Ys IX : Monstrum Nox

Ys IX : Monstrum Nox

Nous vivons quand même une époque formidable pour le jeu vidéo ! Rendez-vous compte, une licence comme Ys, autrefois réservée aux férus de l’import, est désormais accessible d’un simple clic sur Steam dans son intégralité. Laissez-moi un petit instant pour m’assurer de la santé de notre rédacteur en chef adoré, c’est que son petit cœur pourrait ne pas encaisser de me voir parler aussi positivement de versions PC dématérialisées : tout va bien Space ? On peut continuer ? Parfait !

C’est qu’en aficionado des RPG et jeux d’action / aventure à la japonaise, j’avais tendance à baver devant les articles consacrés à la série de Falcom dans la presse spécialisée ; et si on m’avait dit à l’époque que les aventures d’Adol seraient un jour officiellement à portée de main des joueurs occidentaux, j’aurais simplement ri – non sans amertume – au nez de mon interlocuteur. Alors que le phénomène Final Fantasy VII a entrainé dans son sillage une véritable explosion mondiale du J-RPG, la saga Ys a continué à faire preuve d’une certaine timidité jusqu’aux années 2010, où les épisodes de la saga sont sortis au compte-gouttes sur les différentes plateformes européennes. C’est dans ce contexte que nous pouvons désormais compter sur des sorties localisées systématiques des nouvelles aventures du guerrier aux cheveux rouges, comme en témoigne la sortie début février du neuvième Ys : Monstrum Nox !

À l’instar de son prédécesseur Lacrimosa of Dana, Monstrum Nox peut tout à fait être abordé sans avoir joué au moindre opus précédent. S’il sera fait très fréquemment référence aux aventures d’Adol, le jeu se payant même le luxe d’en faire la mise en abîme, les faits sont toujours abordés de sorte que le néophyte ne soit pas pénalisé, et ces rappels de précédentes épopées se voient carrément étoffés d’un double sens de lecture, véritable récompense pour les fans de la licence. Nous y incarnons donc Adol Christin, qui parcourt les chemins avec son fidèle ami Dogi. Leur route les mène à Balduq, une ville tristement réputée pour sa prison inviolable, où ils seront directement plongés au cœur de l’intrigue : en effet, la ville est depuis quelque temps le théâtre d’évènements surnaturels attribués à une faction connue sous le nom de Monstrum. D’importants contrôles sont mis en place pour pouvoir rentrer dans la ville, et c’est justement lors d’un contrôle d’accès que les autorités locales reconnaissent Adol… Et le jettent en prison !

Sa réputation le précède, et compte tenu des nombreuses parts de mystère entourant le récit de ses aventures notre héros est soupçonné d’être lié aux évènements perturbant le calme de Balduq. Adol ne peut bien évidemment pas se résoudre à son triste sort et parviendra à s’échapper. Durant sa fuite, il fera la rencontre de la mystérieuse Aprilis qui le transformera contre son gré en – ô triste ironie du sort – Monstrum : le Roi Rouge. Cette malédiction lui confère de nouveaux pouvoirs facilitant son évasion, mais le condamne également à ne pas pouvoir quitter la cité, et c’est ainsi que commence réellement notre aventure. Fondamentalement, Monstrum Nox se joue comme Lacrimosa of Dana, mais le contexte dans lequel se déroule l’aventure vient changer la donne : l’exotisme de l’île déserte à explorer laisse ici place à une déprimante mégapole dont les citoyens sont préoccupés non seulement par les faits surnaturels qui la secouent depuis plusieurs semaines, mais également par l’étrange conflit de pouvoir politique gravitant autour de la prison.

Concrètement, la progression de l’aventure peut se découper en deux phases distinctes. En tant que fugitif, Adol est obligé de se déguiser pour passer inaperçu, et recouvre donc sa toison rougeoyante emblématique d’une perruque mauve dans les phases d’exploration de la ville. Il nous faudra alors récolter des informations auprès des habitants, découvrir de nouveaux passages dans la ville et tisser des liens commerciaux pour faire prospérer la planque d’Adol et Dogi, ce qui ouvrira progressivement l’accès à toute une économie alternative « sous le manteau » qui rappelle la maestria avec laquelle Lacrimosa of Dana était parvenu à enjoliver de son contexte une action aussi basique qu’acheter une arme ou une potion.

L’autre grande facette du gameplay de ce Ys IX touche bien entendu à l’action, avec au menu de l’exploration de donjons, des combats de boss et des phases de Tower Defense rappelant à nouveau Ys VIII à notre bon souvenir. Lors d’un combat ou d’une exploration de donjon, Adol se transforme automatiquement en Roi Rouge, ce qui a tendance à accentuer la transition entre les phases d’action et d’exploration. De nouveau, on y sent un important effort de contextualisation, et comme le jeu se déroule presque intégralement dans la ville de Balduq on ne va bien entendu pas croiser de monstre à chaque coin de rue : c’est là que la malédiction des Monstrum prend tout son sens. Car contrairement à ce que semblent penser les habitants, les Monstrum sont en vérité des citoyens de Balduq choisis eux aussi par Aprilis pour un but bien précis : combattre la Nuit de Grimwald. Pour faire simple, il existe un plan astral où vivent des monstres démoniaques, et la Nuit de Grimwald est la fusion de notre plan et celui des créatures de la nuit, résultant en l’apparition des monstres dans notre réalité.

D’après Aprilis, il se trame en Balduq de sombres machinations ayant eu pour conséquence la fusion des deux plans, raison pour laquelle elle avait besoin des Monstrum pour enquêter. Du coup, toujours dans ce souci d’accorder les phases de jeu avec leur histoire, les équipes de Falcom ont choisi de faire apparaitre des portails dans les zones habitées de la ville. Il suffit pour Adol de toucher un portail pour déclencher la fusion des plans et disputer un combat. À l’instar de toute l’économie de Ys VIII basée entièrement sur le troc entre naufragés, c’est ce genre de petits détails qui témoignent d’une véritable passion insufflée par les développeurs dans leur jeu.

Monstrum Nox partage énormément de similitudes dans sa progression et son gameplay avec Lacrimosa of Dana. Pour résumer, il transpose l’expérience insulaire dans un contexte urbain certes moins exotique – et dieu sait que le charme « naufragé » de Ys VIII m’avait particulièrement séduit – mais tout aussi mystérieux et captivant. Que ce soient la personnalité très marquée des différents protagonistes, les esquives et parades octroyant des bonus de statistiques avec le bon timing, la mécanique de faiblesse et résistance des types d’ennemis face au type d’arme utilisé ou encore sa bande son alternant entre pièces symphoniques d’ambiance et morceaux épiques aux influences power metal, doublage japonais, tout ce qui faisait la force de Ys VIII se retrouve intégré à Ys IX, et c’est tant mieux.

Note

16/20

Alors que ses premières heures de jeu peuvent se montrer moins envoûtantes eu égard au contexte adopté et à son contraste avec Ys VIII, Monstrum Nox s'avère en être une excellente relecture, forte d'un gameplay dynamique et d'une écriture de ses personnages particulièrement soignée. À ne pas louper si vous aimez les Action RPG à la japonaise !

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