Hitman Absolution : Recherche Hit-Girl désespérément

Hitman Absolution : Recherche Hit-Girl désespérément

En costard cravate ou affublé d’un déguisement quelconque, 47 a toujours la classe. Mais prenez garde, sa démarche décidée et son visage impassible sont synonymes de grand danger ; là où il passe, les cibles trépassent. Et pas la peine de vous calfeutrer chez vous : si 47 a reçu l’ordre de vous supprimer, il vous trouvera tôt ou tard en usant de toutes les techniques de l’infiltration.

C’est l’histoire d’un nombre

On a beau être un pro de l’assassinat, on peut quand même avoir des sentiments. Certains ordres de mission parviennent ainsi à perturber jusqu’au plus endurci des tueurs à gages. Si si, le cerveau qu’abrite ce célèbre crâne rasé et code-barré a aussi ses états d’âme. Toutefois, il en faut plus pour empêcher un professionnel comme lui d’accomplir son devoir, même si cela implique d’éliminer un ancien collègue…

La première cible à liquider dans Hitman Absolution est donc une vieille connaissance de 47. Amuse-gueule avant les choses sérieuses, cette mission fait office de tutoriel et de rampe de lancement pour le véritable objectif du jeu : protéger une jeune fille en détresse que nous appellerons naturellement Hit-Girl. Chers parents, pour le bien-être de votre progéniture, sachez tout de même que la nounou 47 a une conception plutôt brutale du baby-sitting.

La première mission sert à vous familiariser avec le système de jeu et à vous apprendre les rudiments de l’infiltration. Muni d’une corde à piano pour étrangler discrètement les gêneurs et de deux pistolets avec silencieux – ses silver ballers fétiches – 47 est en position de force pour ses débuts dans l’aventure. Un avantage qu’il perdra rapidement en même temps que sa panoplie de tueur à gages. Il sera alors contraint d’explorer les environnements afin de tirer profit de tout ce qui l’entoure.

Un niveau de Hitman Absolution commence toujours de la même manière : 47 arrive dans un endroit, plus ou moins vaste selon les niveaux, il connaît l’objectif de sa mission (généralement, tuer une cible) et il doit trouver le moyen de parvenir à ses fins. À vous de scruter les environs et d’évaluer les possibilités qui s’offrent à vous. Passer par l’arrière d’un bâtiment et provoquer, ni vu ni connu, un « accident » malencontreux. Électrifier une grille que votre cible aura peut-être le malheur d’ouvrir. Ou encore vous mettre à la place d’une strip-teaseuse pour la toute dernière lap dance de votre cible.

Chaque niveau a ses particularités dont vous pouvez profiter pour faire votre job. Toutefois, il vous arrivera souvent d’employer de bonnes vieilles techniques éprouvées : lancer une bouteille à côté d’un garde pour détourner son attention, vous faufiler derrière lui à pas de loup, pénétrer dans un conduit d’aération pour vous rapprocher de votre but, surgir de l’ombre dans le dos de votre cible et lui tordre gentiment le cou, sans oublier évidemment de ranger son cadavre dans l’armoire pour ne pas éveiller les soupçons des gardes. Malheureusement, tout n’est pas toujours aussi facile, et vous devez souvent renoncer à votre désir de furtivité pour traverser des pièces bondées. Quoi de mieux alors qu’un beau déguisement pour passer inaperçu ?

Au bal masqué, ohé ohé

Des déguisements, ça se trouve facilement de nos jours. On n’a pas idée du nombre de personnes qui laissent traîner leurs vêtements n’importe où. Une simple pression sur un bouton et 47 se transforme en cuisinier, en coiffeur ou en laborantin. S’il ne trouve pas le costume qui lui sied, 47 peut aussi bastonner un agent de police, par exemple, et revêtir cet uniforme si pratique en société. Avec son déguisement, 47 n’est pas repéré par le commun des mortels. Manque de bol, les personnages portant le même costume que lui remarquent vite que ce crâne chauve n’appartient pas à un collègue et vous démasquent en moins de deux. Il s’agit donc d’éviter le regard de vos « collègues » et de se fondre dans la masse, dans la foule.

