Aliens: Colonial Marines

Aliens: Colonial Marines

Dans l’espace, personne ne vous entendra pleurer après votre argent.

Je dois vous faire une confession : j’ai toujours apprécié l’univers de H.R. Giger. Son style steampunk organique, où la matière et la chair d’origine inconnue se mélangent, a toujours eu un côté séduisant. Il suffit de voir ses toiles à la fois torturées et sensuelles pour se rendre compte du talent de l’artiste. Alors, quand on viole son art aussi fortement, mon petit cœur saigne et mes yeux tentent de se coudre d’eux-mêmes. Mais avant de se livrer à l’art facile du tabassage en règle, détaillons un peu la chronique d’un carnage.

Le premier jeu écolo dès sa conception

Non mais tu vas écouter mon scénario, oui?

Tu vas l’écouter, mon scénario?

J’ai toujours eu horreur des fausses excuses. Depuis que l’écologie est à la mode, on se retrouve avec des commerciaux qui se replient sous le faux couvert du « Pensez à vos enfants, sauvez la planète. Oui ma Porsche est écolo, je l’ai prise en verte. » et qui nous ont sucré nos chères notices depuis quelques années. Mais j’étais loin de penser que le respect de l’environnement avait atteint les studios de Gearbox Software dès la conception du jeu. Par précaution pour notre taux de carbone, il a donc été décidé de refuser aux scénaristes la moindre feuille de papier. Un simple ticket de métro fera l’affaire, et vu que les pauvres ont tendance à écrire grand, vous aurez facilement compris qu’il vaut mieux ne pas s’attarder sur l’histoire, mettant en scène un bataillon de Marines qui doit retrouver une escouade qui… ZZZzzzZZZzzz…

Beau et con à la fois. Enfin, surtout con.

La porte. L'ennemi le plus effrayant du jeu.

La porte. L’ennemi le plus effrayant du jeu.

Ne tirons pas sur l’ambulance tout de suite, après tout combien de fois n’avons-nous pas pris de plaisir sur un bon Street IV ou un Bomberman de folie ? Ces jeux ne brillent pas par leur scénario, mais ils constituent des piliers du divertissement sur lesquels on revient régulièrement. Manque de chance pour Aliens, ce FPS offre autant d’amusement qu’une fiche d’impôt slovène. On s’ennuie ferme, et on redécouvre les tares du jeu à l’ancienne : si vous mourez, tous les ennemis réapparaîtront au pixel près au même endroit. Les lignes qui déclenchent les scripts pourraient être peintes à la bombe fluo, votre perso ne sait pas enjamber la moindre brindille, et vous devez distinguer les portes à franchir de celles qui servent de décor, et qui sont bien entendu strictement identiques. Ces dites portes servent uniquement à masquer un temps de chargement entre deux zones d’un long couloir. Du fun en barre, je vous l’avais dit.

Il paraît que le retrogaming est à la mode ?

C'est laid? C'est encore pire en vrai.

C’est laid? C’est encore pire en vrai.

Aliens va faire plaisir aux amateurs de pixels baveux. Les textures ne sont même pas dignes d’un Minecraft qui tournerait sur PS2 à ses débuts (bumpmapping, où es-tu?). Le design général a le charisme d’un bossu aveugle d’un œil et sourd de l’autre, avec du poil aux dents et une bosse purulente. A un moment j’ai failli faire une photo de mon écran pour vous montrer la modélisation des ordinateurs dans le jeu : 2 cubes, 16 polygones, et 16 couleurs (8 ?) pour la texture. Tous les objets environnants sont modélisés par le même saboteur, au point qu’Half Life (oui, le premier) est plus beau que ce jeu. En plus d’être hideux, les décors nuisent la plupart du temps à la lisibilité de l’action. Tant qu’à faire…

Niveau son, ce n’est pas bien plus glorieux, le volume des voix devient faiblard au moindre tournement de tête, même si vous êtes juste à côté des autres soldats, à un tel point que j’ai fini par activer les sous-titres.

La seule bonne idée vient du détecteur de mouvements, qui pourrait amener un peu de stress. Malheureusement, vu le temps qu’il faut pour le dégainer et le rengainer, il suffit la plupart du temps de prendre le shotgun et courir juste devant vous pour passer la plupart des niveaux. N’hésitez pas à visionner les vidéos YouTube où l’on peut d’ailleurs voir des gens courir plus vite que les Aliens. Saupoudrez d’une musique de Benny Hill avant de servir. Du concentré de plaisir, puisqu’on vous le dit.

Un petit pistolet en mouuuuuuuusse

Pew pew pew!

Pew pew pew!

