Aux bons souvenirs de nos Game & Watch

Aux bons souvenirs de nos Game & Watch

game & watch super mario brosBipbipbip bup bip bup bup bip. Fini de jouer à Chats Perchés, finies les parties de football entre deux piquets de basket et les échanges de timbres ou stickers. Dans la cour de récré de cette fin des années 1980, des petits groupes se forment, filles et garçons assis sur le muret regardent avec intérêt les plus chanceux. Ceux qui, de cette petite machine aux allures de calculette, font sortir des bips et bups en cadence. Les heureux possesseurs de Game & Watch!

En terminant le deuxième tome de l’Histoire de Nintendo, dédié à ces petits jeux électroniques précurseurs des Game Boy, Nintendo DS et autres PSP, j’allais me replonger avec plaisir pas loin de mes 10 ans dans la cour de l’école des Bouleaux. Si à l’époque j’avais la chance d’avoir à la maison depuis quelques années déjà un Commodore 64 avec lecteur de disquettes et une floppée de jeux, ce dernier ne pouvait sortir de son armoire que pendant les vacances. Voir donc mes copains et copines jouer quand bon leur semble me faisait rêver. C’est qu’il fallait user de relation pour pouvoir faire une partie, une jolie gomme à offrir aux filles, un sticker manquant pour les garçons, ou un copain généreux tout simplement.

1247325181.jpgPar chez nous, les jeux électroniques comme nous les appelions alors, le plus fréquent était sans conteste le dual screen « Donkey Kong » orange, mettant en scène un Super Mario devant éviter des tonneaux pour délivrer la princesse prisonnière du gros singe. J’ignorais bien à l’époque que ce jeu était estampillé Nintendo, ce nom d’ailleurs ne me disait pas grand chose. Mario n’était qu’un petit bonhomme tout noir que je retrouvais dans la plus grande partie des Game & Watch auxquels j’avais eu l’occasion de jouer alors, tels que Mario Bros (ouvrier dans une fabrique de vin), Mario Cement’s Factory ou Mario Bros (Mario & Luigi pompistes). D’ailleurs, on ne l’appelait pas encore Mario.

CoverNintendo2.jpgOui, dans nos cours de récré, les Game & Watch sont arrivés relativement tard. C’est qu’à l’époque il fallait tout de même sortir 1000FB (environ 25€) pour un de ces petits jeux électroniques! Cela parait bien peu à l’heure où un jeu Playstation 3 coûte 70€, mais à l’époque, c’était une grosse somme.

Lorsque Gunpei Yokoi, leur génial inventeur, dans les premières heures des années 1980, lance son projet Game & Watch, il cherche à réaliser de petits jeux électroniques, tenant dans la main, qui permettraient aux travailleurs de se distraire discrètement dans le train en rentrant du travail. Les premières versions ressemblent donc fortement à de mini calculatrices, et le prix est assez élevé. Malgré cela, ce sont surtout les enfants qui deviennent accrocs, ce qui explique alors l’arrivée de Mickey, Snoopy ou Popeye dans les titres suivants. Au Japon, le Game & Watch n’aura pas un si long succès que chez nous. L’arrivée de la console de salon Famicom, version japonaise de la NES, venant bouleverser rapidement la quiétude dans les foyers nippons. Mais chez nous, la NES coûte très cher encore, et à la fin des années 1980, très peu de camarades peuvent se permettre de jouer à Super Mario Bros devant leur télévision.

Moi, j’avais pourtant eu la chance de me faire quelques parties chez mon ami David Collet. Oh, sa maman n’aimait pas trop que nous restions scotchés devant la TV, nous allions alors faire quelques avions en papier à jeter du haut du 14° étage, mais tout même, j’avais eu de quoi devenir accroc à Mario devenu plombier.

super mario brosjpgPuis un jour, notre ami Stéphane Dargent arriva un matin dans la cour avec un nouveau Game & Watch, tout bleu, Super Mario Bros. Woaaaawww ! Je bavais. Le même Super Mario que chez David, avec des plateformes, des champignons et des tortues. Mais auquel on pouvait jouer quand on veut! Enfin, quand on avait la chance d’en avoir un évidemment. C’est que je lui aurais bien échangé toute ma collection de timbres moi à Stéphane. Je n’ai pu y jouer qu’une fois, mais quel régal, quelle liberté. Rendez-vous compte : à l’époque, chaque petit jeu électronique était mis en scène dans un cadre figé. La technologie LCD, comme pour les calculatrices, permettait d’afficher ou faire disparaitre des cristaux liquides sur l’écran où les différentes animations des personnages et objets étaient pré-définies. Ce procédé limitait évidemment les possibilités de variété dans un même jeu, mais permettait de proposer des illustrations beaucoup plus réalistes et amusantes que les bouillies de pixels (même si je les aime aussi) des micro-ordinateurs et jeux d’arcades du début des eighties.

