Dishonored

Dishonored

Arkane Studio, je vous aime. Voilà, maintenant que toute cette tension entre nous est évacuée et que vous connaissez mes sentiments pour vous, on va pouvoir discuter plus sereinement.

Vous aviez commencé à me séduire du coin de l’œil avec Arx Fatalis, un dungeon crawler bourré de bonnes idées telles que devoir tracer ses sortilèges à l’écran avec la souris. Un peu plus tard, je vous ai surpris à m’envoyer des lettres d’amour parfumées à travers la boîte de jeu de Dark Messiah of Might and Magic. Coups de bottes, empaler ses ennemis, trancher les cordes de pièges vicieux, vous aviez déjà la recette des éléments secrets qui font battre le cœur de gamer qui se cache sous ma carapace, trop souvent polie et usée par les médiocres jeux actuels.

Mais là où vous m’avez carrément fait frôler l’évanouissement, c’est lorsque j’ai reçu votre dernière invitation. Vous m’aviez fixé rendez-vous un soir pluvieux, sur la grand-place d’Ecaussines, où votre valet me transmettrait votre dernier chef-d’œuvre sous plis discret. (*) Avant d’exposer toute notre aventure au grand jour, expliquons à toute cette foule médusée pourquoi vous êtes le centre de mes pensées depuis plusieurs jours.

Outsider, Steam Punk et huile de baleine

Arkane Studio est une boîte qui produit peu de jeux. Mais quand ils en font, ils le font bien. Très bien même. Dishonored ne faillit pas à la tâche, que du contraire.Leur dernier né prend place dans la charmante bourgade de Dunwall, ravagée par la peste. Les rats investissent les rues et répandent la mort tout autour d’eux. Vous incarnez Corvo, le garde du corps de l’Impératrice, rentrant de voyage pour faire votre rapport sur les solutions trouvées par vos voisins pour lutter contre ce fléau.

« Corvo, beau gosse ténébreux au service de l’Impératrice »

A peine arrivé, vous êtes attendu par Emily, la fille de l’Impératrice, qui est fort proche de vous. C’est l’occasion d’apprendre les bases du gameplay par un petit tutoriel assez sympathique. Une fois les bases assimilées, il est temps de faire votre rapport à la souveraine. Loi de Murphy oblige, de mystérieux ennemis masqués sortent d’un nuage de fumée, tuent votre protectrice, et disparaissent en enlevant Emily plus rapidement que des ninjas socialistes au Parlement Français. Rien n’arrivant par hasard, certains membres de la haute bourgeoisie sont comme de fait arrivés bien vite sur la scène du crime, le doigt tendu et la parole forte. Ni une ni deux, vous voici jeté en prison, attendant votre condamnation. Six mois ont passé, vous allez bientôt être exécuté, quand vous recevez dans votre plateau repas la clé de votre cellule. Votre mystérieux bienfaiteur vous attend dehors, il semblerait que le complot dont vous faites les frais ait été repéré par une troupe de résistants désireux de faire basculer le nouveau pouvoir mis en place à la mort de l’Impératrice.

« Chérie, ça va couper… »

Pour être tout à fait honnête,  les débuts du jeu m’ont un peu effrayé : j’ai rechargé 10 fois ma sauvegarde sur le premier pack de 3 gardes ! Impossible de me battre correctement. Et puis, on commence à comprendre : rien ne sert de bourriner (en tout cas pas au début), un ennemi à la fois, ça va, deux ça commence à devenir difficile, trois c’est la mort assurée. Alors on y va doucement : on étourdit le premier, on éloigne le second en cassant une bouteille, et on s’occupe du troisième mano à mano.

Après quelques péripéties, vous retrouverez vite la lumière du jour. Votre mystérieux ami est en fait un noble faisant partie d’un mouvement de rebelles. Il vous conduira vite au Hound’s Pit, un bar servant de base d’opérations, situé… juste sous le nez des autorités ! Personne ne pensera à vous dénicher si près du haut commandement.

