Redeemer – Pauvre pécheur

Redeemer – Pauvre pécheur

La vie de moine peut sembler tranquille, mais on ne connaît jamais vraiment ceux avec qui on prie chaque jour. Regardez frère Vasily, qui aurait pu croire qu’il avait un passé de machine à tuer ? Quoique sa musculature de taureau aurait pu mettre la puce à l’oreille de ses compagnons… Trop tard pour eux, les voici maintenant embarqués dans un beat’em all développé par le petit studio russe Sobaka et édité par Gambitious.

Retiré dans un monastère isolé où il recherche la paix intérieure, Vasily passe son temps à écosser des haricots et à prier dans des positions inconfortables. Lorsque des forcenés attaquent son monastère par surprise, il retrouve illico ses instincts de combattant et distribue les pains. Voilà donc pour la mise en place de Redeemer, qui poursuivra ensuite gaiement sur la voie du nanar.

Yann Arthus-Bertrand nous a montré combien les paysages pouvaient être jolis vus du ciel, Redeemer nous prouve que ce n’est pas toujours le cas. Vu du dessus, le monde de Redeemer n’est guère impressionnant, ni finement dessiné, ni richement fourni. Les décors sont assez génériques et les ennemis se contentent d’être reconnaissables. Quant à l’ambiance sonore, la musique a le (seul ?) mérite d’exister, tandis que les bruitages ont eux une belle puissance. Mais figurez-vous qu’on s’en fiche un peu de tout cela, car Redeemer ne vaut que pour son gameplay, simple et amusant.

Depuis Arkham Asylum, le beat’em all a trouvé sa voie en 3D. Et ce qui fonctionne en trois dimensions régale tout autant en 2D. Comme Batman, Vasily a trouvé la parade pour affronter des nuées d’ennemis plus denses qu’une file à la caisse du Carrouf’ un samedi après-midi (la veille du réveillon de Noël, tant qu’on y est). Tout d’abord, il cogne dur avec ses poings pour se concentrer sur un adversaire et avec ses pieds pour étourdir plusieurs vilains. Ensuite et surtout, il contre comme un pro ! Autour de lui, il n’y a souvent qu’un ennemi à la fois qui charge et – ça c’est bien pratique – celui-ci devient rouge au moment de lancer son attaque. Si vous appuyez au bon moment sur le bouton de défense, Vasily contre dans n’importe quelle direction et se retourne vers l’affreux en question pour lui régler son compte. Un bouton pour le poing, un autre pour le pied et un dernier pour le contre, ces trois petites touches font déjà le bonheur de l’amateur de bagarre sur écran.

Mais ce n’est pas tout, car Vasily est capable d’utiliser de nombreuses choses à sa portée. Il peut ainsi remplacer avantageusement son poing par des armes trouvées dans les niveaux, généralement une matraque électrique, une barre à mine ou un maillet surpuissant, qui deviennent rapidement inutilisables après quelques coups. Il balance également du mobilier ou des extincteurs dans la tronche, ce qui lui permet de s’amuser (et nous par la même occasion) à varier ses attaques. Les différentes possibilités s’enchaînent parfaitement, ce serait presque beau à voir s’il n’y avait pas du sang partout. Pour compléter sa panoplie, Vasily peut se jeter sur un ennemi pour l’achever au sol, effectuer une élimination silencieuse, exécuter une fatalité (avec la caméra qui va bien) ou encore réaliser une action contextuelle à proximité, par exemple, d’une scie circulaire qu’il serait dommage de ne pas employer sur le crâne d’un inconscient. Enfin, il a parfois le bonheur de tomber sur une arme à feu. Avec le stick droit, vous en dirigez le tir, de préférence vers les adversaires les plus coriaces assez peu dérangés par vos coups de poing.

Sous vos yeux ébahis, voici une représentation concrète de ce que vous venez de lire (inutilement donc).

Tout ceci fait une solide base de divertissement dans un rythme qui ne faiblit jamais. On ne s’ennuie à aucun moment et on ne perd pas de temps à des broutilles. Même votre jauge de santé vous pousse à l’aller de l’avant, elle qui se régénère à chaque ennemi tué – plus c’est gore, plus ça rapporte ! La juste répartition des points de contrôle vous incite aussi à foncer dans le tas sans craindre le bâton du retour trois kilomètres en arrière. Le studio russe Sobaka a tendu la cadence de son jeu comme un string de culturiste, au risque que, comme cette image, le résultat flirte avec le vulgaire et le l’écœurant.

Redeemer ne parvient pas, en effet, à pousser son sympathique gameplay au-delà de ses limites. Après une ou deux petites heures de jeu, l’action devient répétitive et incapable de soutenir la motivation du joueur. Malgré les changements d’environnements et la (petite) variété d’ennemis, la monotonie s’installe vite. On déconseillera donc les longues séances de Redeemer, plus adapté à de petites sessions de temps en temps. À petites doses, le beat’em all russe fait le job.

Note

12/20

Complètement focalisé sur son système de combat, le jeune studio Sobaka a oublié de varier l’action et de créer de l’enjeu. Qu’importe, si vous savez où vous mettez les pieds, Redeemer vous procurera un simple plaisir de beat’em all très rythmé. L’ami des petites sessions de jeu en fin de journée !

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