[Retro Virus #21] Yoshi’s Island – (ana)chronique

[Retro Virus #21] Yoshi’s Island – (ana)chronique

Les rendez-vous manqués avec les classiques sont parfois inexplicables. Spontanément, je pensais que la suite du magnifique Super Mario World était sortie à un moment où je n’avais pas de temps à lui consacrer, trop occupé que j’étais à découper du zombie à Raccoon City. Or, une simple recherche sur internet me prouve qu’il n’en est rien : Super Mario World 2 aka Yoshi’s Island a devancé le célèbre survival horror de près d’une année. J’ignore donc pourquoi j’ai fermé les yeux sur ce titre à l’époque, mais je sais au moins nommer la raison qui me pousse à y jouer aujourd’hui: New Super Mario Bros 2.

Bien que la traversée des niveaux de New Super Mario Bros 2 fût très agréable, elle ne me laissera pas un souvenir impérissable. Non pas que je me sente trompé sur la marchandise, mais ma déception est réelle à l’égard de cet épisode « inutile » dans la série. Et j’en viens à craindre pour l’avenir des Mario en 2D : seraient-ils condamnés à reproduire inlassablement la même recette ? La formule initiale est-elle immuable et le restera-t-elle pour les siècles des siècles ?

Puis, juste avant de refermer ma 3DS, je me rappelle que j’ai acheté cette portable le jour de sa sortie et que, pour me remercier de l’avoir payée plus cher que les retardataires, Nintendo m’a attribué le titre prestigieux d’ambassadeur. Un titre qui n’avait pas qu’une valeur honorifique puisqu’il donnait droit au téléchargement d’anciennes gloires de la marque sur NES et sur GBA, parmi lesquelles se trouve un certain Super Mario World 2 : Yoshi’s island. Soudain, la perspective d’un Mario en 2D différent m’enthousiasme et m’incite à me lancer dans l’aventure. Avec un léger retard d’une quinzaine d’années… En effet, les inconditionnels de la série avaient déjà pu jouer à la suite de Super Mario World depuis le mois d’octobre 1995, et ce sur Super Nintendo. Et contrairement au précité New Super Mario Bros 2, Yoshi’s Island ne partage quasiment rien avec son prédécesseur. Je voulais de l’originalité, je suis servi.

Yoshi’s Island nous fait remonter le temps jusqu’à une époque où Mario et Luigi n’étaient encore que des nourrissons. Au cours de leur livraison par cigogne à leurs parents, un Koopa percute volontairement les deux jumeaux dans le but de les enlever. Le kidnappeur attrape Luigi au vol mais laisse tomber Mario qui fait une chute vertigineuse dans le vide, pour atterrir finalement… sur le dos du Yoshi vert que l’on connaît bien. Ce dernier ramène le bébé aux autres Yoshi de couleur différente, et tous décident de partir délivrer Luigi (ça nous change de Peach).

Incapable de se déplacer seul, bébé Mario chevauche un Yoshi contrôlé par le joueur. Ce changement de personnage jouable modifie complètement le gameplay. Nos héros, les Yoshi, se comportent d’une manière spécifique. D’une part, ils sautent sans l’inertie caractéristique du plombier et surtout, ils peuvent planer un moment après un saut. D’autre part, ils éliminent leurs ennemis soit en leur sautant sur la tête (normalement ou avec l’attaque rodéo que l’on retrouvera plus tard dans la série), soit en les avalant d’un coup de langue bien placé. Une fois que l’ennemi est dans la gueule du Yoshi, le joueur peut décider de le recracher ou de pondre un oeuf, oeuf qu’il pourra ensuite lancer au moyen d’un tir dirigeable pour abattre d’autres ennemis ou pour atteindre des bonus de tout genre. Cette maniabilité originale change les habitudes, mais n’égale pas celle d’un Mario classique. Bien souvent, on s’emmêle les pinceaux à vouloir lancer un oeuf à un mauvais moment ou l’on compte trop sur la possibilité de se rattraper en planant. Rageante par moments, cette maniabilité moins évidente ne ruine pourtant pas l’expérience, puisque l’accent est mis sur l’exploration plutôt que sur la dextérité.

Même si les niveaux de Yoshi’s Island ne comportent pas de sorties secrètes comme dans Super Mario World premier du nom, ils se parcourent sur un rythme lent propice à l’exploration. Très souvent, il nous faut attendre et réfléchir (un peu) pour trouver le bon chemin à suivre dans un niveau labyrinthique ou pour découvrir comment enclencher un mécanisme indispensable à la progression. Plus facultative, la quête du meilleur score nécessite aussi une bonne observation et une certaine réflexion. Car il y a bien un score attribué à la fin de chaque niveau, en fonction de votre récolte en pièces spéciales (pièces rouges et fleurs) et du nombre d’étoiles restantes au compteur.

