Prison Architect : Bienvenue à Alcatraz

Prison Architect : Bienvenue à Alcatraz

Longtemps disponible en accès anticipé sur Steam, Prison Architect est enfin arrivé à maturité et les portes du pénitencier peuvent enfin s’ouvrir (ou se refermer, c’est selon). Premier constat : que de chemin parcouru depuis la version alpha sortie en 2011. Au cours de ces trois années de développement, on ne comptait plus en effet les mises à jour mensuelles (pas moins de 36 MAJ !) et le suivi presque hebdomadaire du studio anglais Introversion Software pour introduire toujours plus de contenu et corriger les bugs éventuels. Preuve s’il en est que ce système économique de “work in progress” peut fonctionner dans l’industrie du jeu vidéo, mais qu’il nécessite pour cela un certain investissement sur le long terme que certains studios ne semblent visiblement pas prêts à fournir.

Les portes du pénitencier

Pour rappel, Prison Architect est un jeu de gestion/simulation qui place le joueur dans la peau d’un directeur de prison. Tout d’abord, vous devrez gérer sa construction, depuis ses fondations (murs, canalisations, électricité) jusqu’à l’agencement des différents blocs (cellules, cantine, cuisines, court intérieur, etc.). Vous serez également en charge de la décoration d’intérieur. Libre à vous de vous la jouer gentil et attentionné directeur, façon Tom Hanks dans La ligne verte, en ajoutant de la verdure ou encore des fenêtres ici et là (au risque toutefois de voir vos occupants en profiter pour se faire la malle). Ou alors, vous pouvez toujours incarner un directeur peu scrupuleux et tyrannique, façon Shawshank Redemption, en laissant les détenus sans douches ni équipement (au risque cette fois de vous retrouver avec une série de meurtres sur le dos, sans parler des émeutes).

Certaines prisons ressemblent à de vrais villages de vacances... Mais détrompez-vous !

Certaines prisons ressemblent à de vrais villages de vacances… Mais détrompez-vous !

Ensuite, une prison ne se limite pas à ses murs. En effet, ceux-ci renferment de nombreux locataires qui, à l’instar des Sims, possèdent leurs propres besoins auxquels le joueur devra répondre au risque de se retrouver avec une nouvelle émeute sur le dos. Vous devrez ainsi anticiper les besoins des détenus, en gérant notamment la faim et l’hygiène, mais aussi, les relations familiales. Car, et c’est là l’une des bonnes idées du titre, chaque prisonnier possède sa propre histoire. Il suffit pour cela de placer le curseur sur le sprite de ce dernier pour découvrir les raisons de son emprisonnement, sa peine, mais aussi sa condition familiale et, dans certains cas, son souhait de réinsertion. Mais si les prisonniers constituent à priori la principale population à gérer, l’équipe carcérale n’est pas en reste pour autant. En effet, en tant que directeur, il vous faudra également être attentif aux revendications de vos gardiens, mais également du reste de votre staff (cuisiniers, psychologues, infirmiers, etc.) au risque de voir certains manquements se produire au niveau des tâches quotidiennes et de voir les prisonniers en profiter pour soudoyer vos gardiens.

Quand on vous dit que la prison c'est pas un camp de vacances

Quand on vous dit que la prison c’est pas un camp de vacances

Dead Man Walking

Parmi les principaux changements par rapport à la version alpha, nous soulignerons la présence d’une courte campagne scénarisée qui fait office de tutoriel. Au cours des cinq chapitres qui la composent, le joueur sera successivement amené à construire un couloir de la mort, à gérer une émeute ou encore à mettre en place des programmes de réinsertion pour les prisonniers. Notons au passage l’évolution éthique et morale de cette campagne : on commence par la délicate question de la chambre d’exécution pour finir avec celle de la réinsertion. Ce parti pris, que certains considèreront comme cynique, témoigne de la volonté des créateurs du jeu de couvrir l’ensemble du spectre des questions morales et éthiques que peut soulever un jeu se déroulant dans un univers carcéral. Outre ce mode « Histoire », le jeu propose désormais un mode « Evasion » qui permet à ceux qui ont l’âme d’un Michael Scofield (mais oui, le gars tout tatoué dans Prison Break), d’incarner un prisonnier dans l’une de vos propres prisons et ainsi tester votre niveau sécurité en essayant de vous en évader.

La campagne scénarisée aborde frontalement des sujets carcéraux sensibles

La campagne scénarisée aborde frontalement des sujets carcéraux sensibles

Theme Prison

Comme la plupart des jeux de gestion, dont Theme Hospital semble être le plus proche parent, l’argent constitue le nerf de la guerre. Même si au final, il y a six façons de perdre une partie : la banqueroute, la perte de contrôle de la prison suite à une émeute, si trop de prisonniers s’échappent, si trop d’employés et/ou de détenus se font tuer et, enfin, si vous exécutez des prisonniers innocents.

La principale boucle de gameplay consiste à amasser de l’argent, en accueillant notamment de plus en plus de détenus, pour pouvoir ensuite l’investir dans de nouveaux équipements ou pour agrandir votre prison. Au niveau de la rejouabilité, comme pour de nombreux jeux de gestion, celle-ci semble infinie, à moins bien entendu de repérer rapidement les mécanismes de jeu ou d’effecteur des recherches sur Internet pour y trouver des informations sur la manière d’optimiser votre espace. Auquel cas, les parties deviendront très vite redondantes. Pour les autres, une fois la première partie commencée, les premiers défauts architecturaux et organisationnels se feront vite ressentir et nombreux seront ceux qui seront tentés de recommencer un nouveau projet, pendant que d’autres iront jusqu’au bout.

Certains pourront très vite se sentir dépassés par le nombre (trop?) important de paramètres à prendre en compte dans la gestion de sa prison : l’emploi du temps, les éventuelles émeutes, les programmes de réinsertion, les parloirs, les rondes de nuit, etc. Malgré cette complexité, Prison Architect propose une interface assez claire et dont la prise en main se fait rapidement (le passage par le mode « Histoire » semble toutefois incontournable). La construction des bâtiments et la gestion se révèlent au final assez intuitives. De son côté, le style graphique, largement inspiré du pixel art, permet de contraster avec la violence (physique et morale) de certaines situations tout en facilitant la lecture rapide de l’environnement : un rapide coup d’œil permet de visualiser les problèmes éventuels. La bande-son participe également à la compréhension d’ensemble : des voix s’élèveront lorsque la rumeur gronde dans vos murs.

Note

16/20

En résumé, Prison Architect se révèle être un excellent jeu de gestion (en français) qui procurera de nombreuses heures de jeu aux amateurs de city builders. D’autant plus que compte tenu de la politique du studio Introversion Software, il y a fort à parier que les développeurs ajouteront de nouvelles mécaniques de jeu à travers des mises à jour régulières. Ajoutez à cela une communauté très active sur Internet qui propose des scénarios et de nombreux défis à relever, et vous obtenez un titre solide et durable…comme une porte de prison.

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