Or, dans ce Super Mario Bros, grâce à l’imagination de Gunpei Yokoi, Mario allait pouvoir se déplacer dans de nombreux niveaux, construits sur base de plate-formes en mouvement, donnant l’impression de scrolling et d’aventure. C’était plus que certainement cela qui devait ajouter une partie de rêve à ce nouveau jeu.

82_83.jpgSuper Mario Bros, Super Mario Bros. Je n’espérais que cela pour mon anniversaire, ma Saint Nicolas, tout ce que l’on veut. Et un jour, mes parents me proposent d’aller chez Cora pour acheter mon jeu électronique. Je devais en parler très très souvent et pas spécialement que j’aie eu un excellent bulletin ou été particulièrement sage. J’avais à l’époque la santé fragile, ce qui avait dû plus que probablement donner un coup de pouce à mon rêve. Me voilà donc dans la galerie de Shinji Alibaba Yoko, bref un petit magasin de gadgets électroniques, montres à quartz avec un joli étal de Game & Watch. J’y cherche mon Super Mario Bros tout bleu, on ne peut pas le louper pourtant, mais rien de rien. « Ah non, on ne l’a pas celui-là » Je reste vide. « Choisis-en un autre » me dit ma mère, mais moi je voulais Super Mario Bros Mais ceci dit, je ne voyais pas trop où le trouver et je savais aussi très bien, malgré mes 10 ans, que c’était probablement ma seule opportunité d’avoir un jeu électronique, rien qu’à moi. Mon paternel ne ferait certainement pas 36 magasins pour la cause. En 2° choix, je revenais donc alors avec ma petite boite grise et son gros singe enfermé : Donkey Kong Jr, avec lequel j’allais passer néanmoins de longues heures acharnées.

game_watch_donkey_kong_jr.jpgDans ce jeu, Junior doit délivrer son paternel, cette fois enfermé par le méchant Mario. Il s’agit dirons nous de la suite de Donkey Kong. Junior doit parcourir la jungle partant de gauche à droite, puis une fois à l’étage arriver jusqu’à la clef qui se balance. Sur son chemin, il lui faut éviter les pièges et les crocodiles qui tentent de le mordre. Il peut s’agripper aux lianes un temps pour les éviter mais gare aux oiseaux qui passent parfois à cette hauteur. Il y a également une grosse noix de coco qui peut être décrochée, si elle tombe sur un ennemi il y a aura des bonus à la clé. Lorsque Junior déverrouille la cage de DK on recommence, à chaque fois un peu plus vite.

C’est grosso modo le concept gagnant de tous les Game & Watch, et l’une des mises au point les plus importantes des équipes de Gunpei Yokoi était justement de trouver le bon rythme de l’action, des mouvements, des bruitages, pour rendre le jeu accrocheur! C’est ce qui rend évidemment difficilement imitable le plaisir éprouvé lorsque l’on joue avec ce petit gadget Hi-Tech.

Les années ont passé, mon Donkey Kong Junior a tourné et tourné à la maison, jusqu’à l’arrivée de ma Game Boy (encore une invention de Gunpei Yokoi) et c’est ma soeur qui en a hérité, pour l’offrir assez vite à son petit amoureux de l’époque! Dommage, j’aurais aimé avoir toujours ce Donkey même si j’en ai une version relativement réussie sur ma Nintendo DS. Au coté d’autres d’ailleurs. Mais, il me reste ce Saint Graal de Super Mario Bros, que je n’ai pu toucher que quelques minutes. Malgré les Game Boy, Super Nintendo, Pentium 3D, Playstation 1, 2, 3, GameCube, Wii, DS, il me trotte dans la tête.

Début 2000, lors d’une de mes premières recherches sur Internet, je tombe sur quelqu’un qu’il le revend 5€. Ca vaut la peine, mais au dernier moment, je me désiste. C’est qu’il faut prendre 3 bus pour monter jusqu’à Grivegnée. À l’époque, je n’ai pas de voiture, et je me dis que d’autres occasions se présenteront!

