Crysis 3: trop beau pour être vrai

Crysis 3: trop beau pour être vrai

Le nom de Crysis fait trembler les machines de jeu : son appétit pour la puissance technique a fait suer bien des cartes graphiques. Sur PC d’abord, où Crysis servait autant à amuser l’utilisateur qu’à tester sa configuration. Sur consoles ensuite, précisément sur Xbox 360 et PS3, où le titre de Crytek semblait vouloir prouver la supériorité de l’ordinateur personnel. Toujours plus gourmand, le FPS Crysis 3 et son moteur maison reviennent aujourd’hui pour faire tourner les processeurs à plein régime.

Précédemment dans Crysis

S’il est exigeant techniquement, Crysis 3 l’est beaucoup moins sur le plan narratif. Pour ceux qui, comme moi, n’auraient pas suivi le début de l’histoire, une vidéo sert à expliquer les événements antérieurs à la manière d’une série télé. Vous y apprenez que dans les années 2040, la Terre est en danger : une race extraterrestre, les Ceph, menace de coloniser notre planète. Les Ceph ont une nature intéressante : dépourvus de mémoire héréditaire, ils misent tout sur une surprenante capacité d’adaptation. Une fois débarqués sur la planète ciblée, ils parviennent ainsi à s’acclimater en un temps record et à mettre la misère aux autochtones.

vaisseauxLes humains sont donc en mauvaise posture et se dirigent vers leur extermination. Ils cherchent alors leur salut dans des techniques innovantes, telles que la « nano-combinaison », une armure intégrale qui octroie des capacités surnaturelles au soldat qui la porte. Vous êtes un soldat de ce type, présent depuis le premier Crysis. En vous sacrifiant pour la cause humaine, vous avez partagé votre patrimoine génétique avec celui des Ceph et êtes devenu une créature fascinante et dangereuse. Vous qui répondez désormais au nom de « Prophet » constituez une menace pour le Cell, une puissante organisation ultralibérale. Pour faire court, les membres du Cell sont des sales types qui affament la planète et exploitent la technologie Ceph pour arriver à leurs fins égoïstes. Bref, vous contrecarrez les plans du Cell avec votre prophétie macabre. En effet, vous prévoyez une attaque destructrice menée par l’Alpha Ceph, le boss des Ceph auquel vous êtes mystérieusement lié. Pour l’instant, votre problème majeur pour empêcher la tuerie réside dans votre état de prisonnier. Heureusement, votre pote Psycho vient vous délivrer.

Psycho, il est bien sympa de venir vous libérer, mais qu’est-ce qu’il est lourd ! Ses bavardages vulgaires et idiots pourrissent totalement l’ambiance qui n’est déjà pas folichonne. En duo avec votre gros naze d’équipier, vous parcourez des niveaux remplis d’événements scriptés et alourdis par des cinématiques dignes d’un gros nanar. On tombe souvent à la renverse en entendant les inepties débitées par les personnages ou en assistant aux scènes d’action téléguidées. Le mauvais goût étant omniprésent dans l’aventure, on se dit presque que l’absence totale de scénario aurait été préférable à cette catastrophe.

Predator vs troufions

assaut eauIgnorons donc l’enrobage et passons à l’action. Crysis 3 est un FPS avec vie auto-régénératrice qui oppose le joueur à des ennemis humains du Cell et à diverses espèces de Ceph, rapides et costauds. Comme dans Halo, vos aptitudes physiques et votre équipement vous donnent un avantage considérable, voire excessif. Moi qui suis plutôt gauche dans les FPS, je n’ai rencontré aucun problème pour arriver jusqu’au boss final. Pourtant, j’ai choisi un mode de difficulté élevé (l’avant-dernier) qui me promettait l’obligation d’exploiter toutes les particularités de ma nano-combinaison pour survivre. Puisque je préfère un peu de variété dans l’action, j’ai pris mon courage à deux mains et je vous conseille de faire pareil.

