Moto GP 14 : My Kingdom for Schwantz

Moto GP 14 : My Kingdom for Schwantz

Fin des années 80, un championnat sur deux roues historique, certains parlent de l’âge d’or de la vitesse moto, Kévin Schwantz roule pour Suzuki… Face à lui, les ténors de la catégorie 500 s’affrontent pour décrocher la mise. Wayne Rainey, Michaël Doohan, Eddy Lawson, Randy Mamola, … Tous illuminent les dimanches après-midi par leurs coups d’éclat sur les circuits du monde entier. Parallèlement à ces temps bénis de la discipline, des licences de jeux vidéo explosent et ravissent les plus petits. Dans les salles d’arcade, pendant que papa se régale de la rivalité entre ses idoles des circuits, les gamins se prennent pour l’une d’elles sur Super Hang-On ! Plus tard, c’est en chevauchant une des deux bécanes Sega dans MANX TT que l’illusion fonctionne encore parfaitement. À cette époque, le jeu de course se voulait fun, beau, sexy, agressif, virevoltant, délirant, et même technique.

Screenshot Moto GP 14 : Les circuits sont fidèlement modélisés.

Les circuits sont fidèlement modélisés.

Aujourd’hui, la crème de la crème suprême sur console est confiée à Moto GP 14. Avec ses licences officielles, sa mise en scène consciencieuse et solennelle, ce premier jeu de moto sur la machine japonaise dernier cri mise sur le réalisme. Ces promesses d’authenticité accouchent d’un titre horriblement complet. Les pilotes du monde entier se retrouvent sur les circuits officiels, les championnats respectent sans se méprendre la vie des circuits et votre carrière aura le même goût amer de la frustration que celui de l’ascension impossible et décevante d’un jeune fou lancé à 300 km/h dans une carrière de sportif en Moto GP.

Dans la catégorie prise en mains, votre moto vous rappellera que vous avez beau avoir votre permis voiture, voire même la licence la plus dorée sur Mario Kart, la moto, c’est autre chose. L’attaque de vos courbes et votre freinages feront les frais d’une maladresse que vous ne connaissiez pas encore en vous si, comme moi, vous n’aviez plus simulé le « deux roues » depuis quelques années. Pour les pros, cela risque de fonctionner mais j’évoque une logique qui ne m’appartient ni des lèvres, ni des dents (dans le guidon).

Screenshot Moto GP 14 : Les décors sont plutôt... vides

Les décors sont plutôt… vides

Pour ce qui est de la magnificence de l’esthétique promise par la PS4… euh… comment dire ? WTF ? En toute sincérité, j’ai beau aimé le retrogaming, les passages d’une pauvreté jamais plus atteinte dans les décors depuis Super Cycle sur Commodore 64, m’ont consterné pour un titre dernier cri. Pour le reste, la moto et votre pilote semblent aussi mobiles et animés que le cactus de ma grand-mère que je suis content de ne pas devoir arroser ! Non, sérieux quoi ! Un jeu fidèle à la réalité qui se veut une simulation pure et dure ne signifie pas un jeu où le fun a disparu.

En parlant de fun, venons-en à cette partie du gâteau. Comment envisager un exercice vidéoludique sans fun ? Le but avec ce genre de titre est-il uniquement de se projeter dans la réalité et de faire comme si on y était ? Si c’est cela, je me dis que les fans doivent être hyper frustrés de jouer avec une manette et des gâchettes car pour l’aspect immersif des manipulations, on repassera. Alors quel est l’intérêt d’une telle manœuvre ? Cela me donne plus l’impression d’un titre dont on a repris les mêmes rouages de l’édition précédente, pour ajouter un peu de condiment, sans vraiment prendre de risque sur les proportions de la recette qui n’avait pas trop mal marché les saisons précédentes. Pour la prise de risque, on verra l’année prochaine…

Screenshot Moto GP14 : Pas facile de se hisser au sommet sans une bonne bécane.

Pas facile de se hisser au sommet sans une bonne bécane.

Bref, vous l’aurez compris, je suis venu, j’ai vu, et j’ai pleuré. Ce Moto GP 14 représente toute une frange de l’évolution que je conchie dans le jeu vidéo moderne. En faisant fi de la jovialité du pilotage souple et instinctif au profit d’une simulation hyper-réaliste, en mettant son énergie dans des licences flatteuses mais en proposant des graphismes fadasses, ce Moto GP 14 inanimé ne plaira qu’aux puristes focalisés sur le réalisme. Dès lors, pour les autres joueurs lambda, la majorité des gamers soit dit en passant, Moto GP 14 devient un plaidoyer pour un retour aux sensations amusantes du pilotage telles qu’elles nous étaient livrées il y a vingt ans de cela, à l’époque où le champion du monde en titre se nommait Kévin Schwantz, un américain délirant qui a construit sa réputation sur son audace et ses coups de génies euphoriques, plutôt que la puissance de sa Suzuki…

Note

8/20

Un titre ennuyeux, qui ravira les « perfomers » à la recherche de la simulation la plus authentique possible. Pour les amateurs de vitesse, de couleurs et de sensations fortes, achetez un paquet de M&M’s.

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