Colore la foule…

Les scènes de foule sont les plus réussies du jeu. Elles placent 47 dans la cohue bigarrée de Chinatown, d’une gare ou d’un match de boxe, et lui offrent la possibilité de se cacher parmi les gens normaux. S’il se tient au milieu d’un groupe, personne ne remarque sa présence, et 47 peut examiner les lieux à son aise et préméditer son crime. On s’amuse alors beaucoup à réfléchir comme un agent secret méthodique et à planifier nos futures actions. Tiens, le dernier étage de cet immeuble offre de belles perspectives pour un sniper ; hop, on emmène 47 suivre un autre groupe de personnes pour aller admirer la vue là-haut. Mais gare à vous si vous n’êtes pas assez prudent, car il y aura toujours quelqu’un pour vous démasquer. Quelqu’un dont il faudra se débarrasser…

Lorsque vous êtes repéré, vous pouvez soit fuir à toutes jambes, soit feindre de vous rendre pour mieux maîtriser votre adversaire, soit sortir votre arme et faire le ménage autour de vous. Cette dernière solution est à envisager en tout dernier recours, car elle retire à 47 l’avantage de la surprise et le met donc sur un pied d’égalité avec ses ennemis. Malgré un système de couverture efficace, tirer dans le tas vous rapproche souvent de votre dernier souffle et du retour au point de contrôle précédent. En n’étant pas trop punitif sur cet aspect, Hitman Absolution incite le joueur à expérimenter des techniques hasardeuses sans craindre un retour à la case départ trop éloigné. En toute quiétude, vous pouvez donc identifier les nombreux plans envisageables et les mettre en œuvre au cours d’une prochaine partie. Ces différentes approches assurent une excellente « rejouabilité ». Et si vous vous sentez d’attaque, montez donc le niveau de difficulté.

Prends-toi z’en mains, c’est ton instinct

Cinq degrés de difficulté et autant de systèmes d’aide. Le niveau le plus élevé vous enlève même toute assistance pour un réalisme à réserver aux fans d’infiltration pure et dure. Tous les autres niveaux de difficulté vous mâchent le travail à des degrés différents, notamment avec ce que les développeurs appellent « l’instinct » de 47. À tout moment, 47 peut y recourir pour visualiser les gardes derrière un mur, pour suivre la trace de la cible, pour faire apparaître les objets dignes d’intérêt, ou encore pour ralentir le temps et marquer vos adversaires et leur tête de préférence. En donnant des pouvoirs de détection surnaturels à son héros, IO Interactive prend ici le risque de choquer les puristes. La volonté du développeur est évidemment de rendre l’expérience plus accessible aux joueurs moins doués ou moins patients, et l’on salue cette ouverture au grand public qui ne gâche pas le plaisir des plus habiles qui joueront, eux, au seul mode de difficulté correspondant à leurs exigences. Et puis, il y a toujours le scoring.

À la fin de chaque niveau, votre prestation est évaluée en détail. Vous avez été surpris par un garde ? On vous enlève mille points. Vous avez fait des victimes inutiles ? Encore cinq mille points en moins ? Vous avez abattu votre cible discrètement et vous l’avez rangée soigneusement dans un placard ? On vous ajoute trente mille points. Vous avez accompli votre mission sans que personne ne s’en aperçoive (sauf le mort, bien entendu), vous méritez le grade suprême d’assassin silencieux ! Vos moindres faits et gestes sont ainsi disséqués et digérés dans un grade et un score que vous pouvez comparer avec les joueurs du monde entier. De manière fort sympathique, les classements en ligne vous indiquent aussi la moyenne de votre pays et rangent les États selon cette moyenne. Forza Belgium !

Colore mes veines

Hitman Absolution utilise le nouveau moteur maison qui porte le nom de « Glacier 2 ». Ne tournons pas autour du pot, ce moteur est très performant et conjugue qualité graphique avec fluidité exemplaire. Hélas, en pleine partie, on a rarement le temps d’admirer le travail des graphistes. Néanmoins, à l’entrée d’une nouvelle zone, on peut contempler les jolis décors aux couleurs saturées. L’ambiance générale rappelle un peu celle de Max Payne 3, ce qui est très flatteur dans la bouche du présent testeur. Les musiques, quant à elles, n’atteignent pas la même qualité que dans le titre de Rockstar. Inutilement pompeuses dans la première partie du jeu, elles se détendent heureusement dans la deuxième partie. Ce changement d’atmosphère musicale est à l’image du ton global qui, dans un deuxième temps, se prend moins au sérieux et se permet parfois de petites touches d’humour. Avant le retour à la gravité pour la troisième et dernière partie.

Créativité meurtrière

L’infiltration n’est pas une nouveauté dans le jeu vidéo, mais son traitement dans Hitman Absolution a le mérite de l’inscrire dans un contexte très vivant. Approchez-vous des PNJ et écoutez leurs conversations, vous comprendrez le soin qui a été apporté à tout ce petit monde. Cette sensation de monde réaliste montre néanmoins ses rares limites lorsque le joueur se heurte à un mur invisible ou que 47 s’approche à quelques millimètres de sa cible sans qu’elle le remarque. Par ailleurs, répétons-le, les scènes de foule sont une excellente idée, que le moteur du jeu met en œuvre avec une perte de fluidité raisonnable (sur notre version Xbox 360).

