Dans le cadre de ce Rétrovirus, je vous propose de découvrir avec moi un grand jeu du passé, avec les yeux, les oreilles et surtout les mains d’un joueur de nos jours.

Le jeu en question vous place dans les rollers d’un taggeur, membre du clan des GG à Tokyo. Ce jeu, c’est Jet Set Radio ou plutôt « Jet Set Radiooooooooooo » comme le hurle le présentateur de la radio éponyme. Montons le son et embarquons dans ce jeu qui vient d’être réédité en version haute définition et dématérialisée sur Xbox 360 et PS3, et bientôt sur PC et Playstation Vita.

Jet Set Radio vous met dans la peau d’un taggeur rebelle et particulièrement agile. Déposé dans un quartier de la ville, vous devrez réaliser des graffitis à des endroits bien précis, indiqués à l’écran par des flèches rouges. Après avoir attrapé des bombes de peinture sur le parcours, vous pourrez tagger les murs à coups de QTE assez simples. Si vous réussissez à terminer la quinzaine de tags requis par niveau dans le temps imparti, vous passez à la séquence suivante. Simple, non ?

Non, pas simple, mais alors pas simple du tout. Pourquoi ? Parce que vos tags exaspèrent les responsables de la ville qui vous pourchassent en envoyant des hordes de policiers à vos trousses. Balles à blanc, gaz lacrymogènes, coups de matraque… les forces de police utilisent tous les moyens pour vous freiner dans votre art urbain, voire pour vous arrêter net. Votre personnage dispose, en effet, d’une barre de vie qui se vide à chaque intervention musclée de la police, lorsque vous chutez d’une hauteur vertigineuse ou encore si vous heurtez un véhicule en mouvement. Lorsque votre barre de vie est épuisée, la partie est finie et vous n’avez plus qu’à recommencer le niveau, et à le recommencer encore et encore jusqu’à en connaître les moindres recoins.

L’effort de mémorisation est un élément de jeu qui a pratiquement disparu de nos jours, au point de devenir un vrai tabou de game design. Et les joueurs ont perdu l’habitude de faire appel à leur mémoire. Avec Jet Set Radio, il sera pourtant indispensable de reprendre cette habitude, sous peine de ne pas dépasser les premiers niveaux du jeu. Très vite, Jet Set Radio vous obligera à préparer votre parcours et à patiner au plus vite pour rester dans les temps.

La présence de ce chrono exigeant incite constamment le joueur à prendre de la vitesse. Pour ce faire, il faudra quitter le plancher des vaches pour sauter sur tout élément du décor praticable. Après quelques minutes de jeu, votre regard se dirigera naturellement vers les rambardes, les rampes et les murs sur lesquels il est possible de s’appuyer. Rarement, l’environnement d’un jeu aura été aussi bien exploité, et l’on redécouvre encore aujourd’hui qu’un terrain de jeu peut être bien plus qu’un décor destructible.

Échapper à un policier en glissant sur une rampe d’escalier, sauter de cette rampe en faisant un salto pour atteindre la paroi d’en face, rebondir sur cette paroi pour retomber sur une glissière et enfin réaliser son graffiti à pleine vitesse: voilà ce que l’on est capable de faire avec un peu de pratique. Jouissif et gratifiant ! D’ailleurs, le jeu vous encourage à réaliser les acrobaties les plus folles en vous octroyant des points supplémentaires qui seront additionnés pour vous attribuer une note à la fin du niveau. Atteindre le niveau le plus élevé n’est pas à la portée du premier venu, du moins lors de son coup d’essai.

Au fil du jeu, vous débloquerez toujours plus de personnages aux caractéristiques spécifiques, plus ou moins adaptées aux différents parcours. Rien n’étant offert dans Jet Set Radio, il vous faudra d’abord battre ces personnages à la course ou reproduire leurs acrobaties pour les voir rejoindre votre clan. Ces phases de duel amusantes et parfois corsées apportent une variété bienvenue, tout comme les niveaux dans lesquels il faut poursuivre les membres d’un clan adverse pour les tagger dans le dos.

Vous l’avez compris, Jet Set Radio propose un gameplay qui ravira et dépaysera les joueurs d’aujourd’hui. Mais ne risque-t-il pas de les décevoir sur le plan graphique ? Il est vrai que le jeu de Sega date de l’époque Dreamcast, de 2000 pour être précis. Joli, voire superbe à sa sortie, Jet Set Radio reste agréable à l’oeil, principalement grâce à la technique du cell-shading qui cache les rides graphiques. Dans sa nouvelle version HD, il ne choquera pas les plus technophiles, sauf peut-être lorsqu’ils apercevront certains ennemis un peu bruts (mais tellement classe !).

Terminons en précisant que Jet Set Radio, ça se joue, ça se regarde, mais surtout ça s’écoute. Des menus aux niveaux, les musiques sensationnelles apportent une fraîcheur inouïe à un jeu déjà bien barré en soi. Hip-hop, électro et rock se conjuguent pour donner l’une des meilleures bandes son du jeu vidéo. Rien que ça !

Si vous n’avez pas connu Jet Set Radio à sa sortie sur Dreamcast, j’espère vous avoir donné envie de lui donner sa chance aujourd’hui. Et si vous étiez déjà un amateur de la mouture originale, vous prendrez sans doute beaucoup de plaisir à retrouver vos potes taggeurs sur vos consoles actuelles. Les graphismes retravaillés, la caméra libre et les classements en ligne suffiront déjà à vous faire sortir les rollers du placard. Pour moins de dix euros, à vous le plaisir de la glisse sur des musiques détonantes !

À bientôt pour une nouvelle découverte anachronique,

spacecowboy