Lego Horizon Adventures

Lego Horizon Adventures

Encore un jeu Horizon, un ! Et cette fois-ci, ce n’est nullement un remaster, une suite ou encore un jeu VR mais bien un jeu Lego ! Et force est de l’avouer, celle-là, on ne s’y attendait pas trop.

Lego, c’est quand même une des séries de jeux les plus prolifiques quand on y pense. Après les jeux sur des films populaires comme le Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou Jurassic Park, les comics avec Marvel et DC, ou encore leurs univers propres tels que Ninjago ou Lego City, il est néanmoins rare que Lego adapte un jeu vidéo. Ce n’est en vérité que la seconde fois – si ma mémoire est bonne – que cela arrive après le DLC Portal issu du jeu Lego Dimensions, jeu qui faisait la part belle au « jouet vidéo » mêlant les figurines physiques (avec une puce NFC dans leur socle) et la retranscription de ces figurines dans le jeu. Chell et son portal-gun n’eurent malheureusement droit qu’à une courte aventure tandis qu’ici, c’est la promesse de l’adaptation pleine et entière de l’univers d’Aloy qui est faite. Ou l’est-elle vraiment ?

Lego change ici un peu sa formule et essaye de se réinventer pour proposer « Lego Horizon Adventures ». Au lieu du studio habituel Traveller’s Tales, ce nouveau jeu Lego est développé par Guerrilla Games et le studio Gobo. Cette information sera importante pour la suite, vous verrez.

Alors, mes petits survivants du post-post-apo, prêts à partir à l’aventure ?

Suivez les flèches

Dans ce nouveau volet, nous repartons sur les prémices des aventures d’Aloy et de la découverte des origines. Je vais, comme pour le test de la version Remastered, éviter de vous spoiler comme le sale type que je pourrais être, mais l’histoire se retrouve ici profondément transformée. Jeune public oblige, le côté assez dramatique de l’histoire d’Aloy, ses origines, la disparition de certains personnages ou les motivations d’autres sont ici soit supprimés, soit adoucis. La secte Eclypse (les grands méchants) devient une bande de « fanatiques » et Hadès, l’IA issue du système de terraformation qui est parti en vrille, devient juste une « ombre menaçante ».


La quête d’Aloy sera pour le coup réduite strictement à « Qui est maman ? » et « Mettre fin aux agissements des fanatiques ». C’est en vérité un raccourci assez violent dans l’histoire originale : on prend le postulat de base, on retire tout ce qui se passe entre l’intro et la fin d’Horizon, et voilà !

L’aventure va se dérouler principalement au Coeur de la Mère, village/capitale de la tribu des Noras. Ce village subira malheureusement de gros dégâts suite à une attaque des Fanatiques et il vous faudra le reconstruire en avançant dans l’histoire. Par ailleurs, ce petit nid à Noras sera le hub principal où vous pourrez trouver de quoi changer de tenue, débloquer de nouvelles compétences ou encore effectuer de petites tâches annexes grâce au tableau communautaire.


Ce hub servira aussi à lancer les missions histoire. Au total, vous aurez à visiter 4 zones différentes – les plaines, la montagne, la forêt et le désert – pour accomplir la tâche qui vous incombe. Chaque zone représente 6 missions en mode couloir dont vous devrez venir à bout. Chacun de ces couloirs reproduit le même pattern, c’est-à-dire une zone calme et légèrement explorable, une zone un peu plus ouverte avec des ennemis à vaincre, un couloir, un vendeur ambulant (mais qui, en vérité, vous donne les trucs, sympa), un couloir, et la zone finale qui est l’objectif de la mission en cours ou un boss. Cela manque un peu d’originalité, on doit vous l’avouer. La répétitivité de ce type de gameplay se fait vite sentir.


