Metro Redux : Mind the gap of the new generation

Metro Redux : Mind the gap of the new generation

Ce n’est ni la première, ni la dernière : Metro Redux est une conversion d’un jeu de la génération précédente (de consoles). Ou plutôt de deux jeux : Metro 2033 et Metro Last Light. Deux FPS à forte valeur narrative, qui profitent ici de graphismes améliorés et d’une fluidité parfaite sur Xbox One et PS4. Une bonne nouvelle pour les fans déjà conquis par les versions originales, et carrément une aubaine pour ceux qui découvrent cette mini-série.

Post-apocalyptic is the new blue sky

Le futur dans le jeu vidéo, c’est toujours la merde. Plus rien ne tourne rond, et surtout pas notre planète. La guerre entre les hommes a souvent martyrisé notre Terre au point de la rendre invivable pour nous, pauvres bipèdes. L’apocalypse a déjà eu lieu dans Metro aussi. La planète a été ravagée par des bombes nucléaires, qui ont fait apparaître des races de mutants vilains pas beaux du tout ; voilà la situation pour faire court.

Metro 2

Ou plutôt ne faisons pas court. Parce que l’histoire, dans Metro, occupe le premier plan. La première moitié, Metro 2033, commence en prenant son temps. Après un tutoriel déguisé, elle ouvre une mise en place longue, trop longue pour un jeu vidéo habituel. Mais Metro n’est justement pas une série habituelle. La considérer comme un FPS traditionnel est la meilleure manière de s’ennuyer. L’action se fait rare au début de l’aventure et arrive seulement le moment venu. Auparavant, le « joueur » aura eu largement le temps de se familiariser avec l’univers narratif. Car presque tout est narration dans Metro.

Les humains vivent reclus dans les couloirs du métro de Moscou. Ils y ont construit des camps, voire des villes, et c’est la débrouille. Les anciennes stations abritent ainsi une vie en miniature, effrayée par l’extérieur, par son atmosphère viciée et ses monstres dangereux. En écoutant les survivants discuter, on perçoit une résignation qui ne s’apitoie pas sur son sort et qui se guérit dans les bars de fortune. Pas de doute, on se trouve en réalité dans une ambiance très russe. Gros dépaysement pour les joueurs, biberonnés au mode de vie américain et à ses aspirations de grandeur.

Le décor moscovite est donc bien plus qu’un décor. Il donne cette couleur particulière à l’histoire, dans laquelle l’héroïsme est tout relatif. Metro, tiré du roman de l’écrivain russe Dmitri Glukhovski, ne cache pas ses origines et il a bien raison. Pour nous Occidentaux, la balade dans ce Moscou souterrain est un choc culturel. Outre les signes distinctifs comme la gnôle et le Bolchoï, Metro nous immerge dans une communauté russe au milieu des « camarades ». Il y a des monstres dehors ? C’est vrai… on l’oublierait presque.

Prochain arrêt : Mutant-City

Il serait néanmoins dommage de ne pas s’intéresser à l’action de Metro : le FPS survival dans toute sa splendeur. Progressant dans des environnements souvent cloisonnés (à juste titre, on est dans le métro), notre héros n’en mène pas large. Il semble démuni face à la menace mutante, comme si elle s’amusait à le garder en vie par curiosité. Quand il marche le long des rails, il assiste à des phénomènes paranormaux, il enjambe les corps mutilés, il pénètre dans des nids dégoûtants et ne maîtrise rien du tout. Du vrai survival complètement trippant !

Metro Last Light

Par moments, la menace se concrétise et il faut se défendre. Le FPS reprend alors ses droits, avec brio. Tous ces monstres dont on craignait l’arrivée se jettent sur nous, sans retenue, sans hésitation, sans humanité. Ca fout la trouille ; on tient la manette fermement, on recule sur le dos de son siège et on tire à l’économie avec un œil sur sa réserve de munitions. Caractéristique des survival horror, le manque de munitions est non seulement grisant, mais parfaitement justifié. Certaines classes de balles, forcément limitées, servent même de monnaie d’échange dans les magasins. Alors, on y réfléchit à deux fois avant de les gâcher sur un monstre trop éloigné.

Metro maîtrise donc à la perfection l’aspect survival. Hélas, son histoire est toute puissante et le force à dévier de sa trajectoire ludique parfaite. Dans le métro, trois communautés humaines s’opposent et s’écharpent. Au centre de ce conflit, vous aurez donc l’occasion de goûter aux fusils de vos congénères dans ce qui ressemble trop à un FPS générique. Pour éviter cette normalité, vous serez tenté de vous infiltrer entre les lignes ennemies sans combattre. Moyennement réussie, cette mécanique d’infiltration impose des déplacements dans l’obscurité et le silence. Pas très folichon, rendez-nous les monstres !

Soit, si l’histoire et sa cohérence justifient ces séquences un peu moins amusantes, c’est déjà ça. Malheureusement, avec toute la volonté du monde, le récit ne parvient pas à expliquer… les bugs. De bons gros bugs élevés en plein air, encore moins excusables dans le cadre d’une version améliorée ! Parmi mes meilleures expériences en la matière, je citerais la porte subitement trop étroite qui vous empêche de poursuivre l’aventure et le tank qui vous explose sans jamais rater sa cible. Après une vingtaine de retours au dernier point de contrôle, il faut se résoudre à recommencer le chapitre. Et là, comme par magie, la porte est redevenue franchissable et le tank moins précis.

Comme il se doit, cette version complète de Metro contient les contenus autrefois additionnels. Et surtout, il comporte les deux jeux sortis séparément. Si vous découvrez la série à l’occasion de cette réédition, vous plaindrez ceux qui ont dû attendre entre les deux épisodes. Avec la mise à jour graphique, Metro 2033 et Metro Last Light s’enchaînent sans transition. L’action plus présente à la fin de la première partie repartira de plus belle dans Last Light, comme si vous aviez simplement changé de disque.

Note

16/20

Metro Redux présente ses moments forts sans esbroufe et évite le syndrome « je pète plus haut que mon cul en me faisant passer pour le meilleur jeu de la création ». Avec une dignité et une modération toutes russes, si vous me permettez cet amalgame. Le contenu narratif de Metro le rapproche pourtant des meilleurs représentants de sa catégorie, qui ont plus fanfaronné que lui lors de la génération précédente.

Réactions

  • MGM le 18/04/2015

    Quand ils seront en bonne promo je les reprendrai en redux même si je les ai déjà fini en version normal.

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