Bioshock Infinite

Bioshock Infinite

Don’t Rap(tur)e me anymore

Le début d'une aventure épique

Le début d’une aventure épique

Rapture n’est plus. Ses murs humides ont laissé la place à d’imposantes bâtisses volantes, sa  claustrophobie omniprésente est remplacée par la peur du vide, et ses habitants difformes ont maintenant une apparence plus normale. Extérieurement tout du moins. Soyez les bienvenus dans Columbia la magnifique, utopie concrétisée du Prophète Comstock.

Booker DeWitt a tout du Bruce Willis local : rustre, obscur et au passé peu glorieux. Tout au plus apprend-on que sa mission est de s’emparer d’une certaine Elizabeth, ce qui lui permettra d’effacer les nombreuses dettes qu’il a contractées en cette maudite année 1912. Amené en barque sur un phare côtier qui fera un petit clin d’œil à ceux ayant écumé le premier opus, il rejoindra vite Columbia et ses allées hautes en couleurs. Cette ville miraculeuse se tient dans les airs tel le Paradis Originel, grâce à la puissance de la physique quantique. Ses avenues font penser à la Nouvelle Orléans du début du siècle dernier ; il en émane une impression de paix et de bonheur qui tranche sévèrement avec Rapture. L’architecture n’est d’ailleurs pas la seule trace de cette époque coloniale, Bioshock Infinite exploitant des chemins bien peu arpentés dans le jeu vidéo actuel, tels le racisme, la sécession ou l’esclavage. La ségrégation des classes n’est ici pas un vain mot, et la docile bourgeoisie bienpensante trouvera rassurant de s’insurger contre la « Vox Populi » locale, responsable de la mort de la femme du Prophète ainsi que de tous les maux de leur époque. La propagande est à la limite du dérangeant, rappelant les tristes heures de la seconde guerre mondiale et ses affiches vantant la collaboration et dénigrant l’étranger.

La ville est magnifique et regorge d'endroits insolites

La ville est magnifique et regorge d’endroits insolites

La ville semble vivante, remplie d’espaces à visiter, de parcs aux couleurs magnifiques et de petites animations anodines. Les autochtones vivent leur vie et la partagent avec vous à travers leurs dialogues. Puis, tout doucement, on sent que ça dérape. L’ambiance fait penser à un épisode de la « 4ème dimension » : tout commence normalement, puis certains signes de normalité s’estompent, des répétitions s’installent étrangement, tel ce couple au ton monocorde réapparaissant trop souvent, ou cette étrange prémonition vous mettant en garde de ne surtout pas gagner à la loterie.

The Beauty Queen of Elizabeth

La belle Elizabeth et le portrait du Prophète

La belle Elizabeth, et le portrait du Prophète Comstock. Quelles sont leurs vraies relations?

Vous passerez les premières heures à apprécier le contrôle sans faille du héros, vos premiers combats et l’utilisation des toniques (les nouveaux plasmides) améliorables qui vous feront vous sentir en terrain connu. On est dans du Bioshock, mais on sent que Dishonored est passé par là. L’exploration est bien moins libre que dans le hit d’Arkane Studio, mais les couloirs ne sont plus aussi présents. On gagne également la possibilité d’utiliser un sort dans une main et une arme dans l’autre. Et surtout, on a une vraie identité visuelle. Le tutoriel déguisé vous fait parcourir la foire locale, et on pense vite être en terrain connu. FPS, pouvoirs spéciaux et armes en tout genre, ça va être vite plié.

Soudain, vous rencontrez Elizabeth, et le jeu prend une toute autre dimension. Bien entendu, le scénario vous fera apprendre le passé de Booker ainsi que celui de Columbia, vous découvrirez ce qu’il en est du Prophète et de la Vox Populi, mais le jeu, le vrai, tourne autour d’Elizabeth. Ses grands yeux expressifs, son petit doigt coupé chapeauté d’un dé à coudre, ses vêtements qui s’abîmeront au fur et à mesure des épreuves traversées, tout est fait pour la rendre attachante.