Un didacticiel nous présente les subtilités de notre combinaison et notamment les deux axes activables par les boutons de tranche. D’une part, l’armure octroie une résistance exceptionnelle aux balles et aux chocs divers. D’autre part, le camouflage nous rend invisible. Une jauge limite ces deux propriétés dans le temps, mais insuffisamment, tant son rechargement est rapide. L’aspect défensif du camouflage s’adapte parfaitement avec l’arc à flèches qui permet de « sniper » ennemi après ennemi sans perdre sa couverture. De nature offensive, le pouvoir d’armure s’associe, lui, naturellement avec la possibilité de faire une glissade.

FPS d’infiltration ?

Très plaisante en théorie, la dualité précitée souffre d’un grand déséquilibre. Il est tellement plus pratique d’opter pour la furtivité que la formule offensive est reléguée au second plan. En fin de compte, on utilise le pouvoir d’armure uniquement lorsque l’on envisage de faire un saut risqué. Le reste du temps, on se drape dans une sorte de cape d’invisibilité pour étudier la situation en ciblant les adversaires. Ensuite, on se cache pour recharger sa jauge, on refait surface sans être vu et on élimine tout le monde d’une flèche qui tue quasiment à tous les coups. Dans ces conditions, pourquoi se risquer à évoluer à visage découvert ?

arcAprès deux petites heures de jeu, la monotonie s’installe déjà… Et c’est bien dommage, car les sensations de tir sont excellentes. Si vous choisissez sciemment de corser les affrontements, vous découvrirez une vraie bonne jouabilité nerveuse. Mais là encore, l’IA des ennemis vient pourrir la donne. À quoi bon tenter de jouer précisément si vos adversaires font à peu près n’importe quoi ? Des soldats professionnels qui lancent des grenades sous leurs pieds et qui assistent rarement leurs frères d’armes, allez vous battre sérieusement contre ça ! La situation est légèrement meilleure avec les créatures extraterrestres, mais pas encore satisfaisante. En toute honnêteté, il y a quand même des moments mieux équilibrés où vous devez batailler plus intelligemment, notamment en piratant certaines unités adverses qui se retourneront contre leurs alliés.

Une clairière dans la jungle

Ces instants plus motivants qui arrivent bien tard dans l’aventure nous réveillent de notre torpeur de facilité et de répétitivité. Etonnant cinquième niveau (sur sept) qui montre enfin les possibilités du gameplay dans un décor très étendu avec un objectif éloigné. Après une phase intense et jouable à bord d’un véhicule, un vaste champ de bataille et une fuite entre les pattes d’un géant mettent finalement vos capacités à rude épreuve. On s’intéresse même soudain aux améliorations sélectionnables, promesse (en l’air) de combats tactiques. Comme par hasard, ce cinquième niveau génial est aussi celui qui est le mieux assuré sur le plan technique.

À trop vouloir en faire…

Revenons sur la performance technique dont Crysis est si fier depuis ses origines. Graphiquement, Crysis 3 est, comme ses prédécesseurs, magnifique. Sans aucun doute, le moteur Cry Engine 3 affiche ce qui se fait de mieux sur cette génération de consoles. Non pas que le design soit particulièrement joli, mais la qualité générale des graphismes relève du jamais vu. La plupart du temps, notre Prophet évolue dans de ravissants décors naturels qui nous changent agréablement des ambiances apocalyptiques. Les hautes herbes d’un New-York à la végétation débridée renforcent l’atmosphère Predator et cette sensation de chasse à l’air libre. La découverte de l’antre du monstre cachée dans une grotte laisse aussi d’excellents souvenirs oppressants. Seuls les couloirs de la base du Cell sont moins impressionnants.

buggy

Hélas, cette débauche a un prix, celui de la fluidité. Bien trop souvent, le moteur rame perceptiblement sur Xbox 360 et rend certains choix agaçants. En effet, la fluidité perd pied systématiquement quand le jeu abuse d’effets. Ainsi, la pluie du premier stage, de surcroît pas très jolie, ramollit énormément l’action. Qu’on nous enlève tous ces effets s’ils sont contre-productifs ! Ou qu’on les réserve au PC, probablement mieux armé pour gérer la surcharge technique. À ce propos, écoutons les impressions de Shortcut qui a joué à Crysis 3 sur PC.

