assez fade, sauf lors des écrans fixes à vocation narrative. Le talent des artistes s’exprime bien mieux dans les entractes, sur des illustrations très jolies et enfin emballantes. Le retour au niveau proprement dit est toujours assez morose, à l’image des musiques complètement anecdotiques. Le joueur retrouve la sensation d’exister à l’arrivée des boss, qui n’ont eux vraiment rien à se reprocher.

Une jolie apparition en arrière-plan

Classé (malgré lui ?) dans la catégorie « hardcore », Light Fall n’exige pourtant pas la compétence requise dans le genre. En sortant les mains des poches néanmoins, un joueur « ordinaire » peut parfaitement progresser dans Light Fall sans dévorer sa manette. Cette relative simplicité apparaît même comme une qualité ou une curiosité par rapport à la difficulté de rigueur dans le style. Jusqu’à une marche de difficulté insensée à la fin du jeu, où l’univers vous demande dix fois plus de dextérité qu’auparavant. Le reste se joue de manière détendue, ce que de nombreux amateurs de plateforme à l’ancienne recherchent en vain actuellement.

Note

12/20

Malmené par la concurrence dans son genre, Light Fall ne parvient pas à se hisser au niveau des meilleurs jeux de plateformes du moment. Si sa mécanique principale vous convient, il pourra toutefois vous faire passer un bon moment. Mais jouez d’abord à Celeste, Octahedron ou Splasher !

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