3D Thunder Blade : le vilain petit canard ?

3D Thunder Blade : le vilain petit canard ?

Press-Start ne cesse de déclarer son amour pour les classiques 3D de Sega sur Nintendo 3DS. Néanmoins, malgré toute notre fascination pour ses gloires de l’arcade, nous craignons que Sega pèche par excès. Les sorties se succèdent à un rythme soutenu, l’indigestion de simili-3D eighties n’est pas loin. Un point de rupture que Sega pourrait atteindre ici en adaptant un classique pas si classique que ça.

Si les Space Harrier, Outrun, Super Hang-On et compagnie ont fait rêver bien des gagas de Sega, est-ce bien le cas de Thunder Blade ? Non, certainement pas. Thunder Blade s’est d’abord autodéprécié en arcade à cause de son système de contrôle, avant de perdre ses qualités visuelles sur Master System pour enfin passer pour un ringard sur Mega Drive. On a fait mieux comme hit incontournable.

Après Space Harrier, Galaxy Force et After Burner, Thunder Blade peut être considéré comme le jeu de trop dans sa catégorie. Pourtant, comme il le fait notamment pour After Burner et Super Monaco GP, son système d’arcade (le Sega X Board) lui donne une technique d’enfer. Toujours dans cette veine « super scaler », Thunder Blade en met plein la vue avec sa rapidité de défilement, ses graphismes fins, ses changements de perspective et ses explosions pétaradantes (notamment celle de votre hélico – badaboum !). Le caractère spectaculaire reste intact sur 3DS, même avec l’habitude de la 3D relief.

Alors, qu’est-ce qui bloque les pales de notre hélicoptère ? Un souci de conception sur le plan matériel. La borne d’arcade est sympa esthétiquement, dans la lignée de ses ancêtres, et applique le dada de Sega : faire bouger le derrière du joueur posé sur le siège – oooh, shake-shake-shake. Le hic se situe dans le manche de contrôle, trop réaliste pour être honnête. Le dynamisme de l’action ne convient pas à ce levier énorme : le pilote n’a pas assez de temps pour le faire monter de haut en bas ou le balancer de droite à gauche. Pas de quoi se toucher le tralala, Thunder Blade en arcade est injouable…

3D Thunder Blade - immeubles3D Thunder Blade - boss

Sur 3DS, c’est tout autre chose. Le stick ou la croix directionnelle n’ont pas cette course trop allongée, si bien qu’on s’amuse enfin à jouer à la version arcade. Comble de la dérision, le portage 3DS comporte une option de maniabilité au capteur gyroscopique qui, aux dires d’un responsable de Sega, « reproduit la sensation d’imprécision de la machine d’arcade et vous fait comprendre à quel point il était difficile de jouer à l’original. » Une formidable citation traduite, issue elle-même de la traduction anglaise d’un entretien passionnant avec le producteur et le directeur du studio M2 sur le site de Sega. Ce choix de commande est donc à déconseiller comme… dans tous les jeux en fait.

Si vous prenez place un jour dans un hélicoptère de combat, n’allez pas croire que vous êtes parti pour un vol stationnaire pépère au-dessus d’une île salopée par des « survivants » de Koh-Lanta. Pas de collier d’immunité dans 3D Thunder Blade, tout le monde veut votre peau : dans les airs avec d’autres hélicos du côté obscur et des avions, au sol avec des chars d’assaut sacrément précis. Ca chauffe pour votre hélice, d’autant plus que votre plan de vol a été défini par le commandant du Costa Concordia : slalom géant entre les arbres, les immeubles et les parois de caverne ! Ces éléments de décor renforcent l’impression de vitesse et réduit proportionnellement la durée de votre partie. Le moindre choc fait exploser (joliment) votre hélico, sauf si vous réglez la difficulté au plus bas ; une sorte de cheat code offert par Sega parmi les options, une fois encore, très nombreuses.

3D Thunder Blade - rivière

Un niveau de Thunder Blade comprend trois parties. D’abord, vous visualisez votre hélicoptère du dessus et prenez vos marques dans une représentation à la River Raid sur Atari. La perspective bascule ensuite, vous plaçant derrière votre engin avec cet effet 3D cher à Sega. Enfin, vous revenez au-dessus de votre véhicule pour affronter le vaisseau amiral du boss. Lors des deux premières phases, vous pouvez modifier en permanence l’altitude de vol, une possibilité étonnante dans la vue 2D qui devient plus naturelle dans le défilement typique des Space Harrier, Galaxy Force, etc. Les trois phases se répètent pendant quatre niveaux, et puis c’est la fin claire et nette sans tour supplémentaire. Un peu court sans doute, comme l’observent les développeurs dès le début du projet de portage sur 3DS.

3D Thunder Blade - forteresse

On ne pourra jamais transformer un Eden Hazard en un Thibaut Courtois, mais on peut lui mettre des talonnettes. Un niveau supplémentaire rend ainsi 3D Thunder Blade suffisamment long, pour sa catégorie bien sûr. Ce bonus est disponible dans le mode « Special », que l’on débloque après avoir terminé (rapidement) le jeu normal. Et c’est justement en parvenant encore à la fin du jeu normal que la surprise fait son petit effet, puisque l’action se poursuit directement après l’ultime boss initial. Ca repart donc pour un tour dans un niveau entièrement vu de l’arrière et nettement plus corsé. Accrochez-vous à votre 3DS pour voir le bout de cette rallonge qui, fidélité oblige, n’utilise que des éléments présents dans le code original. Tel est aussi le credo du mode spécial dans les niveaux précédents, où les développeurs ont revu la disposition des ennemis pour accentuer le rythme. Ca cartonne donc encore plus, même si vos missiles « spéciaux » vous procurent une aisance supplémentaire.

Toutes les images du présent article sont tirées du site blog.sega.com

Note

14/20

3D Thunder Blade parvient à corriger les défauts de la version arcade. Son apparition dans les 3D Classics de Sega n’a donc rien de choquant, même s’il ne profite pas du même bonus nostalgique que d’autres hits maison. Enfin, au risque de se répéter pour chaque titre de la gamme, le soin apporté dans le portage est toujours aussi remarquable.

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