Crysis 3 PC : le benchmark version 2013 par ShortCuT

Sur PC, Crysis a une solide réputation de jeu exigeant, à tel point qu’on l’utilise depuis longtemps pour évaluer la ténacité de sa machine. Cette troisième mouture du Cry Engine permet d’afficher le jeu dans un habillage spectaculaire. Les innovations du moteur 3D couplées aux possibilités du DirectX 11 proposent un rendu magnifique parsemé d’effets saisissants : la pluie, les explosions, les armes à feu et la fumée  bénéficient d’un niveau de détail jamais égalé. L’immense champ de vision vous promènera dans des jungles gigantesques tellement détaillées que vous y observerez à la fois les brins d’herbe qui bougent et les immeubles de villes situées à plusieurs kilomètres. Les innombrables effets de lumières et de reflets en HDR associés à des textures réalistes, notamment dans les expressions faciales et la peau, contribuent à vous en mettre plein les yeux. Crysis continue donc de s’imposer comme vitrine technologique afin de vous faire découvrir le jeu vidéo de demain.

Admirez tout ça dans cette petite vidéo reprenant les effets présents dans Crysis 3. 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=JWvgETOo5ek[/youtube]

La chasse, c’est mieux à plusieurs.

fusil alien La campagne solo peu emballante se termine en une poignée d’heures. Evidemment, comme dans tout bon FPS qui se respecte, la fin de l’histoire n’est pas encore le moment de ranger la boîte dans le placard. Loin de là même, puisque le volet multijoueur est riche et finalement plus réussi que la partie solo, en partie parce que l’IA déficiente n’y est plus un problème. Les modes de jeu sont nombreux : match en équipe et lutte à mort en solitaire, avec ou sans nano-combinaison, sécurisation de zones, etc. La partie de cache-cache entre chasseurs Ceph et soldats Cell est également très intéressante. Dans le camp des Ceph, vous êtes invisible et vous chassez les adversaires. Dans l’équipe Cell, vous essayez de survivre aux redoutables Ceph pendant deux minutes. Ce type de partie multijoueur offre aussi le plaisir de parcourir de belles cartes, avec de nombreux recoins pour se planquer. Il met également en exergue le rôle du commentateur qui rappelle l’existence d’une bande son, laquelle passait inaperçue jusque là.

La conclusion subjective de spacecowboy

Nanocombinaison

Il serait facile de taper sur Crysis 3 pour plusieurs raisons, en premier lieu la qualité exécrable de l’écriture qui nuit gravement à l’expérience de jeu. Néanmoins, à l’issue de l’aventure solo, on retient plusieurs points positifs qui s’expriment pleinement dans les modes multijoueur. En conclusion, l’appréciation finale dépendra fortement de votre penchant pour le jeu en ligne qui est, lui, pratiquement irréprochable.

[youtube]jAirYb1PJ3s[/youtube]

 

 

spacecowboy

Merci à Vega pour la relecture.

Réactions

  • Vega le 15/03/2013

    Merci pour ce test sans langue de boit et très agréable à lire. La démo était tellement apéritive qu’il fallait bien que quelque chose cloche… mdr! Sérieusement, comme tu dis, C’est beau, très beau, le concept Predator like et l’arc High Tech ont tout pour plaire… Malheureusement, après la séduction, il faut encore assumer 😉 … Crysis 3, histoire d’une petite allumeuse… 😉

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