C’est bien simple, c’est la première fois qu’un personnage géré par l’ordinateur nous manque quand il disparaît de l’écran. Elle n’est jamais une corvée, elle réagit d’une façon convaincante quand elle se trouve dans une situation incongrue, et telle l’oiseau sorti de sa cage pour la première fois de sa vie, s’émerveille du son de la musique et du plaisir de danser avec des inconnus face à la mer.

Battez-vous, mais assumez vos actes

Battez-vous, mais assumez vos actes auprès d’Elizabeth.

Vous pourrez choisir de dépecer vos ennemis lors des combats, mais il faudra accepter le regard horrifié d’Elizabeth, qui poussera des cris de désespoir. Sa compagnie brise la monotonie du chemin, et associée à l’excellent doublage en français, il serait dommage de passer les dialogues. Vous aurez l’occasion de mettre la main sur des enregistrements du Prophète qui harangue les foules et les pousse à la guerre contre Booker, mais également d’autres intervenants qui vous feront comprendre que les leaders de Columbia sont passés maîtres dans l’art de la manipulation des foules, vous donnant souvent une autre vision des faits. L’occasion parfaite de voir que l’Histoire est souvent réécrite par les vainqueurs.

Pimp my Battlefield

Les toniques sont variés et toujours pratiques

Les toniques vous permettront de choisir si vous préférez la violence ou d’autres voies

Elizabeth utilise des failles dimensionnelles et peut matérialiser certains objets. On peut donc de cette façon customiser son champ de bataille, en créant des points d’ancrage pour un combat aérien, des barricades pour une bataille bien bourrine, ou des munitions pour vous sauver la mise. Votre alliée se permettra même de dénicher d’elle-même de l’argent ou des munitions afin de vous venir en aide.

Comme dans toute chose, vous devrez faire des choix, et les armes n’y échappent pas. Allez-vous dépenser vos pauvres deniers à améliorer votre arsenal, ou préférerez-vous aiguiser vos toniques ? Vous ne pouvez transporter que deux armes à feu, votre survie passera-telle par un mix carabine – mitraillette ou plutôt fusil à pompe – pistolet ?

Sautez de rail en rail

Sautez de rail en rail, restez mobiles mais surtout restez en vie!

Les déplacements sur le champ de bataille sont également une force du jeu, le grappin servant à se déplacer d’île en île permettant également de sauter d’un point à l’autre d’une zone de combat, vous laissant le loisir de saboter une tourelle ennemie avant d’abattre un ennemi en lui sautant dessus de tout votre poids, pour enfin mettre le feu au dernier résistant qui tente de s’enfuir maladroitement. A moins que vous ne profitiez d’un tonique prenant le contrôle de cette fameuse tourelle, afin qu’elle ne se retourne contre vos ennemis ? Vu que vous aurez pris la peine de piéger le sol de l’arène au préalable, vous n’aurez même pas à tirer un seul coup de feu. Vous l’aurez compris, chacun a sa façon de mener un combat.

Insert coin to continue

Encore eux?

Qui sont réellement ces deux personnes?

De combat en bataille, d’affrontement en conflit, ce monde trop beau, trop propre sur lui, s’effondrera vite au passage de Booker, égratignant le vernis qui protégeait la cité flottante et ses illusions, et révélant d’autres pans de l’histoire, que je ne peux que vous encourager à découvrir de par vous-même. Dans une période floue du jeu vidéo, où les productions sur tablette dépassent souvent les « triple A » sur console, acheter ce jeu revient à s’octroyer une dose de plaisir phénoménale, mais surtout, comme l’a dit Omar Boulon de Canard PC, ce geste militant sert également à envoyer aux développeurs un message clair quant à la qualité de leur travail. Acheter ce jeu, c’est remercier ses créateurs et soutenir la créativité. Et si en plus ça vous fait plaisir, pourquoi hésiter plus longtemps ?

