Neo XYX : le nouveau shmup sur Dreamcast

Neo XYX : le nouveau shmup sur Dreamcast

Depuis plusieurs années, le studio allemand NG:Dev.Team est l’infirmière au chevet de deux consoles défuntes : la Neo Geo et la Dreamcast. Il entretient leur flamme en les alimentant en nouveaux jeux sous forme « matérialisée ». Boîte, livret, CD de la bande originale, c’est le grand luxe sur la scène indépendante.

La NG:Dev.Team développe les mêmes titres pour la Neo Geo et la Dreamcast, la version DC servant à démocratiser le produit. Pour environ 35 euros, tout le monde peut s’offrir l’édition classique de Neo XYX sur la console de Sega. Neo XYX packagingEt la ranger aux côtés des précédentes oeuvres de l’équipe allemande, dont les plus fameux Last Hope (shmup horizontal à la R-Type) et Gunlord (Turrican-like présenté sur le site Grospixels par un certain spacecowboy).

Neo XYX est un shoot´em up vertical de type manic shooter (comprenez, pas pour les épileptiques). En visionnant les bandes-annonces de Neo XYX, les petits fans de shmups comme moi avaient aperçu une ressemblance avec Dodonpachi, le phénomène du genre. « Hum hum » répondent les vrais pros sur les sites spécialisés (entre autres, l’excellent shmup.com francophone). « Neo XYX porte la marque de Toaplan, petit scarabée ! »

L’histoire du développeur Toaplan tombe progressivement dans l’oubli. Normal, elle se situe dans un monde à l’agonie chez nous, l’arcade. Néanmoins, Toaplan savait s’exporter dans les salons, notamment sur la PC Engine assez discrète en Europe, mais surtout sur Megadrive et en PAL s’il vous plaît ! Grâce à cette présence sur la 16 bits de Sega, vous vous souvenez peut-être de Hellfire, par exemple, un délicieux shmup horizontal au tir multidirectionnel. Les historiens du genre, eux, se rappellent assez distinctement de Truxton et parfaitement de Batsugun, les précurseurs du manic shooter. Toaplan a ainsi jeté les bases du style de shmup qui remplit l’écran de tirs ennemis (de boulettes, comme on dit) et réduit la partie vulnérable de votre vaisseau. Le développeur innovant disparaît en 1994 pour se scinder en trois sociétés, dont Cave qui deviendra la référence toujours active aujourd’hui. Au palmarès de Cave, le célèbre Dodonpachi ! Bon sang ne saurait mentir.

Aujourd’hui, Batsugun et Dodonpachi se jouent en émulation arcade ou sur Saturn… hélas avec des cotes de revente élevées. Quelques parties de ces deux modèles suffisent à identifier les limitations de Neo XYX : l’absence d’un mode deux joueurs (une habitude chez la NG:Dev.Team) et d’un choix de vaisseaux. Heureusement, le reste vaut vraiment le coup de brancher sa Dreamcast.

Neo XYX jaquette

Le développement parallèle sur Neo Geo et Dreamcast impose des concessions techniques sur la plus récente des deux machines. Celles-ci se remarquent dès la cinématique d’introduction, ou plutôt la succession d’images fixes à la saveur terriblement 16bits. Ensuite, voilà l’écran titre et son menu des options. Plusieurs modes d’affichage s’offrent à vous, vertical ou horizontal, ainsi qu’une option de lissage. Allez, on appuie sur Start et c’est parti. L’arcade ne s’encombre pas de fioritures, les niveaux de Neo XYX non plus.

À l’inverse de certains shmups, le premier niveau n’est pas une mise en jambes. À peine installé dans votre habitacle, vous êtes canardé de tous les côtés. Pour survivre dans ce monde de brutes, vous disposez d’un tir puissant mais non évolutif, ce qui constitue une déception. L’amélioration de la force de frappe reste un plaisir dans les shmups, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’un « power up » en voix digitalisée. Mais cette volupté, Neo XYX nous en prive malheureusement. Pour le reste, votre vaisseau est équipé d’un tir concentré ralentissant vos déplacements et d’une smart bomb. Ce type de bombe, popularisé par les manic shooters, prend la forme d’une tête de tigre (avec le véritable oeil du tigre en double et symétriquement disposé) qui rappelle l’impressionnante tête de mort de Truxton. Votre smart bomb fait le ménage devant vous et vous rend invincible pendant quelques instants. Bien pratique pour se sortir de situations inextricables sans perdre de vie.