À propos du gameplay, parlons-en un peu. Jeu Horizon oblige, nous retrouvons Aloy avec son fidèle arc à flèches. Avec ce dernier, vous pourrez tirer des flèches rapides à petite distance (et qui feront peu de dégâts) ou des flèches chargées dans une direction donnée qui feront beaucoup plus mal à l’impact. Le lore est ici assez respecté car si nous n’avons au final qu’un arc à flèches principal, d’autres seront déblocables en cours de niveau, tels que les flèches de flammes, les flèches de glace, l’arc multi-flèches, etc. et vous pourrez passer d’un arc à l’autre. Ces armes « rares » ne sont pas cumulables, donc vous ne pourrez pas avoir votre arc normal et plusieurs autres armes rares, juste une. Qui plus est, une fois les munitions de cette arme épuisée ou le niveau fini, vous perdez l’arme. En plus des deux armes disponibles en cours de partie, car il vous est possible de débloquer des gadgets divers et variés pour vous aider, comme les cordes électriques pour tendre un piège ou encore… un vendeur de hotdogs explosifs ?! La limitation des arcs que vous perdrez en fin de partie sera appliquée elle aussi aux autres personnages que vous pourrez jouer car oui, le jeu est possible en solo ou en co-op sur le même écran ou en ligne. Vous ne pourrez pas vous-même changer de personnage en cours de mission ; pour cela, vous aurez au début de chaque niveau une micro-zone où les personnages vont discuter de la mission, se faire des vannes et des blagues (souvent pas très drôles). Une fois la diatribe finie, vous pourrez switcher de personnage ou continuer avec celui que vous contrôlez déjà.


Autre point où le lore est bien respecté, et heureusement car c’est l’un des éléments principaux d’Horizon : ses machines. Vous en croiserez de nombreux types déjà vus dans les jeux d’origine, et leur retranscription est très bien faite. Ils vont d’ailleurs la plupart du temps effectuer le même type d’attaque et vous aurez à utiliser le Focus (petit bidule qu’Aloy porte à proximité de son oreille) pour repérer les points faibles sur leur corps ; tirer dedans de nombreuses fois fera plus de dégâts à la machine. Qui plus est, une fois entré dans une zone de combat, vous pourrez la jouer fine en vous cachant un temps dans les herbes hautes. Malheureusement, une fois la première flèche tirée, les ennemis vous fonceront dessus. Etant donné que les zones de couverture ne sont pas nombreuses, contrairement aux ennemis, leur existence ne se justifie que pour cocher une case de respect du lore. Dommage. Le focus aura d’ailleurs une utilité, elle aussi, limitée qui ne servira qu’à découvrir les zones sensibles sur les ennemis. C’est encore plus navrant car le focus a une très grande palette de fonctionnalités qui auraient pu servir dans le gameplay, comme afficher les traces d’un ennemi caché ou mettre en surbrillance des zones soustraites à notre regard.


Tout cela pour dire que Lego Horizon Adventure va piocher beaucoup de choses dans l’univers d’Horizon mais sans vraiment s’y attarder ou en utiliser vraiment le plein potentiel. Cet univers est très riche mais nous nous retrouvons souvent dans les même couloirs à effectuer les mêmes actions sans plus d’implication que cela. Qui plus est, si l’humour potache est l’apanage du genre Lego, il tombe à plat ici. Le jeu s’auto-référence beaucoup mais pas de manière « fine » et ne parlera donc qu’aux gens qui ont plié les autres volets. Pas forcément possible pour les enfants de comprendre du coup.

À nos arcs manqués

Ce nouveau venu Lego nous est proposé directement par le studio Guerrilla, parent d’Horizon, et par le studio Gobo bien connu pour avoir été l’un des studios de support pour, entre autres, Hogwarts Legacy. Et il faut bien avouer que, graphiquement, Lego Horizon Adventures est de toute beauté. L’univers est très bien respecté, les décors sont quasiment tous issus des différents environnements que nous pouvons retrouver dans Horizon, tout est très bien retranscrit. Là, rien à redire, c’est un 10 sur 10. Pareil pour les figurines de nos personnages qui sont très bien réalisées, avec même des accrocs dans la peinture ou des traces de moulures de plastique. Mais où est le problème alors ?

