Mother Russia Bleeds

Mother Russia Bleeds

Final Fight, Double Dragon, Streets of Rage, Golden Axe, Turtles in Times voire même Cadillac & Dinosaurs pour les plus pointus ; ces titres sonnent comme une douce mélodie à vos oreilles ? C’est que vous êtes adepte de Beat’em All, et c’est tout à votre honneur. Il y a donc fort à parier que le nouveau jeu de Devolver Digital soit la Mandale de Proust que vous attendiez pour replonger ! Développé par le studio français Le Cartel, Mother Russia Bleeds est effectivement un BTA pure souche dans la veine des grands titres de Capcom et Konami. Comme son nom l’indique, il nous plonge en Russie pendant les années 80 et narre les mésaventures d’une poignée de gitans se retrouvant un beau jour victimes d’expériences sur une nouvelle drogue distribuée par la Mafia Russe, la Nekro. Manque de bol pour les méchants, la Nekro transforme nos anti-héros en combattants émérites et accros bien décidés, avec votre aide, à prendre leur revanche.

Niveau gameplay, on est dans du BTA à l’ancienne pure souche : bouton de saut, deux types de coups (poing et pied, chacun lié à son propre bouton), possibilité de choper son adversaire ou de ramasser une arme au sol d’une simple pression sur une touche, on navigue en terrain connu. On retrouve même un système de course : en appuyant rapidement deux fois de suite sur le stick analogique, notre personnage prendra ses jambes à son cou, lui permettant par la même occasion de décocher un coup plus puissant en pleine tronche de ses adversaires d’une simple pression sur Poing ou Pied en pleine accélération. Un dash faisant office d’esquive est également présent, et permet avec le bon timing d’effectuer la version « course » d’un coup. Enfin, les coups de poing peuvent être chargés en maintenant le bouton dédié, avec pour effet d’envoyer valser un opposant en arrière, renversant tout sur son passage. Avec un peu d’entraînement, on peut très facilement réaliser des combos sympa vu toutes les possibilités offertes de base par le jeu.

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Mais la Nekro, au coeur de l’intrigue de Mother Russia Bleeds, est également mise à contribution dans les mécaniques mêmes du jeu. Car contrairement à ses modèles dont il s’inspire allègrement, le titre du studio Le Cartel introduit une mécanique perverse pour faire remonter sa barre de vie : pas de pizzas ou autres potions de soin gisant bien sagement par terre en attendant d’être récupérée, dans MRB, il faut s’injecter une dose de Nekro pour retrouver la santé ! Et comment récupérer de la Nekro me direz vous ? C’est très simple ! Vos ennemis étant, tout comme vous, boostés à la Nekro, il suffit de la récupérer sur eux : une fois battus, certains antagonistes vont se retrouver à convulser par terre. Comme votre personnage est équipé d’une seringue, il n’a plus qu’à venir prélever la drogue coulant dans les veines desdits convulsés. La seringue peut contenir jusqu’à trois doses de Nekro, et si une dose permet de récupérer quelques points de vie, il est également possible d’utiliser la seringue pour activer un super pouvoir lié à la came. Le pouvoir de base accélère les déplacements et augmente la puissance des coups de votre personnage, et il est possible de débloquer d’autres pouvoirs au fil de la progression dans le jeu.

Le jeu propose d’incarner quatre personnages aux statistiques variées, en respectant certains archétypes bien connus des joueurs de BTA : si Sergei et Boris sont considérés comme des personnages polyvalents, l’imposant Ivan se pose quant à lui en véritable tank tandis que la frêle Natasha compense son manque de force par une agilité accrue. Dommage que les pouvoirs activés par la Nekro soient à débloquer et donc utilisables par tout le casting du jeu, car des pouvoirs propres à chaque personnage auraient achevé de les spécialiser et renforcer leur caractérisation.

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Entièrement jouable seul ou en coopération jusqu’à quatre joueurs, Mother Russia Bleeds repose principalement sur son mode histoire, où l’on enchaînera les niveaux à distribuer les pains dans la tronche jusqu’au chapitre suivant, avec des affrontements retors contre des boss au terme de certains stages. Chaque chapitre terminé débloque une arène dans le second mode de jeu, le mode Horde, qui propose de la survie face à des vagues continues d’ennemis de plus en plus belliqueux et résistants. C’est via le mode Horde que se débloquent les fameux pouvoirs liés à une injection de Nekro.

Réalisé entièrement en pixel art lui donnant un certain cachet rétro, MRB utilise pourtant des palettes de couleurs particulièrement sombres et « dégueulasses » : effectivement, le jeu est « moche », un parti pris artistique collant parfaitement à l’ambiance sale voulue par Le Cartel pour son jeu. La bande originale du jeu donne le ton avec des compositions rappelant par moments le travail effectué sur Hotline Miami, un titre avec qui Mother Russia Bleeds partage une certaine philosophie dans son approche de la violence.

Bien que plaisant à parcourir, MRB souffre pourtant d’un problème d’équilibrage : très vite, les ennemis deviennent de plus en plus nombreux, et à moins de parfaitement maîtriser le système de combat (et encore !) on se retrouve très rapidement débordé. Du coup, on perd de la vie, on s’injecte une dose de Nekro et on continue à se battre. Sauf que les trois doses pouvant être stockées dans la seringue du héros ne sont pas éternelles, d’autant plus que dans la mêlée il est plutôt compliqué de parvenir à en prélever sur ses adversaires ; le temps d’envoyer au tapis tous les ennemis empêchant de jouer les Petites Soeurs de Rapture, finies les convulsions… C’est déjà frustrant quand on est le seul à devoir prendre de la Nekro, mais imaginez quand vous combattez en coopération, que ça soit avec d’autres joueurs ou avec des PNJ : on peut relever un allié mis à terre grâce à une petite injection de Nekro. Dans le second niveau du jeu, la prison, on doit suivre un taulard jusqu’à la sortie de l’établissement. S’il tombe à terre, impossible de continuer plus loin sans le réanimer à coup de drogue. Si par malheur votre seringue est vide au fil de l’avancée (et croyez-moi, elle le sera !), le PNJ restera tristement au sol et vous serez bon pour revenir au précédent checkpoint. Enfin, les cadavres de vos ennemis vaincus restent au sol. Si c’est assez anecdotique en mode Histoire où on avance quasiment tout le temps, c’est bien vite illisible en mode Horde : comment s’y retrouver dans un tel amas de corps inanimés entre les convulsés, les types prêts à se relever, les armes à ramasser et les véritables macchabées ? Ces petits détails peuvent très vite faire basculer une partie et la rendre plus brouillonne ou frustrante qu’amusante.

Note

14/20

Doté d'une direction artistique particulièrement réussie et léchée avec un réel parti pris, le titre du studio Le Cartel séduit avec un gameplay efficace et rythmé, juste entaché par ses pics de difficultés aléatoires. Véritable déclaration d'amour au Beat'em All à l'ancienne, Mother Russia Bleeds plaira immédiatement aux adeptes du genre.

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