Parallèlement à l’histoire principale, Hitman Absolution a le bon goût de ne pas proposer un mode multijoueur trop éloigné du concept initial. Et pour pallier ce « manque », il y a le mode Contrats qui vous permet de créer vos propres missions. À partir d’une scène du mode histoire, vous pouvez concocter votre mission selon vos envies en identifiant la ou les cibles à éliminer, le procédé à utiliser de préférence et la sortie à emprunter. Au lieu d’utiliser un outil de création aride, le mode Contrats vous place simplement dans la situation de jeu standard et enregistre tout ce que vous faites. Aux autres joueurs de reproduire vos actes le plus fidèlement possible s’ils veulent obtenir le plus gros score. La mise en ligne se fait automatiquement et ajoute votre mission à celles des autres joueurs. Les possibilités de création étant innombrables, ce mode Création pourra vous occuper aussi longtemps que vous le souhaitez.

Influences

Outre la similitude graphique avec Max Payne 3, on sent aussi l’influence de Batman Arkham Asylum. 47 marque ses cibles comme Bruce Wayne le fait avec ses batarangs, voit ses ennemis à travers les murs, rampe dans des conduits d’aération et surveille du haut d’un pilastre les allées et venues de ses ennemis. Moins frappant, dans la deuxième partie du jeu, les cinématiques (bien réalisées au demeurant) adoptent un style qui rappelle celui de la série True Blood.

La conclusion subjective de spacecowboy

Pour autant que l’on accroche au concept de l’infiltration, Hitman Absolution procure un grand plaisir de jeu, ainsi que de grands moments de satisfaction personnelle. Pas clairement dirigiste ni vraiment bac à sable, la formule propose des possibilités motivantes sans perdre le joueur moins à l’aise dans l’exploration. En jouant la carte de l’assistance (facultative), le titre d’IO Interactive s’adresse à tous les joueurs et leur propose des défis adaptés à leur habileté et à leur implication. De cette manière, Hitman Absolution prouve que l’accessibilité n’est pas l’ennemi de la profondeur.

Maniabilité : 4/5

La plupart du temps, on dirige 47 sans accroc. Cependant, il arrive parfois, au pire moment, que l’on cafouille pour choisir la bonne arme.

Technique : 4/5

Une sobriété élégante au service du gameplay. Une qualité technique de haut niveau sans tape-à-l’œil, et une fluidité rarement prise en défaut. Les musiques trop sentencieuses du début sont moins inspirées.

Originalité : 3/5

La formule de l’infiltration n’est pas très originale, mais le mode Contrats apporte une bonne dose de créativité.

Durée de vie : 4,5/5

L’aventure est déjà bien longue lors du premier parcours, et la possibilité de rejouer chaque niveau pour tenter une autre approche augmente encore la durée de vie. On ajoute enfin le mode Contrats et on s’approche de la perfection dans ce domaine.

Scénario : 3/5

Sans être mauvais, le scénario n’est guère passionnant. En revanche, la variété  des PNJ est impressionnante, et l’on écoute leurs petites conversations avec plaisir.

Online : 3/5

Pas de mode multi à proprement parler, à l’exception des « Contrats » qui constituent des défis multijoueur. Toutes vos prestations étant notées, la compét’ des classements en ligne est très motivante pour vous et votre pays.

Note : 4/5

À la fois, accessible et pointu, Hitman Absolution plaira à tout type de joueur.

Réactions

  • franqui le 19/11/2012

    Joli test vraiment,

    Ca fait un bail, que j’ai plus jouer a un Hitman, c’est peut etre le moment !
    La ca donne envie !

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  • Wil2000 le 19/11/2012

    Le truc que j’ai toujours trouvé génial dans les Hitman, c’est que le tueur a exactement la même taille de vêtements que toutes ses victimes, c’est quand-même pratique non? 😉
    Sinon les vidéos que j’en ai vu (ainsi que la preview à la convention Microsoft) font méchamment envie, c’est carrément magnifique et ça donne plein d’idées créativement meurtrières ^^

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  • vega le 19/11/2012

    Superbe test! Une plume au service d’un titre tout aussi inspiré, ça donne clairement envie! Je n’ai jamais testé un seul Hitman, je pense qu’il y aura un avant et un après 19.11.12 😉
    Merci

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  • Lionheart_mike le 19/11/2012

    Voilà qui me semble être une agréable surprise, j’ai toujours été fan de l’agent 47. Les opus précédents apportaient à la furtivité ce qu’un Splinter Cell ou un MGS ne pouvait pas apporter.

    Merci pour le test !

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  • Nico le 19/11/2012

    Superbe test, l’auteur devrait en faire beaucoup plus! 😉

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  • spacecowboy le 20/11/2012

    Merci pour vos commentaires, c’est très encourageant !

    @Wil2000 En effet, les vêtements dans Hitman sont tous en taille unique. Et les PNJ ont presque tous la même corpulence.

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