À vrai dire, cela fait déjà plusieurs semaines qu’il faut que je vous parle de Klaus, mais je n’arrive pas à trouver mes mots. Car sous ses airs de jeu de plateforme somme toute assez classique, le titre de La Cosa Entertainment est tout bonnement déroutant. Alors, comment l’aborder ? Parler de son gameplay ? De sa narration ? De son utilisation des fonctions tactiles de la manette PS4 ? Car oui, dès le jeu lancé, un écran vous informe que « Cette expérience utilise le pavé tactile ». Expérience ? Ce nom mine de rien un peu pompeux au premier abord résume parfaitement Klaus !

Car le point le plus marquant du jeu est assurément son côté expérimental. Expérimental sur le gameplay bien sûr, de par l’utilisation du pavé tactile de votre manette : vous vous souvenez de la version Wii U de Rayman Legends ? On pouvait y déplacer des plateformes d’une simple pression du doigt sur l’écran tactile, et c’est à peu de choses près ce qu’il vous sera demandé ici aussi. Bien sûr, le tout est un chouïa moins précis que sur le jeu d’Ubisoft, car on passe d’un écran tactile plus grand qu’un smartphone lambda à une petite surface sans retour visuel pour se repérer vis-à-vis de l’écran de jeu, mais ça passe assez bien in game. Qu’il s’agisse d’ouvrir un volet qui bloque le passage ou d’activer une plateforme qu’il faudra alors contrôler du stick droit, cette fonctionnalité est régulièrement mise à contribution sans pour autant n’en devenir qu’un simple gimmick auquel le jeu ferait trop fréquemment appel.

Si en commençant le jeu le joueur dirige Klaus, qui se réveille dans un bâtiment sans se souvenir de quoi que ce soit et cherchera à s’en échapper, très rapidement notre petit personnage se verra rejoint par un second protagoniste du nom de K1. Le gameplay continue d’expérimenter en proposant au joueur de soit déplacer les deux personnages simultanément, soit switcher les personnages en fonction de la configuration du niveau et de leurs capacités propres afin d’avancer sans relâche vers la sortie du niveau. Si Klaus peut activer des ordinateurs et effectuer des doubles sauts, K1 peut quant à lui détruire obstacles et postes de contrôle à même ses poings, mais aussi lancer Klaus vers des hauteurs inaccessibles autrement et enfin utiliser sa cape pour planer après un saut.

Mais là où Klaus ne ment pas sur la marchandise en se vantant d’être une expérience, c’est sur sa narration subtile et originale. S’il est bien donné au joueur de contrôler Klaus et K1, en aucun cas il ne les incarnera car d’entrée de jeu les personnages sont conscients de la présence du joueur et n’hésitent pas à briser le quatrième mur en s’adressant directement à nous ! Cela donne lieu à l’installation progressive d’une relation entre les trois protagonistes principaux du jeu, nos deux personnages et le joueur. Le tout passe par l’incrustation de phrases sur le décor même pour un effet assez réussi et aborde des sujets assez sérieux comme la confiance, l’impression de ne rien contrôler sur sa vie et le poids des responsabilités impliquées par le passage à l’âge adulte ; sans jamais en devenir moralisateur et casser le plaisir de jeu.

Le level design est particulièrement réussi, les niveaux suivent une courbe de progression et d’apprentissage pour le joueur; on jongle avec les boutons de la manette et la surface tactile pour avancer avec un certain plaisir. Si le but concret de chaque niveau reste bien sûr d’en atteindre la sortie, quelques niveaux spéciaux viennent pimenter l’expérience : ainsi le scrolling pourra dicter le rythme du niveau comme dans les vieux Sonic et Mario par ici, tandis que par-là ce seront des puzzles à résoudre en utilisant les fonctions tactiles afin de ramener une clé vers Klaus. Chaque niveau comporte une warpzone emmenant le joueur vers des niveaux bonus où les règles du jeu sont à chaque fois altérées, en renouvelant sans cesse l’expérience.