Merci à Vega pour la relecture

Réactions

  • bal le 19/04/2013

    Très bon jeu, le test ne m’a pas apporté grand chose étant donné que j’y joues déjà depuis un p’tit temps, ceci dit, clair qu’il y a un gros défi dans le jeu, c’est le coup de développer 2 armes et uniquement 2… 🙁

    Dur dur de choisir, perso, j’ai pris le fusil de précision et le lance roquettes, mais bon…. 🙂

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  • Lionheart_mike le 19/04/2013

    Bien que je sache que ce nouveau Bioshock n’est pas vraiment la suite de Bioshock 2, j’attends de terminer ce second volet avant de m’embarquer pour un voyage vers Columbia !

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  • bal le 19/04/2013

    Mike, t’as bien raison, perso, j’ai fini de chez fini le 2 depuis un moment, mais là, ca fait du bien de retrouver l’ambiance un peu spéciale de l’univers Bioshock !

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  • Wil2000 le 19/04/2013

    Fais comme tu veux mais ne rate pas cet épisode, je prends énormément de plaisir dessus, comme on trouve dans trop de jeux actuellement!

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  • Akira le 21/04/2013

    Très bon test pour cette perle vidéo-ludique qu’est Bioshock Infinite. Il serait temps que je fasse ma review de ce jeu vidéo divin sur mon propre blog d’ailleurs. J’ai vraiment l’impression que l’année 2013 est bien plus propice à la découverte de titre grandioses que 2012 🙂 !

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  • Wil2000 le 22/04/2013

    Merci 😉
    Pour tout te dire, ce jeu squatte ma console depuis que je l’ai reçu, ce qui est rarement le cas. Un signe de qualité, qui devient trop rare par les temps qui courent, les derniers jeux qui m’ont fait cet effet étaient Dishonored, Portal, Batman, etc… ^^

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  • spacecowboy le 05/05/2013

    J’ai fini Bioshock Infinite hier vers une heure du matin après une grosse session de cinq heures. Je n’arrivais pas à décrocher tellement le final est grandiose. Je ne suis pas resté bouche bée comme à la fin de Bioshock 2, mais je n’en étais pas loin.
    Wil, ton test retranscrit admirablement bien les sensations éprouvées pendant le jeu. J’ai plusieurs fois acquiescé de la tête en lisant ton texte.
    Après avoir fini l’aventure, je suis vite allé chercher une explication sur internet. Bon sang, je n’avais pas compris grand-chose. Pfff, c’est toujours pareil, je n’arrive pas à me concentrer suffisamment pendant les moments importants…
    Puisque Bioshock Infinite est un jeu génial, qu’il n’a pas besoin d’être soutenu et que je ne pourrai faire aucun mal à sa réussite, je voudrais seulement aborder les aspects négatifs.
    La structure de l’univers me semble trop complexe (pour moi du moins). Les environnements ne sont pas suffisamment différenciés pour que l’on sache exactement où on se trouve. Evidemment, cela a l’avantage de rendre l’univers particulièrement cohérent, mais je me suis souvent perdu. Du coup, je n’ai pas souvent « osé » me balader en monorail de peur de me perdre.
    La recherche d’objets est vite pesante. J’adore trouver des enregistrements des habitants, mais le reste m’ennuie profondément. Soit cette recherche n’était pas aussi présente dans Bioshock 1 et 2, soit je me suis lassé de cet aspect. Je veux bien partir en quête d’objets par collectionnite ou envie de découverte (pour les enregistrements par exemple), mais pas pour assurer ma survie. Cette recherche perpétuelle m’a gâché la découverte des environnements, puisque je passais mon temps à fouiner dans les coins.
    Le lien avec les autres Bioshock est trop léger. Ce jeu n’avait pas besoin de l’appellation Bioshock pour être excellent. OK, je comprends que la licence est devenue vendeuse, mais on sait maintenant qu’Irrational Games est un studio très talentueux. J’attends déjà leur prochain jeu avec impatience. En attendant, je pense que je rejouerai une seconde fois à Bioshock Infinite, notamment pour explorer une autre façon de jouer.

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  • cyborgjeff le 06/11/2013

    Je viens de l’acheter (enfin)… rien que les permiers pas sont époustouflants… même si l’on sent que la PS3 souffre un peu plus que dans le premier 😉

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  • Wil2000 le 06/11/2013

    Cet homme a enfin vu la lumière, un conseil fais-le d’une traite il en vaut la peine 😉

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