Brawlout

Brawlout

Smash Bros fait des émules ! La célèbre série de jeux de combat de Nintendo regroupant tous ses personnages phares ainsi que des invités prestigieux semble en effet inspirer les développeurs : que ce soit avec le maladroit Playstation All Star Battle Royale de Sony, le Rivals of Aether garanti 100% poils et plumes de Dan Fornace ou encore Brawlhalla que nous vous avions présenté dès sa première beta, le concept initié par Nintendo rencontre un franc succès aussi bien auprès des joueurs que des développeurs. Nintendo Switch oblige, tous les regards sont tournés vers la firme de Kyoto, en attente du Smash nouveau ou d’un éventuel portage Deluxe de la version Wii U, mais c’est pourtant le studio Angry Mob Games qui décoche la première flèche « Brawler » sur la console : voici donc venir Brawlout dans sa première adaptation console !

Déjà sorti sur PC en avril 2017, Brawlout est un élève appliqué de la formule Smash Bros : des personnages hauts en couleurs qui se battent sur des arènes remplies de plateformes, un bouton de coups spéciaux à associer à une direction sur le stick, un bouton de coups normaux pouvant être chargés en Smash pour augmenter les chances d’éjection de l’adversaire, un pourcentage de probabilité d’éjection en lieu et place de la sacro-sainte barre de vie ; le joueur de Smash sera directement en terrain connu lors de ses premières parties. Ce qui ne manquera pas de frapper les « vétérans » dès les premiers instants, c’est à quel point Angry Mob Games met en avant la compétition et abandonne, comme les joueurs de Smash en tournoi, toute présence d’aléatoire dans les matchs : pas un seul objet au programme, uniquement des terrains « neutres » sans évènement rocambolesque, tout est fait pour mettre en avant la baston, la vraie. Et pour ceux qui recherchaient un party game orienté versus, il faudra passer son chemin. Les premiers matchs sont donc totalement emballants et bien que fortement inspiré de la formule Smash, Brawlout possède quelques petites particularités de gameplay :

Pas de garde : à l’instar de Brawlhalla, impossible de mettre la garde dans Brawlout, il faudra donc gérer ses esquives avec le bon timing pour éviter de se faire frapper et éjecter.

Pas de chope : pourtant au coeur du gameplay des jeux de combat, la projection en tant que telle n’est pas au programme dans Brawlout. Certains personnages disposent d’une chope en coups spéciaux, mais elle n’est donc pas universelle. Un bon moyen de caractériser les combattants !

Une mécanique de comeback : en match, chaque personnage va faire monter une jauge en deux segments au fil des coups portés et reçus. Cette jauge permet deux actions : pour un segment il est possible d’effectuer un Burst, qui interrompra un combo adverse en repoussant l’assaillant, ou encore de réinitialiser les possibilités de mouvements aériens de son propre personnage pour éviter une éjection. Pour l’intégralité de la barre, donc les deux segments remplis, les joueurs pourront activer le Rage Mode qui augmentera la puissance de vos coups tout en améliorant votre résistance le temps que la barre se vide.

Des target combo : ce n’est pas que les combos ne faisaient pas partie de l’expérience Smash Bros, que du contraire même, mais Brawlout s’inspire des Auto Combo peuplant les jeux de baston depuis quelques années pour proposer un système de target combo assez simple à sortir :  Normal Normal Normal Spécial, le tout en neutral. Ce B’n’B débouche en outre sur un coup spécial propre au target combo et sa facilité d’exécution est balancée par un équilibrage malin : plus l’ennemi a encaissé de dégâts, plus il volera loin au terme de l’enchaînement de coups normaux et sera impossible à repêcher avec le coup spécial du target.

Ces quatre points précis, s’ils peuvent sembler anecdotiques au premier quidam venu, font toute la différence et aident Brawlout à tirer son épingle du jeu parmi la scène Smash-like. Malheureusement, si le gameplay du titre est particulièrement bien rodé, il traîne avec lui quelques tares qui viennent ternir le tableau. Prenons les différents personnages jouables : Brawlout propose un roster de huit personnages de base. Parmi ces huit protagonistes, nous retrouvons deux invités : le Drifter de Hyper Light Drifter et Juan de Guacamelee. Ces deux guests, venus d’un univers défini avant de se retrouver au sein du jeu, symbolisent à eux deux le problème du casting de la majorité des Smash like et pourquoi Nintendo réussit sur toute la ligne à chaque fois : ils viennent d’un jeu, d’un univers établi et sont donc pensés en tant que tel. Ils sont charismatiques et disposent d’une movelist cohérente avec ce que l’on connaît d’eux, contrairement aux combattants inédits du titre qui, s’ils sont relativement bien pensés en termes de gameplay, ne laisseront sans doute pas leur trace au panthéon des personnages marquants du jeu vidéo. Que ce soit Paco la grenouille adepte du Lucha Libre, Olaf le morse au pouvoir de glace ou encore Volt que l’on croirait tout droit sorti d’un bac à idées « Sonic’s Shitty Friends », le design des six personnages débloqués de base semble avoir bénéficié de moins d’attention que les mécaniques du jeu et ces combattants pourront avoir du mal à séduire les joueurs.

D’autres personnages sont déblocables, mais on touche ici au plus gros défaut de Brawlout : sa propension à vous faire farmer à tort et à travers ! Car les personnages supplémentaires se débloquent à la manière d’un banal free to play (alors que le jeu est vendu 20€ sur le Nintendo eShop), en accumulant des ressources à force de jouer, ressources qui vous permettront d’acheter des lootboxes où, avec un peu de chance, vous récolterez des éclats de personnages. À force de récolter des éclats, avec un peu de chance, vous finirez par avoir assez d’éclats de tel ou tel personnage pour le débloquer. Malheureusement, les personnages déblocables ne sont qu’un « vulgaire recyclage » des six protagonistes inédits du jeu, en en modifiant le costume et les propriétés des coups. Pour vous donner une idée, c’est comme si vous aviez Ryu comme personnage de base et parveniez à débloquer Ken comme nouveau combattant, à appliquer à chacun des cinq personnages ainsi déclinés. Il faudra donc jouer pendant très longtemps au jeu avant d’en débloquer l’intégralité du contenu, car il en est de même pour les arènes de combat ! De base, seuls trois stages sont débloqués, et il faudra amener chaque personnage jusqu’au niveau 10 pour débloquer son stage respectif. Pour vous donner une idée, cela fait maintenant un peu plus d’un mois que je joue régulièrement à Brawlout et je n’ai toujours débloqué aucun personnage ni aucune arène supplémentaire. C’est bien simple, malgré ses qualités évidentes, Brawlout aura le temps de vous lasser avant de vous offrir de quoi renouveler l’expérience, à cause de ses mécaniques de jeu gratuit intégrées dans un titre payé plein pot. Il ne manque plus que des micro-transactions et Angry Mob Games se serait complètement foutu de nous, espérons que cela sera revu dans de rapides patchs.

Note

12/20

Rarement un titre n'aura réussi à souffler aussi rapidement le chaud et le froid pour ma part ! Fort d'un gameplay rodé, Brawlout aurait pu occuper le terrain et satisfaire la communauté Smash en attendant un retour de la licence. Il aurait même pu être un concurrent de poids tant ses développeurs font preuve d'une compréhension des attentes du public compétitif dans la scène Brawler. Mais ses choix de mécaniques de progression dignes des pires free to play achèvent de ternir un tableau que le charisme général des persos avait déjà commencé à entacher. À recommander mais en connaissance de cause !

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