Ce jeu Lego n’est, selon moi, pas un jeu Lego. Ou en tout cas pas complètement. Un jeu Lego, c’est l’humour potache mais parfois sophistiqué aussi, qui se moque doucement de certains traits de caractère tout en utilisant leur capacité pour les énigmes ou autres phases de jeu. Quel est le leitmotiv d’un jeu Lego ? Si vous me répondez « TOUT CASSER » et « Explorer », vous auriez tout juste. Ici, malheureusement, nous n’avons ni l’un, ni l’autre. Et cela est en grande partie dû à l’excellence des décors proposés. La mise en avant de superbes lieux a pour effet que ces derniers ne sont quasiment plus destructibles, peu de décors pourront octroyer le plaisir malsain de les voir démolis. Il ne reste plus que quelques caisses ou cabines téléphoniques pour nous laisser aller à nos talents nihilistes.


Il en va de même pour l’exploration. Encore plus confinés à un couloir que par le passé, les chemins annexes se font rares. Si, jadis, résoudre une énigme dans le décor ou encore effectuer certaines actions pouvait débloquer une pièce d’or, ici ces pièces ne vous seront distribuées que lors de la fin d’un niveau ou après avoir effectué une action à partir du tableau communautaire. Et attention, ces mini-quêtes seront du genre « repeindre 8 bâtiments », « nourrir 10 poules » ou encore « tuer 20 ennemis déguisés en hot-dog ». C’est d’un triste. Et ça n’a rien à voir avec la licence Horizon non plus. Nous avons, d’une part, une communication type « Regardez tout ce que pouvez faire dans le Coeur de la Mère ! Mettre une montagne russe sur ce bâtiment ! Ca dépasse l’entendement tant de folie ! » et, d’autre part, un sentiment de gameplay étriqué au profit d’un respect relatif de la licence. Et sachant que cela est fait par Guerrilla directement pose encore plus question. Je suis donc assez déboussolé par ce jeu. Pas par son incroyable exécution, mais par le fait que ça part dans tous les sens, en voulant prendre au sérieux la licence mais sans la prendre au sérieux, le tout sans exploiter à fond son potentiel. Pouvoir mettre une base de lancement de navette spatiale dans le jardin d’une maison Nora, c’est rigolo, un peu. Mais… pour quoi faire ?


Vous souvenez-vous quand, dans Lego Star Wars, vous pouviez utiliser le pistolet laser de Han Solo pour tirer sur des cibles un peu planquées ? Ou encore utiliser les pouvoirs d’archéologue d’Alan Grant pour retrouver une brique dorée cachée dans Lego Jurassic World ? Eh bien ici, toutes ces petites choses liées aux traits de caractère et expertises du personnage sont absentes. Le mode « Maitre Constructeur », qui permet d’assembler des pièces en un objet qui vous servira pour résoudre une énigme ou avancer dans l’histoire, se retrouve ici limité à l’assemblage de ponts dans les Creusets des machines ou à la construction de châteaux de sable pour quelques piécettes. Aussi, si les jeux Lego récents nous avaient parfois proposé de jouer plusieurs centaines de personnages différents, nous n’en avons ici que 4 disponibles. Le lore d’Horizon est respecté, certes, dans les grandes lignes mais se retrouve accompagné d’un tarissement dans la diversité du gameplay ou de la disparition de ce qui fait un jeu Lego. Un jeu beau, c’est très bien et louable. Un jeu riche en plus d’être beau, c’est mieux. Ici, hélas, la flèche manque sa cible.

Note

12/20

Lego Horizon Adventures propose une superbe recréation des décors, des machines ou encore de l'ambiance globale de l'univers d'Horizon. Le gameplay est lui aussi respecté. Mais cela n'ira pas plus loin. Ni complètement Horizon, ni complètement Lego, le jeu perd en chemin certains codes des jeux Lego pour proposer une aventure convenue et limitée, accompagnée par un humour tombant souvent à plat. Guerrilla nous offre ici le plus beau des jeux Lego, mais aussi le moins bon. Il se rattrape un peu avec sa superbe exécution technique.

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