Epistory – il jouait du clavier debout

Epistory – il jouait du clavier debout

Depuis Typing of the Dead, on n’avait plus fait ça. Depuis cette déclinaison improbable du rail shooter House of the Dead, on n’avait plus joué au dactylo de service. Et depuis ce délire zombicide sur Dreamcast, ça nous manquait…

Le clavier, cet engin qui vous sert habituellement à exécuter des tâches routinières au travail, peut être un objet ludique ! Telle est l’idée à la base d’Epistory, la dernière création du studio belge Fishing Cactus. Pour progresser dans le jeu, il suffit de taper les mots qui s’affichent à l’écran. Et à vrai dire, on ne s’attendait pas à ce que soit aussi amusant.

Pour explorer le monde alentour, vous vous dirigez à l’aide de ZQSD ou d’une autre combinaison au choix. Le décor s’ouvre alors à la manière de Bastion – ou de Beyond Eyes si vous préférez les jeux chiants – et fait apparaître des points d’intérêt. Par exemple, un espace vide dans la terre au-dessus duquel flotte le mot « pivoine ». Vous tapez les lettres et voilà que surgit une superbe pivoine. Bravo, vous avez compris le principe et, pour peu que vous sachiez résoudre quelques énigmes logiques, vous savez jouer à Epistory.

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Fourrure rousse et cheveux blonds

Plus fort que Tails dans Sonic, ce n’est pas une ni deux, mais trois queues qui parachèvent l’arrière-train de votre monture dans Epistory : un renard bien fourni en appendices donc, chevauché par une fillette. Voilà qui sent bon le lapin rose et les licornes arc-en-ciel, vous dites-vous. Et bien pas du tout, puisque le studio belge de Fishing Cactus s’est montré assez modéré en matière de choupitude. À dos de renard, vous parcourez des environnements naturels, peuplé d’animaux réels – de gentils petits lapins sautillants (+2 en choupitude) et des insectes flippants (-5 en choupitude).

C’est là que les ennuis commencent : tous les insectes du coin veulent vous dévorer ! Ca va de la punaise à l’araignée en passant par le gros vers, vous leur donnez faim visiblement. Chacun de ces insectes porte une liste de mots au-dessus de lui. Vous tapez un mot correctement, le suivant se met en surbrillance et ainsi de suite jusqu’à la destruction de l’animal vorace par l’épuisement de la liste de mots. Une liste qui comprend deux mots pour les plus petits ennemis, mais beaucoup plus pour les adversaires imposants. Certains poussent même le bouchon jusqu’à vous demandez de tapoter des mots complexes, du style « mytochondrie » – ou « mitochondrie » je ne sais plus moi.

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Chaque ennemi anéanti ou chaque plante créée vous délivre quelques orbes. Des points bonus à dépenser au magasin d’améliorations, telles que la rapidité de déplacement, la longueur de la jauge de combo (pour obtenir plus d’orbes) et des compétences de combat. Ainsi, armé de la compétence de combustion, vous pourrez sauter des mots en les brûlant. Le système est automatique, vous tapez un mot d’un ennemi et le suivant s’enflamme avant de s’éteindre. Très pratique pour combattre les groupes d’ennemis. Et c’est ici que ça devient drôle et prenant.

La plupart du temps, vous choisissez vous-même d’engager un combat. En approchant d’un insecte, vous appuyez sur la barre d’espace : votre personnage se fige pendant que vous tapez les mots requis. Si la tronche de l’insecte ne vous revient pas, vous n’avez qu’à vous en éloigner. Mais vous n’aurez pas toujours la liberté de fuir la bataille. Par moments, Epistory vous impose un combat en arène avec des adversaires qui déboulent de partout. Dès qu’un insecte vous touche, vous êtes mort. Or, certains insectes sont plus rapides que d’autres et, comme nous le disions plus haut, certains ont une plus grande résistance (une liste de mots plus longue).

Imaginez que vous vous faites attaquer par un groupe de trois ou quatre ennemis aux caractéristiques différentes. Il va falloir réfléchir (et vite) à votre approche. Taper les mots de l’adversaire le plus véloce ou finir celui avec la liste la plus fournie ? Taper un mot de chaque adversaire et profiter de la combustion du prochain mot ? Vous débarrasser d’abord de l’insecte aux mots les plus difficiles et exigeant une concentration accrue ? De véritables choix stratégiques et ludiques qui vous feront suer sur les touches de votre clavier, croyez-moi. Car tout va très très vite, et l’erreur n’est pas permise. Attendez de découvrir les ennemis sensibles uniquement à une certaine compétence à sélectionner (au clavier, logique) en plein combat, vous m’en direz des nouvelles. Ce challenge relevé et pertinent est la succulente crème ludique dans le gâteau d’Epistory qui semblait déjà délicieux extérieurement.

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Car visuellement, Epistory a du style, ça crève les yeux. Non content d’avoir trouvé une idée de gameplay géniale, le studio montois de Fishing Cactus a poussé les curseurs esthétiques au maximum. Il suffit de voir l’univers graphique qui se plie et se déplie façon cocotte en papier pour succomber au charme du jeu. Tous les éléments à l’écran sont de petits origamis colorés d’une grande puissance évocatrice. Et puis ce renard dégage aussi quelque chose de féérique et d’intrigant. De même que la musique, qui sonne comme une rivière tranquille avant de faire résonner ses tambours tribaux dans des rythmes percutants. Et la voix suave de la narratrice ne gâche rien.

Cependant, au milieu de ce tableau sensationnel, c’est bien la narration qui paraît la moins séduisante. À nouveau dans l’esprit de Bastion, elle accompagne vos faits et gestes par des messages écrits sur le sol ou des commentaires vocaux. Néanmoins, le mystère de l’histoire semble excessif et trop pompeux, du moins au stade où nous en sommes dans le jeu. En effet, nous n’avons pas encore terminé Epistory, auquel nous avons d’ailleurs surtout joué durant sa phase d’accès anticipé sur Steam. Nous préférions toutefois vous parler du jeu dès à présent – si vous vous dépêchez de l’acheter sur Steam, vous économiserez 10 % du prix total (15 euros sur PC Windows, Mac et Linux).

 

Note

17/20

Epistory fait carton plein sur le plan artistique, ça n’étonnera personne ; sa force visuelle et sa poésie s’imposaient dès les premières annonces du jeu. La bonne surprise vient du gameplay, aussi original que totalement maîtrisé. Non, on ne s’attendait pas à prendre autant de plaisir à taper des mots au clavier. Pourtant, c’est peut-être Epistory qui propose le challenge le plus relevé et le plus cohérent du moment. De l’indé arty qui n’oublie pas d’être ludique, ça vaut de l’or !

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