Plus que de simples éléments de scoring, ces étoiles symbolisent votre capacité à survivre. Nanti d’un capital de dix étoiles au départ d’un niveau – qui peut être augmenté en cours de route – vous devez éviter que votre compteur d’étoiles descende à zéro, ce qui arrive relativement vite lorsque Yoshi entre en contact avec un ennemi, un projectile ou une surface mortelle. Quand cela se produit, bébé Mario est éjecté et s’envole dans une bulle. Vous devez alors rattraper cette bulle au plus vite (avec le corps ou la langue), sachant que vos étoiles s’égrènent au fil des secondes. Si vous n’y parvenez pas avant votre dernière étoile, les Koopa emportent bébé Mario et l’une de vos vies au passage. Bien entendu, la mort vous attendra aussi à chaque fois que vous tomberez dans un trou sans fond.

Différent par son approche du jeu de plateformes, Yoshi’s Island l’est aussi par son aspect visuel. On a coutume de dire qu’un jeu en 2D vieillit généralement bien, et cela est encore plus vrai pour le style adopté ici. Loin des graphismes épurés auxquels Mario nous a habitués récemment, les décors et les personnages de Yoshi’s Island ont un charme fou et une patte artisanale. Si vous êtes lassé par l’aspect « flash » de certains jeux de plateformes/action actuels, vous serez probablement séduit par les graphismes, ou plutôt devrions-nous dire les dessins de Yoshi’s Island qui semblent directement sortis d’un carnet de croquis. Cette touche graphique particulière procure une ambiance décontractée qui est encore renforcée par des musiques douces et relaxantes. Pas plus variées que dans les derniers Mario 2D, ces musiques nous changent quand même du sempiternel thème original de la série.

Après avoir joué aux New Super Mario Bros successivement sur DS, Wii et 3DS, j’ai eu la désagréable l’impression que la série était irrémédiablement engoncée dans ses mécaniques et son style graphique. Yoshi’s Island vient heureusement de me prouver que cette rigidité n’est pas une fatalité, Nintendo ayant déjà eu le courage de chambouler totalement sa série majeure. Et quoique l’essai n’ait pas la même pureté que la formule originale, ce Mario atypique surprend toujours le joueur en lui opposant des boss inventifs et rigolos, en le mettant aux commandes d’un Yoshi transformé par exemple en hélicoptère, ou encore en lui proposant sans cesse de participer à des épreuves bonus rafraîchissantes. Un grand bol d’air dans le domaine de la plomberie vidéoludique !

Qui sait, peut-être qu’à l’image de Yoshi’s Island, le prochain Mario en 2D misera sur l’originalité plutôt que sur les acquis, si bien huilés soient-ils. Enfin, disons le prochain après New Super Mario Bros WiiU

À bientôt pour une nouvelle découverte anachronique,

spacecowboy

Réactions

  • Vega le 07/11/2012

    Waw! Super intéressant ton article! J’avoue que malgré mon expérience et mon affection pour la série Mario, je n’ai toujours pas testé cet épisode! Peut-être simplement parce qu’il ne s’appelle pas « Mario- blabla » ? Je ne sais pas mais cette cure de jouvence m’a bel et bien remotivé et tu m’as lancé un nouveau défi : Trouver ce Yoshi’s Island, in this world or not! 🙂

    Merci pour cette belle page!

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  • Gatchan77 le 07/11/2012

    La même version est aussi sortie sur GBA.

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  • Sim_ le 07/11/2012

    Meuuuh j’y ai jamais joué..

    Article génial !

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  • spacecowboy le 07/11/2012

    Merci pour vos messages !

    Gatchan, le jeu est effectivement sorti sur GBA, et c’est d’ailleurs cette version qui était offerte aux ambassadeurs sur 3DS.

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  • gice89 le 07/11/2012

    Super sympa ce petit dossier SMW2 😉 !

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  • Stoney le 08/11/2012

    Je l’ai tourné et retourné en entier ce jeu… C’était juste un de mes titres favoris SNES… Si je ne me trompe pas, c’est le premier mario ou il fallait trouver toutes les pièces rouges dans les niveaux… C’était la folie. Les cris des bébés deviennent d’ailleurs super agaçants 😀 Un titre à posséder absolument.

    Super article en tout cas, ça ramène des souvenirs 😀 (les musiques !!!)

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  • Wil2000 le 08/11/2012

    Je l’ai découvert assez tard également mais j’ai vite rattrapé mon retard, quel magnifique jeu! Et quel chouette article aussi 😉

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  • k0en le 12/11/2012

    Un des meilleurs jeux pour moi. Incontestablement, il fait partie de mon Top 10 ! Bravo pour cet article !

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  • Le futur proche de Nintendo #3 | BE-Games le 10/07/2013

    […] le plan de la maniabilité, Nintendo conserve également la formule que nous expliquons dans notre test du titre original. Dans le niveau jouable, nous avons constaté une seule innovation : la présence d’oeufs […]

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