 Le Blue Oyster Bar revisité

Ce bar vous servira de point central entre vos différentes missions, au nombre de 9. Celles-ci vous impliqueront un peu plus dans l’histoire, pour peu que vous accrochiez un peu à l’univers. Celui-ci est tellement riche, tellement travaillé qu’il serait vraiment dommage de passer outre. J’ai vu des testeurs finir ce jeu en moins de 10 heures tout compris. Ces gens n’ont rien compris au sens du jeu. Le tutoriel et la première mission m’ont occupé plus de 6 heures, et j’y serais encore bien resté. Tout est prévu pour vous immerger dans le monde qui vous entoure.

« Dishonored a un vrai cachet visuel »

Petit exemple simple : le premier chapitre propose quelques missions aléatoires. En me baladant dans les ruelles sordides, je rencontre Mamy Chiffons. Ancienne muse de l’aristocratie, elle est maintenant harcelée par des voyous locaux. Quelques coups de lame régleront bien vite l’affaire, mais pour résoudre définitivement le souci, elle me demande d’aller empoisonner les réserves de bibine de la bande. Pour cela, rien de mieux que les tripes toxiques de rats que le médecin local dissèque dans l’arrière de sa bibliothèque. Je vous passe les péripéties pour y arriver, je parviens à avoir la matière première, à m’insérer « presque » discrètement dans la distillerie, et j’empoisonne leurs réserves.

« T’appelles ça du Whisky, ma gueule ? »

Ai-je mal compris, ai-je mal interprété le terme « bibine » ou ai-je été distrait ? Quoi qu’il en soit, je n’avais pas seulement empoisonné leurs réserves de whisky, mais également les matières premières servant à créer un remède local à la peste, vendu aux pauvres hères n’ayant pas les moyens de s’offrir la cure officielle. Dorénavant et par ma faute, tous ceux qui se procureront cette potion bon marché mourront de la peste qu’ils tentaient désespérément d’éviter. Et pour avoir lu les dernières pages du carnet intime d’une mère de famille ayant vu mari et enfants mourir sous ses yeux, je vous avoue que je sentais une boule se nouer dans mon estomac une fois la mission terminée.

 Blink One Eye Too

« Le pouvoir ‘Dark Vision’ peut vous sauver la mise avant de rentrer dans une pièce »

Mais avant de commencer les chapitres officiels comme celui dont je vous parle ci-dessus, il vous faudra obtenir des pouvoirs. Ceux-ci sont accessibles via des runes planquées dans les différents stages. Et croyez-moi, il faudra déployer des efforts d’ingéniosité pour en dénicher certaines ! L’Outsider, un être mystique, vous donnera votre premier pouvoir : le Blink, ou téléport dans la VF. Il vous offrira également un cœur mécanique, bavard et déprimant, qui vous révélera souvent le vrai côté des gens. A vous de décider de les épargner ou de les punir, mais sachez les écouter, et décidez en toute connaissance de cause. Au dernier moment, j’ai par exemple épargné la vie d’un soldat, apprenant que toute sa famille avait été décimée par la peste.

« Rat Swarm : un des pouvoirs que Corvo pourra choisir en cours de partie »

Ces pouvoirs vont définir la façon dont vous aller jouer : gros bill (et hop l’expression de Joystick 1995) ou discret, manipulateur ou sans pitié, vous avez les outils et le terrain de jeu. Cette dernière phrase est essentielle pour comprendre Dishonored : les auteurs vous ont concocté de quoi vous amuser, mais sans jamais vous imposer une façon de jouer. Et si au lieu de faire un château de sable, votre seau vous servait à collectionner des coquillages ? Ou à prendre de petits poissons vivants et à les regarder étouffer sadiquement privés d’eau ? Vous aurez ici la même liberté. Mais sachez que vos actes auront des conséquences, plus vous tuerez de gens, et plus le monde deviendra sombre, les rats pulluleront, les gardiens augmenteront en nombre et les geignards (des pestiférés) seront plus présents.