Dans le futur, le cerveau de Patrick Sébastien a survécu dans l’intelligence artificielle du vaisseau, et la légende veut qu’il ait servi à établir le feeling des armes. Vous voulez lutter contre la fameuse National Rifle Association aux USA ? Envoyez des caisses de ce jeu à la sortie des écoles, ça les dégoûtera des fusils à vie. Le moindre Alien se tue en deux balles de shotgun, alors qu’il fallait une escouade entière dans le film. Pour les armes de base, on a plutôt des lances chamallow qui font pew pew avec la précision d’un manchot gangréné qui joue sur une manette de Jaguar.

Tant qu’on parle d’intelligence artificielle, sachez qu’on peut souffrir également de déficience mentale dans les jeux vidéo. Vous serez régulièrement accompagné d’un ou plusieurs alliés, qui auront souvent l’envie irrépressible de venir vous faire un petit photobombing dans votre ligne de mire. Au début ça surprend, puis on finit par jouer à « Monsieur Cul de Teflon et Madame Kevlar sont dans un vaisseau » et à leur tirer dessus, leur invulnérabilité à vos balles n’égalant que leur faiblesse lors des missions où vous devez les protéger. Encore une chance que la maniabilité est correcte, à défaut d’être excellente.

Le premier qui bouge a perdu.

Le premier qui bouge a perdu.

Vous commencez à sentir qu’on ne tient pas le hit de l’année, malheureusement. Pour une bonne idée, on en voit débarquer un container de mauvaises. Vous tombez sur un exosquelette ? Il ne vous sert qu’à ouvrir la porte juste devant vous, et un obstacle insurmontable, telle une canette de soda, vous castrera tout plaisir éventuel, vous forçant à mettre pied à terre. Vous upgradez le canon de votre shotgun pour en réduire la dispersion ? Un petit comique aura décidé que cette amélioration (pourtant sur la même ligne) est incompatible avec une chambre améliorée pour votre lance-moussaka. Et tout est à l’avenant : chaque idée est directement sabotée à la racine, comme si un défi était lancé aux programmeurs : « le premier qui met une bonne idée, je le gifle ! ». Pari réussi…

A qui doit-on ce gâchis ? Les gens de Gearbox Software sont pourtant ultra compétents en matière de FPS, auteurs des excellents Borderlands, je ne peux pas croire qu’ils puissent avoir bâclé un jeu à ce point. Il se dit dans certains milieux autorisés qu’ils auraient simplement sous-traité leur boulot, encaissant une partie de l’argent fourni par Sega pour sortir leur fameux Borderlands 2. J’en connais qui doivent l’avoir mauvaise chez Sonic, mais également dans les acheteurs impulsifs qui avaient encore l’illusion de trouver un jour un bon jeu basé sur la licence Aliens.

Quoi qu’il en soit, vous aurez compris que ce ne sera malheureusement pas encore pour cette fois. Au lieu de financer ce genre de scandales, rachetez-vous plutôt les films en blu-ray, voire même en VHS ? ce sera toujours mieux que ce jeu.


Merci à Vega pour la relecture.

Réactions

  • Vega le 19/03/2013

    Comment se faire plaisir avec ALiens C M ? Juste en lisant la bafouille de notre Wil! Bien vu pour cette article parfaitement dans le ton! J’adore prendre mon pied avec des jeux pourris, grâce à ce genre d’écrits bien pensé, en dérision totale, tout en restant dans le respect!
    Bien vu Monsieur Wil!

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  • Lionheart_mike le 19/03/2013

    J’ai pris un plaisir immense à lire ton écrit ! Merci pour ce moment de rigolade !

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  • Wil2000 le 19/03/2013

    Et bien au moins ça en fera deux qui auront pris du plaisir sur ce jeu, même indirectement 😉

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  • Anadim le 19/03/2013

    très bon ce test j’ai bien ri en voyant l intitulé de la 1ere image ^^

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  • Dottmungeer le 19/03/2013

    Bien fun ce petit test 😀
    gg

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  • Stoney le 19/03/2013

    Excellent test d’un titre bancal. lol

    Abordé avec bcp d’humour… Et bravo pour les légendes sur les photos 🙂

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  • LordSuprachris le 19/03/2013

    Excellent test 😀

    Wil, si on ne t’avait pas, il faudrait t’inventer ^^

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  • Franqui le 20/03/2013

    Ou comment donner de l’intérêt a un jeu qui en est dénué 😀

    Wil Président

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  • NintendOrigine le 20/03/2013

    Tout bon test!
    J’aime l’analyse… c’est la différence entre un bon testeur et un mauvais testeur face à une daube!
    Le mauvais testeur, la daube il la descend; tandis que le bon testeur la daube il la descend mais c’est un bon testeur! =)
    Tout est dans la manière, et celle ci elle fait mouche! (bzzzzz)

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