Ninja Spirit
Si on peut dire des années 2000 que la mode est à la repompe, on pourra sans vergogne affirmer que les années 90 nous ont inondés de jeux de référence. Citons en vrac quelques titres explicites tels Splatterhouse, qui vous permettait d’incarner (le terme est peut-être mal choisi pour un cadavre…) Jason Vorhees, la star de Vendredi 13, les Teenage Mutant Ninja Turtles, dans le magnifique Turtles in Time, ou encore Sonic le hérisson bleu, véritable icône de la djeunz’ attitude.
Tous ces titres sans exception ont été adaptés d’une façon plus ou moins glorieuse ces dernières années, comme si tout avait déjà été inventé et que les game designers actuels ne fonctionnaient plus qu’à grands coups d’œillères dans le rétro. Mais au cœur de ce petit village Gaulois, un titre pour les vrais esthètes du pixel résiste à l’envahisseur, un jeu que seuls les amoureux des manettes à deux boutons connaissent, il s’agit de Ninja Spirit.
Pur jeu d’arcade, celui-ci vous permettait de chausser les geta d’un de ces assassins silencieux de l’ère féodale japonaise. Figure de proue de la console PC Engine, il a remis instantanément les pendules à l’heure : quand vos amis découvraient à peine Mario et alors que Sonic ne devait sortir que trois ans plus tard, Gekkou, notre ninja, marquera au fer rouge sang l’histoire de la petite console de NEC, grâce à son gameplay aiguisé et à sa jouabilité sans faille.
Ultra classique dans son déroulement, on pourrait comparer Ninja Spirit à Shinobi. Mais là où Joe Musashi permettait peu de frasques dans son gameplay, Gekkou innovait sur l’approche laissée au joueur. Comme dans les shoot’em ups de l’époque, votre puissance dépend intimement de vos power ups. La première idée de génie était de créer un bonus vous rajoutant d’abord un, puis deux clones. Si vous avez moins de 30 ans et que vous pensez que le Kage No Bunshin de Naruto était la première apparition des doubles de l’ombre, un petit seppuku s’impose. Allez hop, mettez-moi ce vilain intestin à l’air, merci. Bien, maintenant que nous sommes enfin entre gens de bon goût, continuons : ces duplicata ne fonctionnent pas en même temps que vous mais avec un petit décalage, ce qui veut dire que lors d’un saut à la verticale, une fois retombé au sol, l’un des deux doublons sera figé à mi-hauteur, et le second sera au faîte de la hauteur du saut.
Vous pouvez dès lors opter pour une formation agressive en tentant de disposer vos reproductions à la verticale afin de toucher la plus grande surface possible, ou en imaginant un déplacement plus saccadé et horizontal vous laissant constamment entouré de vos défenseurs virtuels.
Là où Irem touche carrément au divin, c’est en vous proposant un arsenal acéré : l’épée est dévastatrice à courte portée mais vous oblige à prendre des risques de placement. Une fois accroupi, elle frappera également les ennemis cachés dans le plancher des maisons visitées, et ses power ups lui octroieront une trainée augmentant son rayon d’action. Les ennemis sont plus loin ? Une pression sur la touche Select vous fait passer aux Shurikens, petites étoiles semeuses de mort, rapides et précises, mais demandant plus d’impacts avant d’ôter la vie de vos ennemis. Imaginez-vous avec les shurikens upgradés à fond, deux clones à la verticale, avec le bouton de tir en position Turbo ! Oui, cette petite chaleur qui monte dans votre bas-ventre est tout à fait normale. Les deux dernières armes sont les bombes, classiques, lentes et destructrices, et le grappin. Au choix, il vous permettra d’éliminer une série de tirs ennemis, ou de découper du ninja par paquet de douze. Certains disent même qu’il permet d’attraper un visiteur, venu d’ailleurs 😉 En mouvement droit ou circulaire, sa relative lenteur est compensée par son amplitude. Enfin, le bouclier de feu finira de convaincre les fashionista que c’était définitivement mieux avant.
Le jeu est assez difficile à trouver, mais le plaisir sur émulateur reste malgré tout excellent, si vous jouez avec un pad à croix « à l’ancienne » afin de retrouver les sensations de votre jeunesse. Et de la nostalgie, vous allez en manger : vous pesterez contre ces ninjas sauteurs dans les stages boisés, vous maudirez les moines et leurs bâtons tournoyants, et ces pleutres d’assassins sur leurs cerfs-volants vous feront serrer les fesses. Mais vous en redemanderez, et c’est ça qui est bon ! Tuer au clair de Lune n’aura jamais été aussi jouissif, éviter un shuriken ennemi avant que votre second double ne le tranche en deux à l’aide du grappin, perdre votre bouclier de feu juste avant le boss, vous raccrocher in extremis à une plateforme pour enfin perdre une vie sur un ennemi caché dans le sol, tout ça vous rappellera des sensations enfouies au plus profond de votre cœur de gamer, que les jeux actuels ont tenté d’anesthésier tout au long des années d’assistanat.
Maintenant que la voie est tracée, faites votre choix : continuez de jouer aux petits garçons et explorez encore et encore les mêmes tuyaux avec votre plombier moustachu, ou retrouvez la voie de l’Honneur et saisissez votre plus beau katana !
Pour conclure, je n’aurai que ces mots symbolisant mon profond ressentiment quant à ce jeu: merci Irem.
Vega le 18/01/2013
Quelle délice de redécouvrir ces sensations d’antan… d’autant plus sur cette PC-Engine! Déjà à l’époque, son coté inaccessible et ses graphismes généreux donnaient terriblement envie. Et avec ces lignes, tu ravives cette forme d’excitation-frustration face à l’inaccessible, devenu accessible! mdr
En ce qui concerne ce titre, il fait vachement envie, d’autant plus avec ces petites subtilités de gameplay qui le détache du sacro-saint Shinobi!
bal le 18/01/2013
je dirais même plus, Meri Irem !
bref, une pure tuerie ce jeu, franchement un top must have sur ma gaming list 😀
vega le 19/01/2013
Par contre, je m’interroge toujours sur un point : Ce jeu tourne-t-il sur Turbo graphx et sur coregraphx ? Laquelle des deux machines est la plus récente ?
Wil2000 le 20/01/2013
La Turbografx n’est que la version américaine de la Coregrafx, qui a été lancée après cette dernière aux States. Le jeu existe sur les deux versions de la console, il a même été le 1er jeu à recevoir la note de 10 dans 10 le magazine Electronic Gaming Monthly sur Turbografx ^^
Plus qu’à le trouver, et là c’est déjà plus difficile :'(
Wil2000 le 20/01/2013
Ah, petite remarque en passant, les jeux sur HuCard sont zonés, ceux de la Turbografx ne fonctionnent pas sur Coregrafx et vice versa :'(((
Pour ceux qui veulent plus d’infos:
http://www.jenesuis.net/dossiers/guidedachatdelanecpcengine
^^