L’eldorado des pros du shmup, c’est le one credit, à savoir terminer le jeu sans utiliser de crédit supplémentaire. Tel est leur objectif, moins par radinerie que par défi pur. Eh bien, croyez-moi les gars, il y a du boulot avec Neo XYX ! Pour ma part, mes trois malheureuses vies m’amènent jusqu’au boss du deuxième stage, pas plus loin. Ce boss de malheur est le premier à utiliser des patterns (schémas de tirs) difficiles à décoder sans y laisser des plumes. De manière générale, les patterns sont une réelle réussite dans le jeu. Les éviter demande une grande dose de sérénité et d’adresse. Si vous manquez de ces deux qualités, appuyez sur Start pour continuer…

… mais abandonnez alors toute velléité de scoring. Dans sa grande intransigeance, Neo XYX ne comptabilise que le Neo XYX modepremier crédit. À vous de vous débrouiller avec vos trois vies, tout en sachant que vous en gagnez une à 100.000 points (un score que je n’ai encore jamais atteint, bonjour la générosité !). Pour faire monter votre compteur, il faut ramasser les bonus de différentes tailles sans en rater sous peine de faire retomber votre multiplicateur à zéro. Du moins, c’est ce qu’on nous explique dans le tutoriel de début de partie, car à l’usage, le principe de scoring est particulièrement sibyllin. À ce propos, notons une légère régression concernant le tableau de vos scores que vous pouviez publier sur Internet par un code de chiffres et de lettres dans les Last Hope et Gunlord. Dommage pour les crâneurs du pad.

En somme, sauf pour les meilleurs d’entre vous, la progression dans Neo XYX se limitera à attaquer les ennemis, à éviter leurs tirs et à chasser les recharges de bombes (partielles ou complètes). Basique, mais terriblement amusant ! La formule du manic shooter est ainsi réduite à sa plus simple expression, et Neo XYX en tire une grande partie de son charme. Concentré pour maintenir inviolée la zone vulnérable de votre vaisseau, vous profitez d’un plaisir de jeu inégalable dans un autre genre. L’essence du style est un régal, aujourd’hui comme dans les années ´90.

Enfin, malgré les restrictions techniques évoquées ci-dessus, le titre s’en sort bien visuellement. En réalité, il s’en sort même très bien si on ne prête pas trop attention aux décors. Vides de chez vides, ces arrières-plans ne gênent donc pas la lisibilité, soyons positifs. En revanche, les sprites sont jolis et variés à l’intérieur des niveaux. Ils deviennent même superbes pour les boss de milieu et de fin de niveau, qui occupent souvent la moitié de l’écran et adorent les transformations. Sur le plan sonore, les petits sons de bonus sont trop légers, mais les musiques ont beaucoup de punch, en particulier celle du premier niveau.

Si cette présentation vous a donné envie de gâter votre Dreamcast avec Neo XYX, rendez-vous sur la boutique en ligne de la NG:Dev.Team et surveillez l’état des stocks. Sans être confidentielle, la distribution du jeu est assez limitée.

Réactions

  • LordSuprachris le 12/03/2014

    La Dreamcast a vraiment été abandonnée trop vite par Sega 🙁
    On doit vraiment remercier et encourager ce genre d’initiatives pour continuer à faire vivre une des consoles les plus sous-estimées de l’histoire.

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    • spacecowboy le 12/03/2014

      Je trouve aussi que l’initiative est digne d’être soutenue en soi. Mais si en plus, le jeu est objectivement bon, ça vaut doublement la peine de s’y intéresser. Sans compter que le prix est correct pour une production limitée.

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