Le retour du Frelon Vert

Trois points verts à peine perceptibles, un sifflement aigu, et déjà un corps gît par terre. Ce n’est pas une comptine enfantine, mais plutôt la marque de fabrique de l’agent le plus célèbre d’Echelon, Sam le Pêcheur, que nous appellerons ici Sam Fisher pour respecter son anonymat.

Le pauvre Sam a tout vécu : l’assassinat-de-sa-fille-mais-en-fait-non, tantôt agent d’élite tantôt paria, parfois bourré de gadgets à en faire tourner Pif de jalousie ou bien plus à poil qu’un naturiste imberbe et albinos (mais quelle matraque utilisera-t-il contre ses ennemis ?), le vieux roublard aura trainé sa bosse dans une série de jeux allant du passable à l’excellent, la série gardant toujours un certain niveau de qualité.

Tom Clampin Seal of Quality

Avant d’aller plus loin, sachez où vous mettez les pads pattes, on est dans du pur jus de (nègre de) Tom Clancy. Le groupe des Ingénieurs s’est lancé dans une série d’attentats un peu partout dans le monde, et vous êtes le seul espoir de la Présidente des Etats-Unis. Yep. Non seulement le scénario m’en a touché une sans bousculer l’autre, mais la seule chose que je voyais en écoutant le préambule, c’était le Scout de Team Fortress 2 avec un chapeau en entonnoir, en train de hurler « We need an engineer ! ». Autant dire que niveau immersion, c’était aussi foutu que de penser à Maïté lors d’un premier rendez-vous olé olé. Bon, de toute façon ça fait belle lurette qu’on joue aux Splinter Cell pour autre chose que leur scénario. Enchaînons donc sur la partie plaisir du jeu.

Yo dawg, I heard you like planes

Fini l’assassin moins bien équipé que le clodo du coin de l’épisode « Conviction », ici on a les moyens et on le montre. On n’a pas encore un écran qui passe les clips de Xzibit sous les semelles de Sam, mais on sent qu’on ne devrait pas pousser trop loin les développeurs. En attendant, on se retrouve avec la plus Kolozälle des bases jamais établie, Paladin l’avion coquin. Haut lieu de l’échangisme rencontre des hauts pontes d’Echelon 4, il vous servira de base mobile, justifiant des interventions dans le globe entier. Petite nouveauté, vous pourrez pimper votre avion afin d’obtenir des bonus sur le terrain. Vous apprendrez dès lors qu’un nez de Boeing bien modifié vous permettra de retrouver une clé USB contenant des infos cryptées. Oui, le mot que vous cherchez est bien « woot ». Pas de panique, Sam passera également au rayon bricolage et pourra étoffer sa panoplie en fonction de vos attentes : discret, brutal ou un mix des deux. Attention, le DLC contenant l’équipement « training blanc Adidas pour avoir la classe aux mariages à Charleroi » n’est pas encore disponible, mais n’hésitez pas à le précommander, on ne sait jamais qu’ils nous sortent une mission spéciale d’infiltration chez notre cher Stoney !

Cougar style

Chaque mission terminée vous rapportera de l’argent en fonction des objectifs atteints, mais vous récompensera également par rapport à votre style de jeu. L’infiltration parfaite vous tente ? Vous êtes une ombre silencieuse ? Vous progresserez dans la branche Fantôme. Pensez à améliorer votre équipement pour être encore plus efficace dans l’obscurité. Gears of War vous manque ? Pour vous, la poudre résout tous les soucis ? Optez dès lors pour l’option grosbill avec la branche Assaut. Si enfin vous êtes un joueur modéré qui n’aura pas peur de tuer quand l’occasion se fait sentir, vous aurez une nette tendance à aller vers la branche Panthère. Pour info, j’ai tenté la première mission en mode Fantôme. Telle l’Ombre Blanche du film « Turbo », je me pensais invisible, discret, mortel. Ah oui, pour être mortel, c’était mortel. Les PNJ ont failli mourir de rire, j’ai eu la discrétion de l’éléphant et j’ai tué la moitié des gardes par réflexe. Le jeu m’a donc fait comprendre que la branche Panthère était plus indiquée pour mes talents déficients de ninja en chaise roulante. Diplomate, le filou ! On sent d’ailleurs que la plupart des missions est pensée pour ce mode. Il est en effet très difficile de ne faire aucun mort, et tuer tout le monde brutalement ne procure au final aucun plaisir. Le système de checkpoints est également assez punitif, et il m’est arrivé de rater une mission quinze fois sur les deux ou trois derniers ennemis, et de recommencer tout du début. Il faudra que j’aille d’ailleurs confesser tout ça à la messe ce dimanche, vu tout ce qui a pu sortir de ma bouche lors des derniers échecs.

Spéciale kass’dedi aux missions à plusieurs objectifs secondaires, ainsi qu’aux missions bonus proposées par les PNJ du Paladin, qui rallongent énormément la trame de base. Mais je sais que vous n’en avez pas encore assez, bande de petits gourmands.

Vas-y, fais tourner

Comme certaines de vos amies, Blacklist n’a pas un physique facile, mais on peut s’y mettre à plusieurs en même temps. Et toujours dans la même optique, si on ne tombe pas sur une pine face à soi, le plaisir est décuplé. Le pack de textures HD sur consoles fait parfois fondre les pixels de mon écran avec son aliasing… bien prononcé (je n’ose pas imaginer ce que ça donnerait sans lui), mais le plaisir est ailleurs.

On ne peut que remercier Ubisoft de prendre parfois le temps de se retourner et de voir ce qu’ils ont réussi. Pandora Tomorrow avait introduit le mode « Spies vs Mercs », qui était du pur jus de bonheur. Les espions étaient en vue à la troisième personne, discrets et mobiles. Les mercenaires jouaient en vue FPS, plus étriquée, mais bénéficiaient d’une puissance de feu énorme. Le tout donnait des parties nerveuses et tendues, et l’idée a été fort heureusement reprise dans cet épisode.

Il existe également un mode coopératif, en local ou via internet. Et en voyant ça, je me suis fait une remarque qui m’a mis un coup de vieux : en dehors des jeux de baston, combien de jeux me permettent d’utiliser une seconde manette sur ma console ? Avec l’avènement d’internet et des listes d’amis, on joue plus facilement avec un inconnu du bout du monde qu’avec un de ses amis réels. Du coop, du multi, que demander de plus ? Pour les plus accros aux nouvelles technologies, vous pourrez même décrocher des bonus en jouant sur tablette. Là par contre, c’est un peu moins glorieux, mais vu que c’est optionnel et tout à fait gratuit, on servira la soupe à la grimace lors d’un prochain repas 😉

Pour conclure, j’ai apprécié cet épisode de Splinter Cell. Il n’est pas parfait, loin de là, mais quand vous réussissez un passage exécuté au millimètre, qui se termine par une exécution et que vous sauvez un otage dans la dernière seconde, vous arrêtez un peu de penser au chapeau du Scout de TF2 et vous bombez le torse.