Le mot de la fin

Achetez-le. Même sur console. Ce jeu est une pure merveille de game design. Les textures font parfois un peu cheap si on s’y attarde, mais en contrepartie le jeu reste toujours fluide. Le character design change de ce qu’on voit habituellement dans les jeux contemporains, mais surtout, c’est la liberté immense qui vous est proposée qui mérite d’être récompensée. Pour une fois qu’on a un titre qui n’est ni une suite, ni un jeu de shoot sur une quelconque guerre, ni une resucée d’anciens hits oubliés, il mérite qu’on lui donne un coup de pouce, encore plus si celui-ci est parfaitement justifié.

Merci à Vega pour la correction

Evaluation

Maniabilité : 4.5/5

Magnifique, tout répond au doigt et à l’œil. Un tout petit demi-point de moins pour un micro problème par moments pour faire un blink sur un rebord de corniche quand on est trop loin, mais c’est vraiment pour chipoter

Technique : 5/5

Je préfère un léger aliasing et quelques textures parfois un peu limites que des temps de chargement à chaque couloir. Le graphisme est somptueux et le design général splendide.

Originalité : 4,5/5

Le monde de Dunwall est magnifique : les soldats perchés sur leurs échasses, l’huile de baleine en tant que carburant, tous ces détails aident à forger un monde original à souhait.

 Durée de vie : 5/5

Vous avez fini le jeu en mode soldat ? Recommencez en furtif. Vous avez pris la nuée de rats en pouvoir principal et le contrôle des ennemis ? Tentez le coup avec le pli du temps et la tempête. Ou renforcez vos attributs physiques !

Scénario : 3.5/5

Le scénario est assez prévisible par moments, mais peu importe le flacon, l’ivresse est garantie !

Online : NA

Ca se savoure seul, oubliez tout gougnafier qui pourrait vous interrompre.

Note : 5/5

Batman, Portal, Dishonored. Enough said.

(*) Authentique ! Toute ressemblance avec un valet de feu Be-Games au pseudo écrit en orange est volontaire.

Réactions

  • Andrei le 02/11/2012

    excellent, il a vraiment l’air tout bon. Mais bon faut voir ce que ca donne, je ne suis pas spécialement fan du style à la Deux Ex ..

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    • Wil2000 le 02/11/2012

      Essaye-le, tu y trouveras ton compte. Que tu aimes jouer bourrin, discret, ingénieux, sadique, tout est là pour toi!

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  • Stoney le 02/11/2012

    Excellent test, belle plume ! J’ai pris plaisir à le lire et apparemment toute la presse est unanime, c’est un des meilleurs jeux de cette fin d’année 2012

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  • Anadim le 02/11/2012

    j ai passé un tres bon moment dessus egalement il m a un peu rappelé l’effet bioshock par son monde inovant ses personnages son histoire etc je m y suis mis a fond dedans je l ai fini deja 3 fois je plussoie l avis du test tres bon jeu a faire sans regret !!

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  • Vega le 02/11/2012

    Superbe test! J’ai pris un pied d’enfer à le relire, et franchement, je vais me le commander! Pourtant, mes premières impressions à la Gamescom étaient mitigées… Merci à toi!

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    • Wil2000 le 02/11/2012

      C’est impossible de tester ce jeu sur un salon ou avec une démo, tout se joue sur le long terme. Je sais qu’on peut dire ça de plein de jeux, mais celui-ci mérite le temps qu’on lui accorde.

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  • Wil2000 le 04/11/2012

    Il y a un sort de freeze du temps dans le jeu, ça peut t’aider? 😀
    D’ailleurs, il y a le même symptôme quand tu joues à ce jeu. Tu mets la galette dans la PS3, tu clignes des yeux, et hop deux heures ont passées. Dingue…

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  • Lionheart_mike le 05/11/2012

    Merci pour ton test, il m’a donné encore plus envie d’approcher ce jeu !

    Après avoir regardé plusieurs videos du jeu, il me fait fortement pensé à Bioshock en mettant plus en avant l’aspect stratégie des missions !

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