Yooka Laylee – Un air connu ?

Yooka Laylee – Un air connu ?

Si comme moi vous avez grandi avec une Nintendo 64 comme console principale, il y a de fortes chances que vous ayez joué à Banjo & Kazooie. Reprenant la formule de Super Mario 64 tout en y rajoutant son identité propre, le titre était produit par les anglais de Rare. L’histoire du studio est mine de rien fort triste : révélée au grand jour avec des titres comme Killer Instinct et Donkey Kong Country, la firme British deviendra très vite le meilleur allié de Nintendo en fournissant de nombreux hits à la Super Nintendo mais aussi et surtout à la Nintendo 64 (ai-je vraiment besoin de citer Goldeneye et Conker ?). En 2002, et après avoir offert à la Gamecube l’excellent Zelda-like Starfox Adventures, Rare se fait racheter par Microsoft et c’est là que les productions du studio commenceront à perdre de leur aura : quel fan de Joanna Dark n’aura pas été déçu par le très moyen Perfect Dark Zero ? Pourquoi Banjo & Kazooie est devenu une espèce de mélange entre Minecraft avant l’heure et un jeu de voiture ?

Si je vous parle de cela, c’est parce que le jeu dont nous allons parler aujourd’hui a été développé par Playtonic Games, un studio composé d’anciens employés de chez Rare qui entendent bien renouer avec le niveau qualitatif de l’âge d’or de la Nintendo 64. Yooka Laylee fut lancé sur Kickstarter en tant que suite spirituelle des aventures de Banjo & Kazooie (vu que les droits sur l’ours et l’oiseau appartiennent toujours à Microsoft et Rare), et la réponse du public fut sans appel : en 40 minutes, le « stretch goal » est atteint, et au terme de la campagne de financement participatif le projet aura recueilli deux millions de livres, soit 1.825.000 livres de plus que le palier souhaité ! Autant dire qu’avec un tel engouement de la part du public et compte tenu des déclarations du studio, c’est un poids très lourd qui repose sur les épaules de Yooka et Laylee, et nous allons voir ensemble si le caméléon et la chauve-souris se montrent à la hauteur !

Dès le lancement du jeu, on se retrouve en terrain connu : que ce soit le logo de Playtonic, la musique du jeu, la police de caractères employée, les « voix » des personnages ou encore la représentation des trois slots de sauvegarde disponibles, on retrouve sans aucun doute la patte Banjo. Les premières minutes de jeu sont on ne peut plus plaisantes et posent un scénario que n’auraient renié ni Banjo ni Conker : Capital B, vilain PDG d’une entreprise sans scrupule, a créé une machine lui permettant de s’emparer de tous les livres du monde afin de transformer leurs pages en pur profit. Yooka et Laylee, nos deux héros, sont en train de prendre du bon temps au soleil quand le précieux trésor de Laylee, un grimoire d’une grande valeur, se retrouve lui aussi récupéré par Capital B. Les deux compères se lancent donc à l’assaut de la forteresse de Capital B, bien décidés à récupérer leur dû.

À l’instar de Banjo & Kazooie, le jeu est construit dans un hub central, la forteresse de Capital B, où se trouvent les points d’accès aux différents niveaux. Au nombre de cinq, ils se débloquent au fur et à mesure que Yooka et Laylee récupèrent des pages au fil de leur progression, des pages trouvables aussi bien dans les niveaux que plus ou moins dissimulées dans le hub central. Petite originalité, si effectivement cinq mondes peuvent paraitre bien peu, il est possible, moyennant un certain nombre de pages en fonction des niveaux, de débloquer de nouvelles zones et ainsi étendre les niveaux déjà visités. Encore comme dans Banjo, nos amis pourront apprendre de nouveaux mouvements leur permettant d’accéder à des portions de niveau précédemment inaccessibles ou encore de résoudre des puzzles et énigmes dont la récompense sera, bien entendu, de précieuses pages. Toujours comme dans Banjo, les protagonistes pourront se transformer en diverses créatures ou objets propres à chaque monde. En fait, pour résumer grossièrement, tout ce qui faisait le sel des deux titres N64 se retrouve au coeur du jeu, des objets récupérables dotés de gros yeux et sautillant sur place en attendant gentiment d’être collectés jusqu’aux compositions de Grant Kirkhope qui sonnent tellement Banjo & Kazooie que l’on se demanderait même si le célèbre compositeur ne se serait pas plagié lui-même.

Et si lors des premiers instants on retrouve avec un certain enthousiasme cette aura aux bons relents de madeleine de Proust, force est d’admettre que cette joie est de courte durée et que le jeu perd assez rapidement de sa dynamique : le level design ne brille pas par autant d’excellence qu’à l’époque, les mini-jeux (d’ailleurs jouables jusqu’à quatre en multi local) ne sont guère amusants et proposent un gameplay poussif, et le délire du jeu à briser le quatrième mur tout en vantant le bon vieux temps (un aveu déguisé en blague meta ?), s’il laisse à sourire au premier abord, devient rapidement redondant. Ajoutez-y des protagonistes qui manquent cruellement de charisme mais que l’on tente de nous vendre comme des figures mémorables et vous obtenez un cocktail mitigé malgré une première gorgée rafraichissante…

Note

13/20

Pétri de bonnes intentions mais sans aucun doute étouffé par son ambition et muselé par son "héritage", Yooka Laylee se pose en jeu de plateforme 3D bien mais pas top. Peut-être que si l'équipe de Playtonic s'était plus appliquée à doter son titre d'une identité propre plutôt que de courir après le passé, Yooka Laylee serait un excellent jeu, mais les comparaisons avec Banjo & Kazooie sont à la fois ce qui joue le plus et le moins en sa faveur. Il reste toutefois un jeu très correct, à recommander aux nostalgiques de la N64 en priorité !

Réactions

  • Spacecowboy Be le 23/05/2017

    Quand on joue autant sur la valeur de son héritage, je fronce les sourcils. Dommage que les grands fans de Banjo ne s’y retrouvent même pas complètement, c’était pourtant le but de l’opération.

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  • Jonathan Swysen le 23/05/2017

    J’ai ressenti pareil au point de ne pas avoir eu le courage de terminer le premier niveau entièrement :/
    Le gameplay y est, la musique y est, la nostalgie y est mais le level design est tellement grotesque que ça coupe toute envie :/
    On dirait vraiment qu’ils ont eu des idées (et pour certaines intéressantes) et qu’ils se sont dit « on a une grande étendue, on va mettre ça là, comme ça, puis on a de la place ici et encore ça là-bas ! Ho, il reste des petits trucs, ici ça ira bien et là… En poussant un peu, ça passera aussi ! »
    Du coup l’ennui est présent entre deux endroits intéressants :/

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  • Pierre Cyborgjeff Martin le 23/05/2017

    J’étais assez enthousiasme par l’annonce de ce jeu, puis plus j’en découvre, moins je suis motivé… D’autant que je ne suis vraiment pas un grand fan de l’aire Plate-forme 3D ….. Je l’ai vu à 22€ en magasin, et je n’ai quand même pas fait le pas.

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