Anarchy Reigns

Anarchy Reigns

C’est l’histoire d’un mec. Un gros dur aux bras épais comme un baobab, une tronçonneuse lui remplaçant une main, une chaîne lui entourant l’autre avant-bras (avec des clous bien entendu) et des lunettes oranges sur le front. Un barreau de chaise en guise de cigare, qu’il hésite constamment à allumer en mémoire de sa fille de 6 ans tuée par le méchant du coin.

Ca vous semble bateau comme héros ? N’essayez même pas de choisir le côté « Light Side » où un protagoniste fin, rapide et agile maniera deux épées comme trouzemille clones de samurais l’ont fait avant lui. Et pourtant…

Anarchy Reigns (9)Platinum Games est une excellente société. Ses programmeurs ont du talent, leur style graphique bien tranché fait indubitablement penser aux jeux d’arcade de Sega ; ils ont certainement un menu à la cantine réservé aux amateurs de champignons hallucinogènes et autres substances psychotropes. Ils ne cultivent pas l’art du scénario (qui se souvient de celui de Vanquish ?) mais NOM DE DIEU ILS SAVENT FAIRE DES JEUX D’ACTION ! Bayonetta est une réelle perle de gameplay, imposant au joueur un timing de combos aussi strict qu’un jeu de baston. Vanquish est une perle de jeu nerveux et démesuré aux slides jouissifs et aux boss plus grands que des HLM de banlieue. MadWorld sur Wii a montré au monde entier que la consone de Big N était aussi capable de faire de vrais softs matures, en noir, blanc et rouge sang.

Mais il y a deux choses que Platinum Games n’arrive pas à faire : un logo sexy et un scénario intéressant. Coupons court, ce n’est pas cette fois qu’on s’intéressera aux délires de notre héros « Dark Side », bourré de clichés (la petite fille qui reprend la balle des mains de Jack dans le parc et qui ne pousse que des gémissements pour s’exprimer, au secours…). Les doublages vont du risible (la voix du mac black est hallucinante, la réserve d’hélium s’est vidée en un shoot les mecs ?) au pitoyable quand on voit que le lipsync est aux fraises. Et pas des petites fraises des bois, non, des grosses bien gonflées à l’eau et sans aucun goût !

Anarchy Reigns (11)Faisons fi toutefois du flacon : il existe de bien vilaines bouteilles qui cachent un breuvage divin (traduction pour les liégeois du fond : « si l’sauce n’goûte né l’lapin, el’boulet peut ‘iess goûtu quand-même, bourriquet ! »). Dommage que le flacon ici ait également le goulot étroit et que son bouchon tombe en miettes quand on tente d’ouvrir la bouteille.

La première impression est pourtant assez forte : la bande-son (assurément le gros point fort du jeu, pour peu que vous soyez un peu équipé en sono qui envoie des basses) vous met dans l’ambiance, les héros ont de grosses burnes et des flingues énormes, ou des seins qui défient la gravité, c’est selon. Malheureusement pour ShortCut, on ne peut malheureusement pas avoir les deux en même temps, désolé. Le tutorial est accessible avant de distribuer vos premières mandales. Il reste optionnel (enfin !) même s’il est assez chaudement recommandé. La première partie vous met tout de suite dans l’ambiance : les ennemis rencontrés font penser à « Nine Toes », le boss initial emblématique de Borderlands, …  dotés de leur masque à gaz, torse nu et une sorte de « slip de fer » qui leur sert d’armure +5 aux perforations rectales.

Anarchy Reigns (3)Et là, le sourire commence tout doucement à se transformer en rictus. Le souci majeur vient du côté brouillon qui vous accompagnera tout au long du jeu : on débute dans une ville complètement démolie, une flopée de minions vous assaillent (et ils prennent bien cher au passage, les pauvres) et tout à coup, un MOTHERFUCKING AMERICAN TRUCK sorti des flammes de l’enfer vient renverser tout le monde ! J’ai rêvé ou quoi ? Ah tiens, maintenant c’est un gaz mortel qui envahit la zone. Bon, on va se planquer car je vois une armada d’avions de l’armée qui vient bombarder le bled. Une lumière verte au loin signifiera qu’une mission est disponible. Là réside tout le cœur du jeu solo : des missions répétables à l’envi vous permettent d’engranger des points pour accéder à cellesqui font avancer le scénario. Complètement barrées, ces épreuves sont un vrai n’importe-quoi : course de chars avec un lance-flamme, dézingage d’ennemis à la file, mettre une rouste à un énorme mac black aux poings enflammés, à la barbe zébrée et au manteau en léopard sans manches, … On sent que la case « lâchez-vous » était bien remplie dans le questionnaire des créatifs lors des meetings de préprod’.