Alors que j’avais la tête plongée dans le bouquin, mon ami Didier me dégote à ma grande surprise sur eBay pour mon anniversaire, l’objet tant convoité!

Une fois en main, l’aspect métallique est moins impressionnant qu’à l’époque. Il faut dire que le choix du bleu mat de ce G&W lui donne un coté un peu plus plastique. Je me lance dans une partie. Effectivement, comme lu dans le Pix ‘n’ Love, je suis agréablement surpris des petites mélodies out-game rappelant la version NES. La prise en main demande quelques secondes d’adaptation, puisque l’on JUMP puis se déplace dans les airs. Après tant d’années, les mouvements à faire sont un peu différent de nos habitudes de joueur moderne. Mais rapidement, j’atteints le niveau 3, ce qui me permet déjà de me rendre compte de l’incroyable force de ce jeu.

Si cet exemplaire de Super Mario Bros est sorti en 1988, sa première version, maintenant hors de prix, est sortie en 1986 et fait tout de même partie des derniers G&W réalisés par Nintendo. Elle s’assied donc sur une expérience de gameplay forte de quelques années.

Là où tous les G&W précédents se cantonnent à une mise en situation fixe, définie par une scène dans laquelle le jeu prend place, Gunpei Yokoi recule avec Super Mario Bros les limites du Game & Watch en créant un jeu basé sur un scrolling horizontal, à l’image du Super Mario Bros sur NES sorti un an auparavant et devenu un énorme succès.

Oui, rendez vous compte! Si vous avez déjà joué aux Game & Watch les plus courants de par chez nous, vous savez que Donkey Jr devra traverser inlassablement la même jungle en deux étages, en évitant des crocodiles toujours un peu plus rapides pour attraper quatre clefs qui lui permettront de sauver son papa Kong.

Super Marios Bros nous emmène dans 8 niveaux, tentant de rappeler l’épisode NES. La plupart des niveaux se présentent de manière assez classique, suivant le scrolling imposé, il faut aider Mario à passer de plate-forme en plate-forme jusqu’à retrouver sa princesse. Certains niveaux, plus courts, se passent sous un tuyau, on y reconnait d’ailleurs la petite musique de Konji Kondo. Il s’agit là de sauter sur des passerelles mouvantes ou d’éviter des boules de feu pour sauver Peach une fois de plus. Un seul tableau, mais plus technique!

Graphiquement, c’est du coup très dépouillé. Des morceaux de « digits » servent à créer plate-formes, obstacles, ponts mouvants ou boules de feu. Mais on en comprend toute de suite le sens! Avec un peu d’imagination, on reconnaît également un stage sous-marin, Mario perdant alors la gravité qui le ramenait au sol le temps d’un petit parcours d’obstacles. Enfin, il vous faudra choisir le bon tuyau en fin de level 7 pour accéder au château de Bowser qui enchaînera différents passages techniques pour enfin sauver votre dulcinée!

Si au bout d’un peu d’entraînement, je peux assez facilement me rendre au château, au moment de la vidéo, je n’arrivais toujours pas à le finir. Or, le jeu est alors loin de se répéter!

Dans le premier monde, il était parfois possible de dénicher un ou plusieurs champignons offrant une vie supplémentaire. Dès le second, il faudra anticiper un premier ennemi. En effet un boulet de canon est tiré de la droite de l’écran, ce qui demandera de temporiser, voire modifier votre chemin pour l’éviter! Les nouveautés ne s’arrêteront pas là si vous êtes suffisamment adroits et concentrés pour aller plus loin encore!

Pas loin de 30 ans que les G&W existent et celui que j’expose maintenant dans mon salon en à plus de 20! Hormis quelques petites griffes il est plutôt bien conservé. Je lui ai cependant enlevé les 2 piles qui le font vivre… Je le crois en effet habité de l’âme d’un Mario regrettant cette belle époque. Il lui arrive quelques nuits de se mettre à jouer tout seul, biip biip compris… Ce qui n’est pas au goût de ma Snorky d’épouse!

Et vous, Game & Watch ou pas ?

Réactions

  • Alex Lefèvre le 16/07/2012

    J’ai eu un game and watch Donkey Kong.. mais fin 90 ! Car mon voisin plus agé en a eu une et il me l’as donné, j’ai adoré joué a Donkey Kong (je ne suis même pas sur que c’était lui mais c’était avec un singe et un gorille :p) dessus, un de mes plus beau souvenir

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  • Cyborgjeff le 16/07/2012

    Tu te souviens de la couleur du jeu ? orange, vert ?

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