Travis Strikes Again – No More Heroes

Travis Strikes Again – No More Heroes

Après avoir frappé fort en décembre dernier avec Super Smash Bros Ultimate – qu’on ne présente plus – la Switch se dote en janvier de deux nouvelles exclusivités, New Super Mario Bros U Deluxe et le jeu qui nous intéresse ici : Travis Strikes Again. Produit par Suda 51, Travis Strikes Again est le troisième opus de la série No More Heroes, une licence débutée sur Wii et réputée principalement pour son antihéros irrévérencieux, Travis Touchdown. Pour être sincère, je ne connais la série que de réputation, n’ayant jamais pris le temps de me pencher dessus malgré sa notoriété, due avant tout au profond décalage qu’elle adopte. J’aborderai donc ce test en partant de ce point de vue « novice ».

Une console mortelle

Travis Touchdown est un célèbre assassin otaku armé d’un sabre laser : le ton est donné ! Dans ce troisième épisode, nous le retrouvons dès l’introduction sur un contrat d’assassinat. Il s’avère que sa cible était en train de jouer à la Death Drive MKII quand notre antihéros arrive effectuer sa sale besogne. La console s’avère être une espèce de légende urbaine, une console de jeu « maudite » qui – si j’ai bien compris – se branche sur le joueur et puise dans son énergie vitale pour fonctionner : pour résumer, si tu meurs dans le jeu, tu meurs ! Travis, en bon passionné de la pop culture, ne peut pas s’empêcher de récupérer la console et d’y jouer. Oui, le quatrième mur vient de voler en éclats : on joue bien à un jeu vidéo où on incarne un type qui va lui même jouer à des jeux vidéo ! C’est d’ailleurs sur cette tendance à briser le quatrième mur que repose principalement Travis Strikes Again.

Manette en main, on se retrouve face à un beat’em up vu de dessus qui tourne très rapidement au hack’n’slash. Un rapide tutoriel nous apprend à manier Travis, qui dispose de deux types d’attaques de base : un coup léger qui peut être maintenu et verra notre personnage faire valser son sabre laser devant lui – très efficace contre les groupes d’ennemis faibles – et un coup fort qui peut être enchaîné pour plus de dégâts. Il peut également esquiver en faisant une roulade, et sauter. Deux coups spéciaux sont mis à sa disposition : une « divekick » qui projettera Travis vers un ennemi en enchaînant Saut et Coup Léger, et une attaque de zone qui fera retomber lourdement notre grande gueule au sol après avoir enchaîné Saut et Coup Fort. Attention, le sabre laser consomme de l’énergie et peut se retrouver complètement inutile s’il se retrouve à court de batterie, il faudra le recharger via une manip’ (peu pratique, je trouve) à effectuer avec les deux sticks analogiques. Les affrontements contre de gros groupes d’ennemis sont d’ailleurs pimentés par cette gestion de la batterie du sabre !

Marché aux puces

Comme nous sommes dans un jeu vidéo, Travis dispose également de plusieurs coups spéciaux – comme il se doit ! Dès le début de l’aventure, il dispose d’une Furie une fois la jauge dédiée chargée au fil des ennemis tués. Il s’agit d’une puissante attaque directionnelle qui peut être enchaînée jusqu’à trois fois tout en permettant au joueur de changer de direction entre chaque coup, et qui s’avère relativement efficace. Au fil de sa progression, Travis va retrouver des puces électroniques dans les niveaux. Ces puces lui permettent d’apprendre des coups spéciaux uniques ou encore de générer une zone où récupérer de la vie. Il est possible d’équiper simultanément quatre techniques venant étoffer la palette de coups de notre antihéros et de sauvegarder ses configurations pour pouvoir les alterner comme bon nous semble. Travis – et son pote Badman, car le jeu est jouable entièrement en coop – peut également monter de niveau en dépensant l’expérience acquise au fil des meurtres.

Visuellement, le jeu est plutôt atypique : les développeurs de Grasshopper Manufacture ont cherché à pousser le délire de console maudite jusque dans ses derniers retranchements. Les graphismes sont dépouillés et arborent fréquemment de faux bugs d’affichage, le sound design très Tron dans l’esprit donne l’impression d’être prisonnier d’une dimension parallèle et les ennemis ressemblent tous à des glitchs venus corrompre les données du jeu. Ce parti pris peut desservir le jeu en le rendant tellement atypique qu’il en devienne tout sauf attirant, et pourtant on se retrouve comme pris en otage par l’aventure, en se demandant comment sera réinterprété le gameplay dans le prochain jeu que Travis récupérera pour la console. Car une fois un jeu (et donc un niveau) terminé, nous pourrons nous balader dans la caravane de Travis pour sauvegarder, changer de t-shirt (c’est purement cosmétique, mais on y retrouve plein de t-shirts aux couleurs de la crème du jeu indé, clin d’oeil sympathique) et partir à la recherche d’un nouveau jeu. Ces séquences sont en vérité des cinématiques faisant avancer l’histoire de Travis : complètement improbables, elles prennent la forme d’un pseudo Visual Novel tournant sur des machines rétro, on n’y comprend rien, c’est bourré de références jusqu’à la gueule et empreint d’un premier degré absolument nanardesque. Ces nouveaux jeux ainsi récupérés renouvellent l’expérience en apportant à chaque fois un twist autour du corps principal du gameplay, en plus de disposer de leur propre univers – toujours corrompu par les mêmes ennemis-glitchs.

Note

14/20

Attention, ça passe ou ça casse ! Travis Strikes Again est un jeu un peu moyen qui se cache derrière sa grande gueule. Ni bon ni mauvais, il propose une direction artistique austère très tranchée, qu'il parvient à justifier via sa mise en abîme du média à travers le quatrième mur, et un gameplay efficace à défaut d'être marquant. À ne pas mettre entre toutes les mains !

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