Anarchy Reigns (4)Le premier boss est d’ailleurs un énorme minotaure en armure qui vous prendra sous son aile après s’être fait déculotter. Le second niveau arrive assez vite, et on enchaîne les séances d’arènes en se demandant où on met les pieds. Jack, le héros de Madworld m’a rappelé le jeu d’où il était tiré : un excellent défouloir, mais tellement « bordélire » (un mélange de bordélique et de délire, ce sera le mot du jour) que j’ai fini par le laisser tomber, ne m’attachant pas au scénario et étant lassé par le gameplay.

Et tous ces gimmicks n’aident pas : les japonais n’ont pas d’arbres, ils mettent donc leurs tronçonneuses sur les bras de leurs héros. Ils n’ont plus de duels au sabre, ils vont en intégrer dans toutes les articulations du héros. Ils n’ont pas de champs pour mettre leurs vaches, ils vous imaginent un boss taureau en armure à vapeur. Seriously, dudes… A croire que tous les clichés « japoniais » (et hop le second mot du jour) sont repris en un seul jeu.

Anarchy Reigns (5)J’allais condamner le titre à une note misérable avant de tenter une option relativement peu intéressante de premier abord : le multijoueur. Je pensais avoir trouvé l’essence même du produit. Il est clair que la partie solo ne constitue qu’un énorme tutoriel, qui permet également de débloquer des talents, des persos cachés et quelques bonus. On voit que Platinum Games a pensé son jeu pour le online : personnalisation de son avatar, de ses coups spéciaux, de ses couleurs, le choix permet de jouer comme on le sent. Malheureusement, la sauce ne prend pas, et les raisons sont multiples pour expliquer cet échec :

Passons outre les textures disgracieuses pour nous concentrer sur le sentiment général : WHAT. THE. FUCK. Je tente une partie multi rapide en mode classement : hop, éjecté de la 1ère salle d’attente. Pas grave, je relance : nouvelle éjection. C’est le Dieu des VHS qui se venge de ses petites copines qui ont été éjectées trop violemment des magnétoscopes quand j’étais gosse, ou c’est juste une impression ? La 3ème tentative sera la bonne. Quelle petite coquine, pour un matchmaking équilibré, la console trouve intéressant d’opposer mon perso niveau 1 contre des joueurs niveaux 35, 38 et 50. La première partie commence, et ce qui peut être gênant en solo devient réellement rageant en multi : on ne voit rien, le FOV (field of view, champ de vision) est aussi étroit que (insérer ici une blague salace PEGI 18) et la caméra colle au cul autant que (blague salace #2). L’esquive ne sert à rien, la garde ne vaut pas une clopinette, et les coups semblent avoir une priorité à géométrie variable. La choppe est très sympa niveau dégâts, mais peut-être un peu trop. Autre subtilité : les noms de tous les joueurs s’affichaient en vert lors de mes parties. Et vu qu’on peut changer la couleur d’apparence de son personnage, il était quasiment impossible de distinguer sur qui on frappe, ami ou ennemi. Du coup, on tape sur tout le monde « juste au cas où ».

Anarchy Reigns (10)Vous pensez avoir appréhendé le rythme, et soudain débarque de nulle part un immense vaisseau spatial nommé Cthulhu qui vous lancera ses sbires aux trousses pour pimenter la baston . Cela pourrait tout aussi bien être un énorme trou noir qui viendrait vous chatouiller les molécules, ou encore un autre élément valant une perte de points de santé mentale à ses créateurs. Vous êtes mort sans trop savoir pourquoi, ou simplement parce que vous n’avez pas pu vous relever entre deux combos de l’ennemi enchaînés? Pas grave, vous avez une chance sur deux de respawner à un endroit désert de l’arène, vous demandant où sont les autres joueurs.

La partie se termine, je tente pendant 15 minutes d’en relancer une, qui s’avèrera encore plus bordélique que la précédente. Et ça a été comme ça à chaque essai : on pense qu’on commence à prendre du plaisir, et ça se transforme en punition. Quand la jouissance de jouer devient de l’énervement, c’est qu’il est temps de passer à autre chose, ce que je me suis empressé de faire. Inutile de vous laisser languir plus longtemps, son petit prix ne pourra contenter que ceux qui collectionnent tous les jeux de Platinum Games, ou à la limite, qui veulent faire un achat de soutien envers le génial éditeur.

Espérons qu’ils se reprennent pour leur prochain jeu, j’ai tellement d’attentes et d’affection pour ce studio que je m’en voudrais qu’ils se tirent une balle dans le pied à cause d’une seule erreur. Quant à vous, je ne pourrai que vous conseiller d’essayer la démo avant de passer à la caisse. Finalement, ce jeu porte peut-être bien son nom ?

 Merci à Vega pour la correction.

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