« Segata d’Avril ! » ou une explication

« Segata d’Avril ! » ou une explication

Bon, il n’était pas subtil mais je me suis bien amusé à le faire. Je parle du poisson d’avril publié sur le site racontant comment Segata Sanchiro, héros de tous les temps, a repris le contrôle de Sega et annoncé la Saturn 2 (et si vous ne l’avez pas lu, cliquez ici). Cependant, je n’ai pas choisi ce personnage par hasard. Cela fait quelque temps qu’il me fascine car il a dépassé son simple statut d’objet publicitaire pour devenir une icône à part entière. Je me permets donc d’en remettre une petite couche, sans parodie cette fois-ci, pour creuser un petit peu la question Sanchiro. Allez, serrez la ceinture de votre Judogi, on est parti.

Et je vous emballe même tout ça avec un peu d'Amour pour changer.

Et je vous emballe même tout ça avec un peu d’amour pour changer.

Sega, la pub est plus forte que toi !

Alors qu’il était encore constructeur de consoles et en « guerre » avec Nintendo, Sega brillait (entre autres) sur le plan marketing avec des publicités qui nous rentraient dans la tête. Le plus surprenant est qu’à l’époque aucune pub n’était « mondiale », le contenu et le slogan changeaient selon les régions du monde (principalement Japon, États-Unis d’Amérique et Europe). Les départements créatifs étaient donc différents, mais chacun a réussi à marquer à un moment donné les esprits de leur public.

Par exemple, beaucoup de trentenaires pourront vous ressortir le fameux « Sega, c’est plus fort que toi » et les fans américains vous répondront sûrement « Sega do what Nintendon’t! » (Sega fait ce que Nintendo ne peut pas). Et si les pubs japonaises ne sont pas en reste, il faudra attendre l’arrivée de la Saturn pour que leurs destinataires aient leur propre claque… Enfin plutôt leur prise de judo.

En 1997, Sega n’était pas vraiment au mieux de sa forme. Les ventes de la Saturn peinaient à monter, notamment à cause de l’arrivée sur le marché de Sony avec la Playstation qui avait raflé le public de joueurs devenus plus âgés. Pire encore, Nintendo avait finalement sorti sa nouvelle console qui était bien plus puissante que ses concurrentes, la Nintendo 64. Enfin, la Saturn était renommée « difficile à programmer » et les campagnes marketing à l’international étaient des échecs. Il était temps que Sega réagisse et pour ses dirigeants, l’objectif à atteindre était d’augmenter les ventes dans son pays d’origine : Le Japon.

Sega Saturn, Shiro !

C’est donc la même année que débarquaient sur les écrans nippons les spots mettant en scène le célébre judoka. Le principe était simple : un maître des arts martiaux sillonne le japon pour « punir » les gens qui ne jouent pas sérieusement… à la Saturn bien sûr. Chaque spot en profitait pour présenter un jeu ou une promotion spéciale (comme celle de Noël avec sa compilation de jeux).

Le succès ne s’est pas fait attendre, notamment pour deux raisons :

– Le personnage principal est inspiré de Sanshiro Sugata, personnage principal de deux des premiers films du célèbre réalisateur japonais Akira Kurosawa, La légende du grand judo (partie 1 et 2). Dans ce film, Sugata est un jeune homme qui met toute sa passion dans l’apprentissage du Judo et affronte de redoutables adeptes du Ju-jitsu. De par son thème et la renommée de son réalisateur (si vous n’avez vu aucun de ses films, jettez-vous sur sa filmographie !), les films et son personnage principal sont bien connus à travers le pays du soleil levant.

L'affiche du film avait de la gueul quand même...Et ça sans photoshop !

L’affiche du film avait de la gueule quand même… Et ça, sans Photoshop !

– L’acteur qui joue Segata Sanshiro s’appelle Hiroshi Fujioka (de son vrai nom Kunihiro Fujioka) et il est loin d’être un illustre inconnu dans l’archipel. Il a acquis sa renommée en jouant dans l’une des plus célébres séries de super-héros japonais (appelées Sentaï), Kamen Rider. Sa mine sérieuse lui assure ensuite des rôles de combattant, tandis que sa voix puissante lui donne plusieurs rôles de doublage, ce qui complète sa renommée de star nippone.

L'acteur très reconnaissable dans son costume de super-héro.

L’acteur est très reconnaissable dans son costume de super-héros.

Les réclames font mouche et les ventes de la Saturn finissent par décoller et redonnent un peu de vie à Sega. Segata Sanshiro devient véritablement la mascotte de la Saturn et par extension de son constructeur, ce qui est impressionant pour un personnage qui n’est pas lui-même issu d’un jeu.

Même si la campagne publicitaire est limitée au Japon, les joueurs du monde entier vont commencer eux aussi à entendre parler de ces spots et c’est là que la légende naît… ainsi que son Mème.

Mème toi !

La raison de la popularité actuelle du personnage est double. D’abord, Sega n’a jamais laissé tomber la mascotte de la Saturn, même après la sortie de son propre jeu (Segata Sanshirō Shinken Yūgi), du CD de sa chanson phare et la fin de la console qu’il défendait. Il fit office d’easter egg dans certains jeux (on citera son apparition dans le décor d’un des parcours de Sonic & All-Stars Racing Transformed) mais aussi dans d’autres médias comme une bande-dessinée Sonic où il se fait battre (ou plutôt se laisse battre) au Judo par le hérisson bleu. Même l’acteur n’hésitera pas à remettre le Judogi pour des conventions. Enfin, sa dernière apparition en date a lieu dans le jeu Project X Zone 2 (dont vous pouvez retrouver le test de Aum en cliquant ici) où il est cette fois un personnage utilisable dans les combats.

Même dans un jeu de course Sonic ça doit faire bizarre de voir passer un judoka avec un missile et une Saturn géante.

Même dans un jeu de courses Sonic, ça doit faire bizarre de voir passer un judoka avec un missile et une Saturn géante.

Mais au-delà de la nostalgie et du soin apporté par Sega à Segata, c’est sur internet que le personnage garde la pêche. Au moment de l’extension d’internet, la campagne publicitaire de la Saturn finit par se diffuser au-delà du Japon. Beaucoup d’internautes tombent sous le charme de ce héros du jeu sérieux et réutilisent son image pour diverses blagues visuelles, aussi appelées « mèmes ». L’aspect imbattable du judoka est mis en avant, souvent en comparaison avec une autre star malgré elle de la toile : Chuck Norris.

Avec le soin apporté par ses créateurs et sa diffusion sur le net, Segata Sanshiro a dépassé son statut de faire-valoir de la Saturn pour devenir le personnage de judoka déterminé et surpuissant qu’on connaît. Mais peut-être qu’un jour le temps aura raison de lui et sa popularité descendra de plus en plus vite, tombant dans un oubli tout temporaire. Car n’est-ce pas ainsi que naissent certaines légendes ?

En attendant, créez bien, jouez bien et surtout portez-vous bien.

En bonus, un petit « making of  » d’une des pubs retrouvé sur le web (sous-titres en anglais):

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