Life is strange – Double exposure
Max Caulfield est de retour ! Neuf ans après ses aventures à Arcadia Bay, elle nous revient enfin avec de nouveaux pouvoirs mais surtout avec de nouveaux ennuis. Si les premiers pas de notre héroïne dans le monde merveilleux de la manipulation du temps ont été mis en scène par les développeurs de Dontnod Entertainment, l’équipe de Deck Nine Games, en charge du projet, n’en est pas à son coup d’essai. En effet, elle a développé les opus « Before the Storm » et « True Colors ». Bien que ceux-ci étaient intéressants et soutenus par une réalisation de qualité, force est d’admettre que « Life is Strange » premier du nom reste inégalé, ancré dans le coeur des joueurs.
« Life is Strange – Double Exposure » peut-il surpasser son ainé ou en tout cas nous délivrer une suite concluante pour Max et peut-être aussi pour Chloé ?
Immersion au rendez-vous
Maxine Caulfield est devenue résidente à la prestigieuse université Caledon. Très rapidement, elle s’est intégrée à son nouveau lieu de vie notamment grâce à sa meilleure amie Safi. Lors d’une soirée entre amis, Safi perd la vie dans ce qui semble être un assassinat. Bien décidée à contrer ce coup du sort, Max n’aura de cesse de tenter de sauver Safi en utilisant un pouvoir différent mais proche du précédent, celui de pouvoir naviguer entre deux réalités distinctes : celle de la vie et celle de la mort.
Dans cet univers parallèle où Max retrouve son amie, elle comprend très vite que Safi est toujours en danger ! La tueur va-t-il frapper à nouveau dans les deux réalités ? Max parviendra-t-elle à élucider le meurtre de Safi et à l’empêcher grâce à son nouveau pouvoir ?
Max enfile donc encore son costume de détective pour sauver un campus en proie à un danger certain. L’idée de départ du scénario ne semble pas être la plus inspirée : retour sur un campus, une amie décédée, Max qui décide de l’empêcher, les actes ayant des conséquences similaires… Nous sommes bien dans une structure identique à celle du premier jeu. Même si tout cela a un côté rassurant, il est un peu décevant de constater que Max est bloquée dans un schéma.
Malgré cette constatation, le plaisir de jouer sur le campus de Caledon reste intact. Le jeu est addictif, impossible de lâcher la manette. Les trois premiers chapitres sont les plus forts de l’histoire en se terminant à chaque fois sur une situation de suspens insoutenable. Arrivé au quatrième chapitre, on anticipe facilement les grandes lignes du final, ce qui est un peu décevant.
Si la surprise n’est donc pas la plus totale pour l’arc narratif final, les développeurs de Deck Nine ont cependant réussi à rendre l’univers de « Life is Strange » encore plus connecté et surtout ouvert à des enjeux plus importants. Le potentiel est immense pour des suites et il va d’ailleurs être compliqué d’en attendre une.
Des personnages uniques et bien écrits
Autre force du titre : l’écriture des personnages secondaires. Safi, la nouvelle meilleure amie de Max, est juste géniale. Après quelques minutes de jeu, on sait que c’est aussi notre amie. On est d’autant plus investi pour la sauver.
Au niveau des autres personnages, on retiendra la charismatique Docteur Gwen Hunter, le président énigmatique de la société secrète Abraxas Vinh Lang et Moses, ami et soutien de Max. Chacun des personnages est plus complexe qu’il n’y parait, il est clair que tous ont des secrets à livrer pour faire avancer l’enquête de Max. C’est en observant le monde qui l’entoure, en prenant des décisions cruciales et en passant d’une réalité à une autre tout en effectuant certaines actions que Max pourra démêler le mystère entourant la disparition de Safi.
L’inclusivité est aussi beaucoup mise en avant dans ce « Double Exposure ». Qu’il est important de voir au sein des jeux vidéo toutes les communautés représentées ! Que ce soit au niveau de la culture ou de la sexualité, chacun peut s’identifier.
Graphismes magnifiques
Ce qui saute au yeux dès les premiers instants, c’est la beauté du jeu. Les décors sont incroyables avec des détails impressionnants. Chaque environnement est soigné et soutient sans nul doute l’immersion vécue par le joueur. Cerise sur le gâteau, les plans choisis sont intelligents et soulignent la mise en scène léchée proposée par Deck Nine. Bref, un travail de qualité ! On pourra tout de même reprocher au titre sa difficulté à gérer les effets de lumière ou les ombres par moments. Certaines textures se chargent au fur et à mesure. Cela rend parfois certaines séquences un peu indigestes sur le campus de Caledon.
