Fear Effect Sedna

Fear Effect Sedna

Vous souvenez vous de Fear Effect ? Cette licence Eidos parue sur la première Playstation tentait de réinventer le Survival Horror en transposant la formule Resident Evil dans un univers mi-japonais mi-Blade Runer tout en utilisant une technique proche du cell shading pour adopter un rendu évoquant le manga. Les deux opus misaient sur une ambiance travaillée et sur des personnages attachants car parfaitement à l’opposé des belles gueules auxquelles le média nous a habitués : nos héros avaient des vices, trempaient dans des affaires pas toujours très nettes et c’est pour cela qu’ils étaient attachants. Malheureusement, malgré la production entamée d’un troisième volet nommé Fear Effect Inferno sur Playstation 2, la série restera ancrée dans la génération 32 bits avec l’annulation de Inferno en 2003. Elle tombera ensuite progressivement dans l’oubli…

Fear Effect sur PS1, ça ressemblait à ça.

Jusqu’à 2016 et l’annonce du lancement d’un Kickstarter par le studio Sushee, en partenariat avec Square Enix (désormais détenteur des droits sur la licence suite au rachat de Eidos), afin de financer participativement un tout nouvel opus de Fear Effect : Sedna. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que le Kickstarter a fini par atteindre son but et que Fear Effect Sedna est bel et bien disponible. Une bonne nouvelle ? Pas sûr ! Car s’il se dégageait un certain mojo des épisodes PS1, il suffit de poser les yeux sur Sedna pour constater que l’ADN Fear Effect a muté. Adieu les angles de caméra pré-calculés hérités des Resident Evil, le Fear Effect nouveau se joue désormais à la troisième personne dans une vue 3D isométrique rappelant quelque peu les spin offs de Tomb Raider, Lara Croft Guardian of Light et Temple of Osiris.

Fear Effect sur PS4, ça ressemble à ça…

Finie la tension Survival Horror également, car l’essence même du gameplay de Sedna réside dans l’infiltration. Hélas, la vue isométrique ici adoptée va nuire énormément aux sensations de jeu : non seulement cet éloignement brise l’immersion et bride l’implication du joueur malgré lui, mais en plus la lecture du level design devient compliquée quand on a du mal à discerner s’il y a bel et bien un mur entre notre personnage et les gardes ennemis ou non. De plus, l’IA des gardes n’est pas vraiment optimale et il suffira parfois d’être devant eux parfaitement visible mais hors du cône représentant leur champ de détection pour se promener joyeusement sans attirer l’attention. On cherchera le plus souvent à éviter l’affrontement direct, non pas parce que l’on se prend au jeu de l’infiltration mais plutôt parce que les rixes sont tellement brouillonnes qu’elles ne proposent que peu d’intérêt niveau gameplay.

D’autant plus en tenant compte du « Fear Effect », une mécanique de jeu qui – concrètement – se résumera à vérifier constamment et la jauge de vie et la jauge de peur de ses personnages. Le jeu offre la possibilité, façon Baldur’s Gate, de mettre l’action en pause et d’utiliser des commandes d’ordres tactiques mais à nouveau les approximations de gameplay et le parti pris d’une caméra aussi éloignée de l’action viennent constamment entacher l’expérience. Des énigmes sont au programme, héritage Survival Horror oblige, mais ces dernières sont malheureusement tout sauf logiques et vous renverront presque aussi souvent que les affrontements à l’écran de Game Over malgré les soi-disant indices disséminés dans les niveaux – sans réellement ressortir dans le level design…

Pour conclure, je rajouterais que la direction artistique du jeu est beaucoup moins marquante que celle des épisodes PS1, en adoptant une modélisation des personnages certes bien plus propre, mais avec beaucoup moins de personnalité. Le jeu parait lisse, et au risque de me répéter, le choix d’adopter une vue isométrique fiche du plomb dans l’aile du titre dès les premiers instants, non sans lui conférer une gueule de jeu mobile générique.

Note

7/20

Frustrant et décevant, voici comment résumer facilement Fear Effect Sedna. Qu'il soit pris en tant qu'opus de la série Fear Effect ou comme titre isolé, le jeu manque d'ambition et s’emmêle les pinceaux dans un gameplay brouillon et une direction artistique générique.

Réactions

  • Pierre Cyborgjeff Martin le 06/03/2018

    J’étais plutôt emballé à l’annonce du retour de Fear Effect… j’avais passé de bons moments sur le 2° épisode… puis j’ai un peu déchanté quand j’ai vu de quoi il en retournait : (

    Répondre
  • Gillian Sampont le 06/03/2018

    Malheureusement ça confirme ce que je supposais en regardait une vidéo de gameplay

    Répondre
  • gazza8 le 10/03/2018

    Merci pour ce test.

    « une modélisation des personnages certes bien plus propre, mais avec beaucoup moins de personnalité »
    => Ca me fait penser à une tendance très actuelle, tous les dessins animés sont dans ce style.

    « ces dernières sont malheureusement tout sauf logiques et vous renverront presque aussi souvent que les affrontements à l’écran de Game Over »
    => Ca renverra les joueurs surtout vers des vidéos YouTube pour connaître la solution 😀

    « ’IA des gardes n’est pas vraiment optimale et il suffira parfois d’être devant eux parfaitement visible mais hors du cône représentant leur champ de détection pour se promener joyeusement sans attirer l’attention »
    => Ca me rappelle Commandos et Desperados, il y a plus de 15 ans sur PC …

    Encore une « licence » gâchée ! Ca me donne surtout envie de rejouer aux épisodes PS1…

    Répondre
    • Mass le 14/03/2018

      Je reste un vieux con, je n’y pense même pas aux vidéos soluce sur Youtube ^^

      Oui ce que tu dis pour les dessins animés actuels résume très bien l’effet Sedna.

      Répondre

Laisse un commentaire

* champs obligatoires