Gone Home – comme chez lui sur console

Gone Home – comme chez lui sur console

Une jeune américaine rentre chez elle à l’issue d’un périple européen. Elle regagne la nouvelle maison familiale pour y retrouver sa mère, son père et sa petite sœur en fin d’adolescence. Mais personne ne l’y attend, la demeure est vide. Vide et à la fois remplie des petits objets de l’existence, qui lui en apprendront davantage sur ses proches que toutes les conversations qu’elle a eues avec eux auparavant.

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Gone Home, ça vous dit quelque chose évidemment. La « console edition » qui sort aujourd’hui sur PS4 et Xbox One n’est que le portage de l’original de 2013 sur PC. Portage assez ambitieux cependant, puisqu’il fait évoluer son moteur graphique vers Unity 5. Assez cher aussi, car il facture trois heures de jeu maximum à 15 euros. Mais il ne faut pas plus que trois heures pour développer la puissance narrative que Gone Home avait exhibée sur PC…

L’empire des possessions matérielles

Le jeu commence sur le perron d’une grande bâtisse. Vous pénétrez à l’intérieur, vous cherchez la lumière et vous fouillez les tiroirs. Voilà tout ce que vous ferez dans Gone Home : allumer des lampes pour éclairer des endroits à inspecter et fouiner comme une sale petite curieuse. Vos recherches (bienveillantes) ont pour but de découvrir l’intimité des proches que vous pensez connaître, mais qui cachent toute une vie secrète et pas toujours avouable.

Au départ, vous procéderez prudemment – on ne sait jamais que quelqu’un entrerait subitement. Vous ouvrirez un à un les tiroirs, les refermerez soigneusement et éteindrez la lumière en quittant une pièce. Mais plus vous vous plongerez dans ces objets du quotidien, plus vous ressentirez un besoin d’urgence, de révolte. Pour finir avec des portes ouvertes dans toute la maison, des lumières allumées partout et des objets abandonnés sur le sol. Parce que cette maison est le théâtre d’un drame du quotidien qui, par son humanité, dépasse toute considération matérielle.

L’essentiel de l’intrigue concerne votre sœur cadette à un moment charnière de sa vie. Par quelques petits messages laissés à votre intention, elle vous dévoile ses états d’âme en toute confiance. Prise à témoin, vous, la fille modèle, reprochez à présent l’attitude réac’ de vos parents. Dans le souci de leur confort moral, ils démolissent inconsciemment votre petite sœur en appel à l’aide. Et vous, vous étiez partie visiter l’Europe ! Vous n’étiez pas là pour elle ! Pourvu qu’elle n’ait pas fait de bêtise…

En termes de narration, Gone Home est très habile. L’histoire, c’est vous qui l’écrivez en comblant parfois les trous ou en anticipant les prochaines révélations. Si le début est plutôt mou, la suite vous fera vous presser pour découvrir le fin mot de l’histoire. Trois heures d’exploration tout au plus, ni trop ni trop peu par rapport à ce que le jeu veut vous faire vivre. Car il s’agit bien d’une expérience, très éloignée d’un contexte ludique.

Le plaisir de jeu au placard

En vue à la première personne, vous actionnez des lumières, ouvrez des armoires, lisez des notes et retournez des objets. Clic-clic-clic, rien que de l’ultra-basique en matière de jeu. Et même si l’orage et la musique pesante laissent suggérer que l’action arrive, n’espérez rien de cet ordre. La partie sera la même du début à la fin, les allusions fantastiques devenant même lassantes à la longue. Gone Home atteint ici sa limite : il ne plaira pas à tous les joueurs. Et même sa durée très courte ne le protège pas contre un effet de lassitude. Sinon comment expliquer que j’aie ressenti le besoin de séparer cette aventure éclair en deux sessions de jeu ?

Note

14/20

Gone Home réussit parfaitement son pari de raconter une histoire autrement. Le scénario est touchant et son développement a une originalité indéniable. L’argument est suffisant pour conseiller aux joueurs console de découvrir cette expérience issue du PC. Même si c’est trop court ou trop cher et surtout pas assez ludique.

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