Le travail sur la colorimétrie, en plus d’être intelligent, est parfaitement exécuté. Lorsque Max se trouve dans la réalité où Safi est en vie, les couleurs sont chaudes et la lumière occupe plus d’espace. A contrario, quand Max est dans sa propre réalité, celle où Safi est morte, les couleurs sont froides et ternes, la lumière peine à faire son apparition. Cela fait écho aux émotions ressenties par le campus et surtout par Max. L’accent est mis soit sur la joie de la célébration des fêtes de fin d’année, en addition du fait que Safi soit en vie, soit sur le chagrin ressenti par la perte d’un être cher.
Gameplay intuitif et accessible
Le jeu laisse le temps au joueur de prendre ses marques. La scène d’introduction en est le parfait exemple. Elle permet non seulement de créer un arc narratif et de s’attacher sans demi-mesure au personnage de Safi, mais elle nous lance également dans les actions basiques que peut réaliser Max : déplacements, interactions avec son environnement, photographie, interactions sociales, …
Pour épauler Max tout au long de sa mission sauvetage, le téléphone sera un allié précieux, source d’informations inépuisables. Le pense-bête permettra de faire le point sur les informations collectées pour chaque protagoniste. Le réseau social « Crosstalk » suivra la vie des résidents du campus en images et en écrits. Enfin, Max pourra recevoir et envoyer des messages. Normal puisqu’il s’agit d’un téléphone !
Mais évidemment les actions les plus importantes seront celles liées au changement de réalité : vie ou mort. Au vu des bandes-annonces, on pouvait s’interroger sur la facilité à naviguer entre les deux réalités. Et au final, passer d’une réalité à l’autre est un jeu d’enfant, il suffit de trouver un portail et le tour est joué. Ces différents portails sont placés dans des endroits stratégiques épousant parfaitement les défis liés à la narration. En plus de pouvoir passer d’une réalité à l’autre, Max pourra également voir comme des échos des personnes se trouvant dans une autre réalité. Pratique quand on souhaite espionner en toute discrétion ce qu’il se passe dans un monde depuis l’autre.
Au cœur du gameplay, on retrouve des choix décisifs qui s’imposent à nous. Si certaines décisions impactent légèrement le cours de l’aventure comme se retrouver sur un tableau de « disquettes » ou pas, d’autres pèseront sur votre aventure. Sans trop spoiler, sachez que l’un des premiers axes à déterminer est tout bonnement lié à la fin de « Life is Strange ». Rien que ça !
On sent déjà que la rejouabilité du titre en fera l’un de ses points forts. Non pas pour le besoin de collecter tous les Polaroïds (en effet, ils sont facilement repérables) mais bien pour vivre tous les événements possibles. Constater à la fin de chaque épisode les choix que nous avons faits et les comparer avec ceux des autres joueurs, ça met la pression. Le pire, c’est surtout les choix qui nous sont passés sous le nez car on avait tout simplement pas compris les conséquences d’un acte pourtant banal ou bien même car on avait loupé un élément sur lequel agir. Une envie irrésistible de tout recommencer
s’imposera sans l’ombre d’un doute à de nombreux joueurs.
Un manque de liberté
Ce qu’on pourra reprocher de notable à ce « Double Exposure », c’est son côté trop cadré et très linéaire. Evidemment, il s’agit d’un jeu narratif et il est obligatoire de suivre une trame mais il aurait été rafraîchissant de pouvoir être dans un monde un peu plus libre. À chaque étape, on se retrouve dans un environnement clos : la cour nord de Caledon, le Snapping Turle, le BBA, … Max ne peut donc évoluer que dans un lieu bien défini et donc y enquêter.
Avoir un monde un peu plus vaste et ouvert aurait pu faire une certaine différence. Rien d’extravagant mais la possibilité de suivre des histoires annexes profondes venant compléter l’aventure, ça aurait eu tout son sens.
Une bande-son chill et féminine
Elément indissociable de l’aventure, la bande-son épouse parfaitement les aventures de Max. Le final supporté par la chanson « September » de Chloe Moriondo est tout bonnement incroyable. Il prouve que la musique est un instrument puissant pour la narration, un amplificateur d’émotions.
Chez Press-Start, on vous conseille fortement d’ajouter à votre playlist les titres suivants :
dodie – Someone was listening
Matilda Mann – Everything I’m not
Tessa Rose Jackson – So this is lonely
chloe moriondo – September
Tessa Rose Jackson – Wake
Pale Honey – The Heaviest of Storms (Devotion Pt.1)
New Dad – Under my Skin
Tessa Rose Jackson – Illusion
Note
19/20
« Life is Strange - Double exposure » est le retour que l’on espérait pour Maxine. Eternelle héroïne (ou victime) de la situation, on prend plaisir à la suivre dans cette histoire prenante empreinte de suspens. La narration est solidement portée par des graphismes immersifs et une bande-son entêtante. Les développeurs de Deck Nine savent distiller les indices et les révélations au fil de notre progression. Que dire à part qu’on attend la suite avec impatience pour la licence « Life is Strange » !
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