« Regarde, mon enfant. Tu es né de la poussière, et tu marches dans Mon jardin. Écoute à présent Ma voix. Et sache que Je suis ton Créateur. Et Je me nomme Elohim. Cherche-Moi dans Mon temple, si tu en es digne. Partout dans cette contrée, J’ai créé des défis que tu devras surmonter. Et dans chacun d’eux, J’ai dissimulé un symbole. C’est ta destinée de rechercher ces symboles, car ainsi tu serviras les générations à venir, et tu atteindras la vie éternelle. »

C’est par ces paroles prononcées par une voix distante mais imposante que débute l’aventure de The Talos Principle. Ce puzzle à la première personne vous plonge très vite dans la peau (ou plutôt, dans les circuits) d’un androïde au nom inconnu. Accompagné par la voix mystique de Elohim et égaré dans ce monde aux airs d’Eden, vous commencez donc à parcourir docilement ces jardins afin de collecter les symboles laissés par votre Créateur. Après tout, il s’agit là d’une mission divine. Pourquoi penser par soi-même si Elohim lui-même communique directement avec vous ?

Dieu teste votre loyauté

Vous allez donc commencer à rechercher fervemment ces symboles, matérialisés sous la forme de blocs aux formes diverses. Ceux-ci sont dispersés dans des jardins accessibles librement. Dans chacun des jardins, il vous faudra progressivement rivaliser d’ingéniosité pour atteindre ces divins blocs. La tâche n’est en effet pas aisée, et de multiples obstacles se dresseront sur votre chemin vers l’absolution. Ce seront tantôt des mitrailleuses accrochées à des murs qu’il vous faudra contourner, tantôt des sphères robotiques tueuses qu’il vous faudra éviter, ou encore des rayons lumineux qu’il vous faudra dévier afin de déverrouiller les portes qui se dressent entre vous et votre symbole. Fort heureusement, Elohim, dans sa Grâce infinie, ne vous laisse pas démuni pour accomplir votre Mission : dans chacun des jardins, vous trouverez différents outils vous permettant d’interagir avec les différents obstacles que vous rencontrerez. Qu’il s’agisse de brouilleurs pouvant désactiver certains éléments, de cristaux permettant de dévier les rayons lumineux ou encore de blocs paralysant certains ennemis, vous aurez une grande diversité d’outils à votre disposition. Il s’agira pourtant d’employer ces outils à bon escient, car ils sont souvent rares et leur efficacité dépendra à la fois d’une utilisation adaptée, d’un timing bien calculé et d’une économie de moyens à en faire baver un moine ascétique.

Il vous faudra utiliser efficacement le peu d’outils mis à votre disposition.

Crise de foi

Au fur et à mesure de votre progression dans le jeu et dans les « jardins » créés par Elohim (le premier étant d’ailleurs fortement inspiré de Pompéi, le second de l’Egypte ancienne, le suivant de la France médiévale, et ainsi de suite), vous rencontrerez des terminaux vous permettant d’accéder à une interface (le Milton Library Assistant) vous donnant accès à des documents évoquant un autre monde, un monde qui semble plus réel, plus concret, moins… illusoire. Ces documents sont très variés. Certains semblent extraits de rapports évoquant un projet scientifique dont le but apparent serait de concevoir l’Ordinateur ultime, une super-Intelligence Artificielle étant capable de stocker toutes les connaissances humaines et dotée de capacités de raisonnement et d’abstraction extrêmement poussées. D’autres documents, des échanges de mails ou des chats IRC, discutent du bien moral d’un tel projet, des limites à ne pas dépasser et des implications directes qu’un tel projet pourrait avoir sur l’humanité dans son ensemble. D’autres documents encore vous feront comprendre, via des citations de la mythologie grecque ou de la philosophie contemporaine, certains éléments-clés du projet de développement de cette fameuse IA.

Les terminaux dispersés un peu partout vous donneront des aperçus d’un autre monde…

Un jeu qui vous fait sentir intelligent et bête à la fois

The Talos Principle est le genre de jeu qui vous fait sentir superbement intelligent après passé une demi-heure à résoudre une énigme qui vous semblait hors de portée, pour aussitôt vous faire remettre tout cela en question en une touche de nihilisme bien envoyée. A quoi bon ? Pourquoi suivre la parole d’un Dieu qui semble prendre un malin plaisir à vous faire mener une vie impossible dans un monde paradisiaque ? Ne suis-je que le produit d’un algorithme divin ? Et surtout, qu’y a-t-il au sommet de cette grande tour que Elohim veut absolument m’empêcher de monter ?

Pourquoi donc Elohim m’interdit-il l’accès à cette tour mystérieuse ?

Alors, le verdict ?

Voilà un jeu qui allie les excellentes mécaniques de gameplay de Portal avec la force narrative de The Stanley Parable. Voilà un jeu qui parvient à citer du Kant, du Platon et du Socrate de manière naturelle. Voilà un jeu bourré d’allégories et de références… Des allégories bibliques en veux-tu en voilà (avec par exemple le serpent dans le jardin d’Eden, sauf qu’ici le serpent est une IA clandestine qui vous pousse à grimper une tour interdite), des références philosophiques innombrables, des clins d’oeil à des jeux vidéo cultes (via ses nombreux Easter eggs), etc.

Pour tout vous dire, j’ai testé ce jeu durant un jour de congé. Je l’ai lancé vers 8h du matin, et j’y ai joué presque cinq heures d’affilée, jusqu’à ce que mon estomac crie famine. Le storytelling est captivant, le gameplay est intuitif et diversifié, les énigmes sont éprouvantes mais gratifiantes, la difficulté est très progressive, la bande-son est véritablement impeccable, et les graphismes sont corrects. C’est selon moi la recette idéale pour un jeu de puzzle réussi. On peut vraiment dire que les p’tits gars de Croteam (les développeurs de la licence Serious Sam !)  ont pris la peine de nous livrer un jeu propre et peaufiné.

Et pour clôturer le tout, voici une petite (enfin, pas si petite que ça) vidéo du jeu, enregistrée par votre serviteur. Attention, pour éviter les spoilers, je vous conseille de « zapper » dans cette vidéo pour pouvoir vous faire une idée des différents éléments de gameplay que le jeu a à vous offrir.